Contre l’oppression des LGBT, nous émanciper de cette société !
(Tract diffusé à la Marche des fiertés du 26 juin au départ de Pantin)
La Pride 2021 se déroule dans un contexte marqué par la crise sanitaire et économique, et par la montée des idées réactionnaires. Les classes dominantes suscitent et encouragent toutes les divisions pour faire oublier l’offensive antisociale menée par les gouvernements de tous bords politiques, main dans la main avec le patronat. En parallèle, la montée de l’extrême droite se traduit par l’audience accrue de ses discours, mais aussi, en pratique, par la multiplication des agressions et des menaces qui pèsent sur les minorités, en France et dans le monde.
Ombre brune sur l’arc-en-ciel
On l’a vu ces dernières années au Brésil, même si le discours réactionnaire de Bolsonaro a été contesté dans la rue par une Pride géante, à São Paulo en 2019. Le mois dernier au Sénégal, une manifestation à l’initiative d’organisations islamistes réclamait le durcissement de la loi punissant déjà de prison l’homosexualité.
En Hongrie, l’extrême droite nationaliste au pouvoir a fait passer une loi qui interdit la diffusion de contenus en rapport avec l’homosexualité ou le « changement de genre » auprès de mineurs, assimilés à des « déviances » qui pourraient être encouragées. L’occasion pour Macron et l’UE de se positionner en défenseurs des droits des LGBT, et de se réinventer à peu de frais en héros progressistes face aux réactionnaires.
Une belle hypocrisie de la part de politiciens en campagne permanente contre les migrants ou le « séparatisme », et qui depuis des années mènent des politiques qui font le terreau de l’extrême droite. Grand ami de la Hongrie comme de la France, l’État d’Israël fait la promotion de Tel-Aviv comme une ville LGBT-friendly pour tenter d’avoir une autre image que celle des bombes sur Gaza. Mais rappelons qu’en 2019 le ministre de l’éducation israélien se déclarait favorable aux « thérapies de conversion ».
Les discours s’adaptent lorsque ça arrange. Uniquement discutés par l’idéologie dominante sous le prisme de la représentation ou de la visibilité, les combats des LGBT sont, de plus, systématiquement déconnectés de l’existence matérielle des personnes LGBT, et érigés en arguments de communication. Les États n’ont pas le monopole de l’instrumentalisation des questions LGBT. Héritières d’un management axé sur « l’inclusion de la diversité » à des fins de meilleure productivité des salariés, les grandes entreprises comme IBM, Apple et bien d’autres font de la représentation LGBT un argument marketing, un marché à conquérir et un outil de gestion des ressources humaines en interne.
Pour l’égalité des droits, maintenant !
En France, les allers-retours législatifs de la loi sur la PMA témoignent de la difficulté de faire advenir l’égalité des droits entre les personnes LGBT et les personnes hétéros et cisgenres.
Comme en 2013 à l’occasion du mariage pour tous, nous sommes solidaires de l’exigence d’égalité même si, dans cette société bourgeoise, la famille – ouverte ou non aux couples homosexuels – reste essentiellement un cadre de transmission de la propriété et de reproduction de la domination de classe.
La famille demeure, en outre, le royaume incontesté du patriarcat, des violences pour les faibles : femmes, enfants (voir cette année le #MeTooInceste), et pour toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans la norme, LGBT en tête.
En les renvoyant à la dépendance familiale lorsqu’ils sont sans emploi ou considérés comme une charge de trop pour la société, la progression des inégalités pèse sur les possibilités de chacun.
Pour obtenir une véritable égalité des droits – dans la loi et dans les faits – et lutter réellement contre l’extrême droite, on ne pourra compter que sur nos propres forces. La société capitaliste ne peut pas répondre aux aspirations de détermination libre de notre sexualité, de notre rapport au genre ou au corps.