De Londres à Paris, de Lisbonne à Dublin…
6 décembre 2010 Éditorial des bulletins L’Étincelle
On nous disait, depuis des années, que l’Irlande était un pays modèle, un nouvel eldorado avec du travail pour tous et en particulier pour les jeunes. Patatras, on apprend qu’il s’agissait d’un boom à crédit, que personne n’a les sous pour habiter ces complexes immobiliers futuristes.
Bref, c’est la faillite des banques et de l’Etat qui les avait aidées. Il faudrait quelque 100 milliards d’euros, qu’un gang d’Etats et de banques – dont le FMI du socialiste Strauss-Kahn – vont prêter, contre des intérêts à un taux usuraire.
Plans d’austérité, coupes budgétaires et suppressions d’emplois
Qui va payer ça ? Les classes populaires, par un plan d’austérité draconien qui comporterait quelque 20 milliards de dollars de compressions budgétaires, en particulier par la suppression de 25 000 emplois dans le secteur public, la réduction de 10 % des dépenses sociales (baisse des allocations chômage et familiales, des retraites des fonctionnaires, du salaire minimum), une hausse des impôts directs et indirects… mais pas touche aux exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales.
Ce sont les mêmes plans d’austérité partout : en Grèce, en Roumanie, en Espagne, au Portugal, en France, en Angleterre, en Italie et ailleurs… Les trains de mesures se succèdent et en cachent toujours un autre. Tandis que les grandes entreprises et dans leur foulée les moyennes et petites qui leur sont pieds et poings liés, licencient, mettent au chômage partiel aux frais de l’Etat, réduisent les effectifs à tour de bras et contribuent à la précarisation et à l’appauvrissement général.
De la révolte généralisée dans l’air
Cela dit, le monde politique et économique de la bourgeoisie s’inquiète. Non seulement de sa propre folie, mais de la colère qui monte dans le monde du travail et sa jeunesse. Il y a effectivement de la révolte dans l’air… et dans les rues de nombreux pays, qui enfle au rythme des plans d’austérité successifs. La machine à pressurer n’a nulle part encore été enrayée, mais elle est menacée. Et tout se passe comme si en Europe, les travailleurs et les jeunes en colère se passaient le relais, de pays en pays.
La jeunesse de Grèce a ouvert le feu à l’hiver 2008-2009. Puis il y a eu des journées de manifestations dans divers pays – dont la France au printemps 2009. Puis des manifestations massives de travailleurs en Grèce, du public et du privé, pendant plusieurs semaines au printemps 2010. Ensuite le mouvement important que nous venons de vivre en France. Puis presque aussitôt, des manifestations historiques quant au nombre de participants, en cette fin novembre, au Portugal et en Irlande. La semaine dernière, ça a été au tour des étudiants qui sont sortis dans les rues en Angleterre, contre l’augmentation des frais d’inscription universitaire. Puis aux étudiants en Italie, contre les coupes budgétaires et les suppressions de postes d’enseignants et de chercheurs.
Signe d’espoir, dans ces différents pays, les réactions sont sorties de l’isolement. Les manifestations et les grèves ont réuni des travailleurs de toutes les branches, public et privé, contre des politiques gouvernementales. Parfois rejoints par les jeunes comme en France. Quand ce ne sont pas les jeunes qui encouragent les travailleurs à la lutte !
Tout bouge. Alors, pourquoi pas, bien vite, une riposte généralisée de tous les travailleurs et jeunes d’Europe ? La seule chose que les classes dominantes n’auraient pas volée !