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Continuer le NPA pour affirmer l’urgence et l’actualité de la révolution

Mis en ligne le 14 décembre 2022 Article Politique

« Le NPA implose », « Philippe Poutou et Olivier Besancenot scissionnent », « l’extrême gauche trotskiste se divise »… La presse n’a pas manqué d’épingler le coup de théâtre qui a marqué le congrès du NPA qui s’est tenu ce week-end à Saint-Denis : assez inédit, effectivement, que les délégués d’une des deux principales plateformes [1] demandent une suspension de séance d’une heure et quittent les lieux pour ne plus y revenir. Et se contentent d’envoyer une délégation faire une déclaration à celles et ceux qui restaient dans la salle et continuaient le congrès avec l’autre moitié des congressistes. Derrière les titres de la presse, on imagine évidemment les rires moqueurs de quelques rédacteurs qui sont loin de porter les révolutionnaires et leurs partis dans leur cœur. Disons tout net qu’ils n’ont pas lieu de se réjouir trop vite. Aucun des congressistes, pas plus les 102 délégués de la plateforme B de Philippe Poutou que les 95 de la plateforme C, ne comptent arrêter là le combat pour en finir avec la société capitaliste et son cortège de barbarie. Une fois n’est pas coutume, nous nous serions bien passés de cette visibilité médiatique. Car effectivement, le fait est là : le NPA vient bien de se scinder en deux à l’occasion de ce congrès. C’est une issue que nous regrettons et dont nous combattons le risque depuis des mois.

Une séparation contestable et fortement contestée

Samedi, aux environs de 14 heures, les congressistes présents de la PfB ont donc décidé de quitter la salle du congrès… pour ne jamais y revenir. Seule une délégation d’entre eux est venue annoncer qu’ils enregistraient désormais l’impossibilité de continuer le NPA tous ensemble. Pourtant, aucune des assemblées générales locales ayant précédé le congrès n’avait voté en faveur de cette scission. Une motion « continuer le NPA » avait même recueilli 58,4 % des voix, et seulement 22,4 % contre, sur 80 % du total des votants dans des assemblées générales électives, puisqu’elle avait été présentée dans 38 d’entre elles sur 43 (la plateforme A, ayant recueilli 6 % des voix, s’étant également opposée à la scission). Aucun vote n’avait encore eu lieu dans le congrès lui-même, ni sur cette motion ni sur les avis d’une commission paritaire sur le fonctionnement, regroupant des camarades de toutes les tendances et concluant, après un travail de quelques semaines, aux conditions et à la possibilité d’une collaboration plus étroite entre tendances –qui auraient pu être adoptés par toutes et tous.

À cette étape, ce choix n’engage que les congressistes de la plateforme B et non le NPA dans son ensemble. D’autant que parmi les délégués au congrès opposés à toute scission, on retrouve l’intégralité du secteur jeune du NPA, fort de plus de 400 militants et la plupart des animateurs et militants de secteurs d’entreprise du parti (transports, poste, automobile, santé, etc.), comme d’équipes d’animation de villes (Paris, Lille, Strasbourg, Nantes, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Marseille) et de fédérations départementales (91, 92, 94, Gironde). Pourquoi se couper de la partie la plus dynamique de l’organisation ? Choix particulièrement mal venu au moment où, grâce entre autres à une campagne présidentielle « Poutou 2022 » réussie, après plusieurs années de luttes sociales dans lesquelles les révolutionnaires se sont largement investis, les effectifs du NPA se sont accrus d’environ 500 militants. Apport indéniable, même s’il ne s’est pas reflété dans le score extrêmement faible de quelque 0,8 % pour le candidat du NPA (encore moins pour la candidate de Lutte ouvrière). Rappelons que le premier tour de la présidentielle a été marqué par un engouement pour Jean-Luc Mélenchon (qui ne s’est pas retrouvé dans les scores de la Nupes dont il a pris l’initiative pour les législatives suivantes), qui s’était présenté comme le champion d’un « vote utile » qui éviterait un duel de deuxième tour entre Macron et Le Pen.

« Bosser avec la FI » plutôt qu’avec son propre parti ?

