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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 68, mars-avril 2010

Daniel Bénard n’est plus

11 avril 2010 Convergences

Notre camarade Daniel Bénard est décédé le 25 mars à l’âge de 68 ans des suites d’un cancer contre lequel il se battait depuis maintenant quelques années. Pour tous ceux qui ont milité à Voix ouvrière, devenu Lutte ouvrière après l’interdiction de l’organisation en 1968, puis ensuite dans la Fraction l’Étincelle, Daniel, c’était Granier, ou Bill. Un bonhomme que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Il venait d’une famille très modeste – son père était éboueur à la ville de Paris – très attachée au PCF et c’est avec celui-ci que Daniel a commencé sa vie militante. Au moment où, dans une des grandes entreprises de la chimie, Rhône-Poulenc à Vitry, il travaillait et militait politiquement et syndicalement, ses doutes sur la politique du PCF, notamment après la grève des mineurs de 1963, l’ont amené à rejoindre des camarades qui faisaient paraître un bulletin Voix Ouvrière dans son usine. Rompant avec le stalinisme, c’est à partir de là qu’il a entamé sa vie de communiste révolutionnaire trotskyste.

Ayant largement contribué à renforcer le groupe de l’organisation de l’usine de Rhône-Poulenc de Vitry, quelque temps après Mai 68, il est allé, seul, comme un certain nombre d’autres camarades de notre courant, à l’assaut de nouveaux secteurs car l’objectif était d’élargir notre présence et notre intervention dans les grandes entreprises de l’industrie. Dans un premier temps, il s’est embauché à l’Alsthom à Saint-Ouen, où il est resté jusqu’à la fermeture d’une partie du site, construisant là aussi un groupe, recrutant d’autres militants, prenant une part décisive aux combats dans l’entreprise. Il avait également mis sur pied une intervention locale sur Saint-Ouen permettant d’élargir l’audience de notre organisation sur la localité.

Après la fermeture de son secteur, et un bref passage dans quelques autres entreprises, il s’est embauché à Renault-Flins (qui, à l’époque, comptait près de 30 000 ouvriers), avec d’ailleurs avec quelques autres camarades dont certains avaient été recrutés par lui à l’Alsthom-Saint-Ouen. Toujours autour d’un bulletin, en participant à l’activité syndicale, en intervenant chaque fois que c’était possible dans toutes les luttes à quelque niveau qu’elles se présentent, il s’est trouvé en mesure de diriger là aussi pendant des années un petit groupe. C’est ainsi qu’au printemps 1995, lors d’une importante grève de plusieurs semaines – qui échappa quelque peu aux appareils syndicaux, habituels amortisseurs du mouvement ouvrier – il fut à l’initiative d’un comité de grève qui dirigea le mouvement.

Il est resté à Renault-Flins jusqu’à sa retraite de salarié, en juillet 2000.

L’activité de Granier ne se cantonnait pas à la seule intervention dans son entreprise. Il a toujours été actif sur tous les « fronts » nécessaires à la construction de toute l’organisation. Politiquement et à sa direction bien sûr. Mais aussi très physiquement. À cette organisation il fallait non seulement de bonnes idées, mais aussi des moyens techniques pour exister. Dès le début, Granier s’est décarcassé pour mettre sur pied des possibilités d’impression correspondant à notre développement, pour mettre en état des locaux – souvent délabrés : c’était les seuls que nos finances nous permettaient – et on peut dire qu’il ne ménageait pas sa peine. Et surtout, là encore, son bon sens pratique et son imagination produisaient leur efficacité. Rien ne lui faisait peur en matière de travaux. Pour les accomplir avec peu de moyens, il savait organiser les équipes de militants et sympathisants enthousiastes que nous étions. On n’oubliera pas que l’aménagement des lieux de la fête de LO doit beaucoup à son volontarisme.

Granier, était et restera dans notre esprit, un authentique militant ouvrier révolutionnaire professionnel. Un type d’homme qui ne court pas les rues. Non seulement à l’époque où il à débuté son parcours mais, malheureusement, encore aujourd’hui.

Si, pendant les quatre cinquièmes de sa vie militante, il a partagé les mêmes objectifs et la même organisation que les camarades dont le parcours les avait conduits de Voix ouvrière/Lutte ouvrière à la « Fraction l’Étincelle de LO », – ce qui n’empêchait pas les discussions entre nous – dans la dernière partie de son existence, il s’était séparé de notre groupe. Granier a ensuite rejoint le groupe « Mouvement communiste ». Ce qui n’a pas interrompu les relations amicales entre nous, ni ne nous a empêchés de nous considérer comme des camarades de combat.

Alors, un grand et dernier chaleureux salut à toi, Daniel, Granier ou Bill, au nom de tous les camarades de la Fraction l’Étincelle de Lutte ouvrière.

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