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Accueil > Éditos de bulletins > 2018 > septembre > 17

Fermeture des frontières et démagogie anti-migrants : un piège tendu aux travailleurs

Marine Le Pen pensait réaliser un coup médiatique en débarquant avec chaînes de TV et radios dans un petit village du Var qui doit accueillir 72 migrants dans une ancienne maison de retraite… Loin de se trouver en terrain conquis, elle a dû faire face à une cinquantaine d’habitants lui barrant la route aux cris de « casse-toi, on ne veut pas du FN ». Des ouvriers d’un chantier sont même venus en renfort avec une pelleteuse et Marine Le Pen a dû déguerpir, sous les feux des projecteurs qu’elle avait elle-même conviés.

Un racisme qui vient d’en haut

Une déculottée qui illustre le fait que le racisme distillé par l’extrême droite n’est pas un sentiment aussi unanime et largement partagé par la population que certains voudraient le faire croire. Loin d’être un réflexe « naturel », la xénophobie, le rejet des réfugiés, sont martelés par des courants politiques qui ne veulent qu’une chose : que les travailleurs tombent dans le piège de la division et considèrent les migrants comme les responsables des difficultés de leur vie quotidienne, plutôt que de s’en prendre aux capitalistes, fauteurs de chômage et de bas salaires.

C’est sur la base de cette démagogie, et grâce au fait que le parti social-démocrate se soit déconsidéré par sa politique anti-ouvrière, que l’extrême droite a encore progressé lors des dernières élections législatives en Suède. En Italie et en Autriche, elle est au pouvoir. Le rejet des migrants est partout instrumentalisé et peut déboucher sur des violences, comme à Chemnitz en Allemagne lors de la récente vague d’agressions commises contre des étrangers.

Une fois au pouvoir…

La xénophobie sert de tremplin aux partis d’extrême droite, mais une fois au pouvoir, c’est l’ensemble de la population qu’ils attaquent. En Pologne, le parti PiS veut durcir la législation sur l’avortement. En Hongrie, le Premier ministre Orbán contrôle étroitement les médias et les contenus enseignés à l’école, et empêche les associations critiquant sa politique de fonctionner. Alors que seules treize personnes ont essayé d’entrer en Hongrie le mois dernier, il prolonge au nom de la « menace migratoire » un état d’urgence qui bride les libertés de tous les Hongrois. En Autriche, le Le Pen local, Strache, qui gouverne en coalition avec le Macron du coin, Kurz, a fait voter en juillet dernier le passage de la semaine maximale de travail de 44 à 60 heures. L’extrême droite prétend défendre les travailleurs le temps de capter leurs votes. Mais, au pouvoir, elle leur mène la guerre, comme tous les partis au service de la bourgeoisie.

Hypocrisie et mensonge du monde politicien

En France, Macron a été élu avec les voix de ceux qui craignaient une victoire de Le Pen, mais par sa politique, il renforce le succès de ces idées. C’est lui qui ferme les frontières. Il fait la leçon au demi-fasciste Salvini, ministre de l’Intérieur d’Italie, qui interdit aux migrants sauvés en mer de débarquer dans son pays. Mais lui-même s’oppose avec la dernière énergie à leur entrée en France.

Et le fait de désigner les étrangers comme des boucs émissaires de la situation sociale ne se limite pas aux partis d’extrême droite ou de la droite classique. Que certains à gauche s’y essaient, comme une dirigeante du parti Die Linke (La Gauche) en Allemagne ou la France Insoumise ici, n’est pas une bonne nouvelle. Quand Mélenchon déclare « Honte à ceux qui organisent l’immigration par des traités de libre échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux  », il contribue à banaliser ce mensonge.

La seule frontière qui compte, c’est la frontière de classe

Comme le rappelait Olivier Besancenot sur LCI, ce sont les patrons qui font pression sur les salaires, en réclamant des taux de profit toujours plus élevé. Plutôt que de nous en prendre les uns aux autres, nous pourrions nous protéger tous ensemble des dégâts du capitalisme en menant la lutte contre les patrons et les gouvernements qui les servent. Ce ne sont pas les attaques contre les conditions de vie et de travail des salariés qui manquent ces temps-ci…

Tous unis, quelles que soient nos origines, nous serons plus forts pour y faire face.

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