« On peut bosser et on doit bosser avec la France insoumise ». C’est ce que Philippe Poutou déclarait sur les ondes de BFM-TV au soir même de la première journée de congrès, alors que le débat ne faisait que s’ouvrir. Effectivement, la volonté scissionniste d’une partie de la direction sortante du NPA était politique. C’est pour poursuivre cette politique en direction de la Nupes et de la FI que la scission a été menée. Les tentatives d’ouverture politique à gauche, dites « unitaires », se concrétisant généralement sur le terrain électoral (le terrain exclusif des états-majors des partis de gauche qui ont depuis longtemps abandonné le terrain de la lutte de classe pour renverser la société bourgeoise !), ont marqué l’histoire du NPA et avaient déjà abouti à une scission importante en 2012, avec le départ de la GA (Gauche anticapitaliste) dont une partie a effectivement rejoint la mouvance de Jean-Luc Mélenchon. Aux municipales de 2020, Philippe Poutou a été élu conseiller municipal à Bordeaux sur une liste d’alliance électorale (certes présentée comme un front de lutte issu du mouvement des Gilets jaunes) marquée par la présence sur ladite liste d’un député de la FI. Des alliances bien plus discutables avec LFI, et sans gain d’aucune sorte pour le NPA, ont été nouées aux régionales de 2021, avant le dernier épisode de juin 2022 où la direction du NPA a opté pour le soutien politique aux listes de la Nupes. Des décisions qui reflètent un choix d’orientation qui est une impasse politique. Autant les révolutionnaires, dans toutes les luttes auxquelles ils participent voire qu’ils dirigent doivent rechercher des fronts ponctuels avec d’autres courants syndicaux et politiques, avec pour boussole les intérêts généraux de celles et ceux qui luttent, autant les alliances politiques où ils disparaissent quasiment, du fait de leur faiblesse du moment, derrière des réformistes, sont à proscrire – sauf rares exceptions –, car il en va de la visibilité de leur propre programme révolutionnaire. Rien à voir avec les mirages réformistes qui prétendent que le sort des travailleurs pourrait changer par un bulletin de vote pour des politiciens de la bourgeoisie, ou par la hardiesse de leurs joutes parlementaires dans le huis clos du palais Bourbon (agrémentés de coups de 49.3).

En effet, malgré le petit score du NPA à l’élection présidentielle, la présence du candidat d’un parti révolutionnaire, Philippe Poutou, – dont nous avons de toutes nos forces mené la campagne –, a permis d’exprimer idées et programme révolutionnaires et d’être le porte-voix d’une partie de la colère des classes populaires. Oui, ce sont par les luttes et elles seules, surtout quand elles se généralisent et deviennent des faits politiques, que la classe ouvrière peut changer son sort. Si les scores de l’extrême gauche, pour Philippe Poutou ou Nathalie Arthaud, ont été des plus faibles, ce que nous n’ignorons pas, de nombreux travailleurs et jeunes ont pourtant été sensibles à leurs dénonciations du capitalisme et à la nécessité de lutter contre le système – et l’ont exprimé par la formule : « Mélenchon dans les urnes mais Poutou dans la rue. » Si le NPA disparaissait aux prochaines échéances électorales, comme il a disparu aux dernières législatives, pour courir aux basques d’une Nupes dont les dirigeants ne sont pourtant pour le moment pas prêts à lui faire une place, que resterait-il ? Mélenchon tout court ? Premier ministre comme il en a la prétention, même dans un gouvernement de Macron ?

Le cœur des discussions dites d’orientation

Voilà ce qui domine dans les discussions au NPA depuis quelques mois et années, avec la menace, restée sourde et bégayante mais audible, que ce choix d’orientation devrait s’accompagner d’une scission que nous ne voulions pas et que nous avons combattue jusqu’au bout. Il en est sorti ce week-end deux NPA qui, selon nous, devraient et pourraient se donner les moyens de collaborer et de le montrer par des apparitions communes et visibles, dans leurs médias par exemple. Pour montrer notre responsabilité à l’égard d’un vaste milieu pour lequel le NPA et ses porte-parole sont une référence. Mais la perspective des camarades de la plateforme B de la direction sortante semble bien être, certes exprimée confusément de façon fragmentaire, de trouver une place dans la galaxie autour de Mélenchon. Comme l’ont peu ou prou trouvée (sous forme de strapontins) des camarades qui ont quitté le NPA après 2012. Comme l’ont trouvée aussi des camarades du POI (qui ont décroché un siège de député). Ce qui correspond à la ligne ou tendance dominante de la IVe Internationale (ex-Secrétariat unifié à laquelle appartiennent quelques dirigeants du NPA), qui encourage ses sections nationales à se fondre dans des « blocs de gauche » ou autres « cadres unitaires »… pour en réalité s’y perdre – mais aucun bilan n’est jamais dressé.

