Derrière les femmes, l’Iran s’est embrasé
26 septembre 2022 Éditorial des bulletins L’Étincelle Monde
Le 16 septembre dernier, une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, mourait sous les coups de la police des mœurs en Iran. Son crime était d’avoir porté son voile « de manière inappropriée ». Des Iraniennes – dont les images ont fait le tour de la planète – sont aussitôt descendues dans la rue pour enlever et brûler leur voile, symbole de leur oppression et dont le port a été imposé depuis 1983 par un régime islamiste réactionnaire et misogyne. « Femme, vie, liberté », leur slogan et leur combat font écho à d’autres luttes de femmes pour leur émancipation, en particulier pour le droit à l’avortement. D’où les manifestations de soutien dans le monde. Et la lutte des femmes en Iran a sonné le début d’une mobilisation du pays tout entier contre le régime des ayatollahs et des mollahs.
Dès le lendemain de la mort de Mahsa Amini, tous les commerces ont été fermés au Kurdistan, sa région natale. La mobilisation a pris instantanément un tour politique : des Iraniens et Iraniennes ont exigé la chute de la république islamique : « Mort à la dictature ! »En quelques jours, les rues de 100 villes du pays ont été envahies, et tous les symboles de l’oppression et du régime ont été ciblés : portraits du guide suprême Khamenei, panneaux de propagande, banques, commissariats, préfectures, beaucoup sont partis en fumée. C’est que ce meurtre est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase des oppressions sexistes mais plus largement de la paupérisation et de l’exploitation de classe.
Le pays traverse une période d’inflation bien plus violente qu’en Occident en raison des sanctions économiques que les États-Unis et l’Europe imposent au pays. Ce qui n’empêche que les réactionnaires religieux au pouvoir gouvernent au profit d’une bourgeoisie avide de profits et ennemie farouche des classes populaires. Les salaires des ouvriers comme des ingénieurs ne sont pas toujours payés. L’inflation atteint les 60 %.
Après plusieurs jours de révolte, la détermination contre le régime et sa police est toujours là, surtout dans la jeunesse. L’État voudrait faire taire la contestation par tous les moyens : coupures d’Internet, simulacres de manifestations pro-régime mais surtout accentuation de la répression. La police tire sur les manifestants et on compterait plus de cinquante morts.
Mais la mobilisation continue et prend un tour politique : « À bas l’oppresseur, qu’il soit mollah ou shah », entend-on partout (le shah étant le tyran, ami des Occidentaux, qui a été déboulonné en 1979, et remplacé par le régime des ayatollahs). Des démocrates bourgeois attendent leur tour, la situation politique est ouverte et elle est explosive. Le pays a une tradition de grèves et compte des militants déterminés malgré la dure répression. Il est question de grève générale.
Une situation scrutée de près par les dirigeants impérialistes de la planète, car elle présente bien des points communs avec d’autres pays frappés par l’inflation, qui pourraient eux aussi s’enflammer. Une crainte pour eux et un espoir pour nous.
Mots-clés : Iran