Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2022 > décembre > 26

En 2023 prenons nos affaires en main pour faire leur fête aux patrons !

La grève des contrôleurs de la SNCF aura été le feuilleton de Noël 2022, occupant la une des médias. Et pour cause : ce mouvement national de grève a été très largement suivi, paralysant une bonne partie du trafic ferroviaire ! Les éditorialistes de la presse ou de la télé ont péroré sur « la prise en otage des usagers ». Oubliant de dire que c’est la direction de la SNCF qui avait fait la sourde oreille quand les contrôleurs avaient commencé leur mouvement par une grève, elle aussi largement suivie, le 3 décembre.

Bien des usagers au contraire, bien que gênés par la grève, s’y sont au contraire reconnus, car le problème des salaires est le même pour tous.

Vers le réchauffement de climat social

Car le mouvement des contrôleurs de trains fait suite à une série de grèves sur les salaires qui se sont succédé tout au long du dernier trimestre 2022 : grève des raffineries, dans l’industrie chimique, dans l’automobile, dans les transports en commun, chauffeurs de bus ou ateliers du métro parisien, etc.

Les revendications spécifiques des contrôleurs SNCF ressemblent à celles de tous : porter leur « prime de travail » (une prime spécifique mensuelle) de 350 euros par mois à 700 euros, c’est en clair une augmentation de 350 euros. En pleine période d’inflation, de flambée du coût de l’énergie, c’est bien le minimum qu’il faudrait pour n’importe quel salarié ! Bien loin des broutilles que le PDG de la SNCF proposait pour les NAO, moins de 1,4 % en moyenne avec des prix qui ont grimpé de plus de 6 % rien que cette année.

Quant aux conditions de travail, elles ne cessent d’empirer. « Ce mois-ci j’ai touché 1 900 euros net en comptant les primes », explique un contrôleur lillois. « Je découche une fois par semaine pour le boulot. Je vis en horaires décalés. Cette année j’ai travaillé 32 week-ends. Faute d’embauches, les cadences n’arrêtent pas d’augmenter. On n’a même pas dix minutes entre deux trains pour aller aux toilettes. » Un constat que pourraient tout aussi faire les ouvriers en 3 × 8 ou le personnel des hôpitaux.

Pour les patrons, la peur de grèves « gilets jaunes »

Certains commentateurs ont parlé avec crainte d’une « grève de gilets jaunes de la SNCF », et le PDG de la SNCF de se plaindre d’une « grève sans appel à la grève », sous prétexte qu’elle a été lancée par des contrôleurs eux-mêmes qui se sont dotés d’un collectif national en toute indépendance des directions syndicales et lui-même quelque peu débordé par l’explosion de la colère. Ce collectif a eu le mérite de regrouper et de mettre en lien les agents voulant en découdre, pour préparer la grève sans l’annuler au dernier moment. Par leur détermination, ils ont poussé certains syndicats à déposer au moins les préavis nécessaires pour couvrir les grévistes contre les menaces de sanction, même s’ils n’ont pas appelé à la grève. La SNCF vient finalement de négocier quelques concessions pour leur faire retirer tout préavis pour le week-end du premier janvier. Mais pour beaucoup de contrôleurs et de cheminots, avec ces maigres concessions, on est encore loin du compte ! Ils l’ont compris : la lutte dépend des travailleurs eux-mêmes, syndiqués ou non.

Bonne année et bonne santé pour les luttes

Ces grèves de Noël ont inquiété gouvernement et patronat. On ne les entend pas d’habitude protester contre les annulations quotidiennes de TER et RER, faute de personnel ou d’entretien… mais contre celles des TGV hors de prix à Noël ! Ça fait du bien de les voir se fâcher tout rouge. Car ce qui les inquiète surtout c’est la rentrée sociale 2023, dont ces mouvements du dernier trimestre 2022 pourraient être l’amorce. Surtout si les travailleurs prennent la bonne habitude de s’organiser, de décider eux-mêmes de leurs revendications et de leurs luttes. Des mouvements à venir pour les salaires bien sûr. Mais aussi face à l’offensive que nous prépare Macron avec son projet de réforme des retraites, après avoir déjà réduit l’indemnisation du chômage.

Alors oui, bonnes fêtes ! Prenons du repos et des forces. Et que 2023 soit pour nous l’année de la contre-offensive du monde du travail !

Lire aussi :

Imprimer Imprimer cet article