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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 2, mars-avril 1999 > DOSSIER : Après les congrès CFDT et CGT : où vont les syndicats (...)

Depuis 10 ans, l’arrivée de nouveaux syndicats

1er avril 1999 Convergences Politique

La politique dite de recentrage de la CFDT a conduit à la fin des années 80 à l’exclusion des militants oppositionnels des PTT puis de la Santé qui créèrent SUD-PTT et le CRC-Santé (aujourd’hui appelé SUD-CRC Santé). De même en 1993 la volonté de la direction socialiste du principal syndicat enseignant, la FEN (Fédération de l’Education nationale) d’exclure le SNES a conduit à la création de la FSU (Fédération syndicale unitaire).

La FSU

La FSU en trois ans (1993-96) est devenue la première organisation parmi les enseignants avec 46,9 % des suffrages.

Cette progression spectaculaire tient surtout à la montée en flèche du syndicat du premier degré (SNU-IPP). Si dans le secondaire le SNES a gardé sa direction, ses structures, et finalement la même bureaucratie syndicale proche du PCF, dans le primaire ce furent les oppositionnels d’hier (militants du PC et d’extrême gauche le plus souvent) qui ont dans de nombreux départements construit le syndicat à partir de rien, en se démarquant nettement de la direction de la FEN dans ce secteur. En 1995-96, et notamment dans les grèves et manifestation de décembre, même si le SNES n’a jamais appelé à la grève reconductible, la FSU dans son ensemble est apparue comme un pôle combatif.

Mais la FSU n’est pas exempte des contradictions qui caractérisaient la FEN. Elle a plus souvent prôné la concertation que la lutte. Le SNU-IPP, même, reproduit les mêmes travers catégoriels que connaissait le syndicat du premier degré de la FEN.

Si les militants d’extrême gauche contribuent à donner une image combative, unitaire et démocratique du syndicat (par exemple lors du long conflit des enseignants du 93 en 1998) la direction de la FSU ressemble à sa manière à celle que connaît aujourd’hui la CGT avec Thibault. Derrière un discours d’ouverture, de rupture avec les pratiques staliniennes, persistent les mêmes orientations et les pratiques de la bureaucratie réformiste.

Les SUD

Le phénomène des SUD et du développement du groupe des 10 est lui plus divers.

Les SUD, dans les PTT, la Santé et les Transports notamment, ont bénéficié de l’expérience des militants, le plus souvent issus de l’extrême gauche, qui ont pris en main la construction de ces syndicats. Leur développement, inégal selon les secteurs, vient essentiellement de la place laissée libre par les bureaucraties CFDT et CGT.

Beaucoup d’anciens militants des groupes d’extrême gauche ont fait de SUD leur organisation, reprenant les pratiques du syndicalisme révolutionnaire. Cela explique notamment la place prise par les militants des SUD dans les conflits de leurs secteurs, mais aussi dans la création d’Agir contre le chômage (AC !), dans le soutien aux luttes des sans papiers, et en général dans l’animation des associations de ce qu’on appelle le mouvement social. Cette image du syndicalisme rompt évidemment avec les pratiques syndicales habituelles.

Le Groupe des 10 rassemble les SUD avec des syndicats plus anciens ; les plus importants (SNUI aux Impôts, SU à la Caisse d’Epargne) sont majoritaires dans leur milieu et issus, à la fin des années 40 du refus de choisir lors de l’éclatement CGT-FO.

Leurs dirigeants n’ont évidemment pas la même tradition que les militants des SUD, sont souvent marqués par le corporatisme d’entreprise et ne voient pas, pour la plupart, l’intérêt de construire une véritable Union syndicale interprofessionnelle.

Le Groupe des 10 ne regroupe que 70 000 adhérents ce qui le situe loin derrière la CGT, la CFDT et FO, soit de 8 à 10 fois moins que les effectifs annoncés par ces confédérations.

Le dynamisme des SUD, la place qu’ils ont prise dans divers secteurs en font néanmoins une composante réelle et durable du mouvement syndical. Cela ne les exempte évidemment pas de contradictions avec deux écueils : celui de former de petits syndicats cultivant une culture radicale mais minoritaire ; celui de prendre une série de positions sociales (retraites, 35 heures) sans que cela débouche sur des moyens d’agir. L’isolement des SUD et du Groupe des 10 dans le champ syndical qu’entraîne le front CGT-CFDT ne facilitera pas la résolution de ces contradictions.

Loïc CHEVILLARD

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