Dans leur déclaration post-congrès, les camarades de la PfB se réclament d’une « légitimité historique » qui serait celle de la LCR. Probablement celle de ce courant politique qui n’était pas toute la LCR – prônant des fusions entre révolutionnaires et gauche dite radicale voire réformistes avérés, sous prétexte d’alliances nécessaires, entre autres pour faire front contre une extrême droite menaçante. C’est une autre discussion. Mais cette bataille de la légitimité est dérisoire. Le NPA qui a bientôt quatorze ans d’âge est la propriété collective de celles et ceux qui ont contribué à en faire ce qu’il est, un parti qui, avec Lutte ouvrière aujourd’hui, marque l’extrême gauche de ce pays, et dont il faut tout faire pour éviter la disparition.

Nous continuons donc le NPA, plutôt deux fois qu’une !

La grande majorité du prolétariat et de la jeunesse, malgré le battage médiatique de quelques jours, restera probablement indifférente à cette scission, ou aura du mal à suivre ce nouvel avatar des irresponsabilités de l’extrême gauche. Parmi les travailleurs et les exploités, l’heure est à de toutes autres préoccupations : comment ne pas avoir froid malgré les coupures de courant et la facture de gaz ou d’électricité qui grimpe en flèche ? Comment s’en sortir face aux hausses vertigineuses des prix avec des salaires qui ne suivent pas ?

C’est pourtant au regard de ces enjeux que cette scission est un choix irresponsable. Nous voulons construire un parti révolutionnaire et communiste des travailleurs, qui soit aussi utile et fidèle à notre classe et à ses combats que le Medef et les appareils répressifs de l’État le sont à la bourgeoisie, la classe qui est aux commandes économiques et politiques de cette société d’exploitation et d’oppression. C’est cette exigence qui guide nos choix militants et d’orientation. Le NPA est un petit parti certes, mais qui compte. Un repère pour offrir des perspectives au moment où l’offensive capitaliste s’accentue. Tenter de le casser par une scission est tout simplement irresponsable… et nous allons faire en sorte qu’il s’avère incassable.

Comment voyons-nous l’avenir ? Notre priorité est de continuer le NPA avec tous les militants qui le souhaitent, quelle que soit la plateforme pour laquelle ils ont voté, quelle que soit la tendance ou fraction à laquelle ils sont liés (car le droit de fraction, y compris de fraction organisée, existe dans le NPA) et bien évidemment tous ceux qui militent hors tendance. Nous avons du pain sur la planche pour continuer à renforcer notre présence militante et politique dans le monde du travail et la jeunesse. Au long cours, c’est notre priorité. Car en dehors de cela, point de salut, dans la lutte des classes ou même pour peser sur la gauche politique, syndicale ou associative.

Macron vient d’annoncer le report de l’annonce de l’attaque sur les retraites au 10 janvier 2023. Pour notre part nous n’avons aucune intention de reporter la préparation de la mobilisation qui sera nécessaire pour la lui faire remballer !

Les principaux porte-paroles nationaux du NPA, Philippe Poutou et Olivier Besancenot, ont scissionné pour tourner leurs espoirs vers la FI. Du côté de la PfC, il est vrai que peu de militants sont connus du grand public. Mais les près de 700 militants du NPA ayant voté pour notre plateforme sont connus de ceux avec lesquels ils ont lutté, et qui comptent : des Gilets jaunes qui ont bloqué les ronds-points et fait trembler Macron en 2018, des travailleurs ayant constitué des comités de grève dans les dernières grandes grèves des transports en 2019, des sans-papiers en lutte comme chez Deliveroo à Nantes en 2021, des jeunes qui ont mené des combats pour l’accessibilité des universités à toutes et tous ; d’autres jeunes, et les mêmes, révoltés par cette société et rencontrés dans les luttes écologiques ou féministes, et viennent se rassembler depuis dans les échéances du secteur jeune.

Voilà vers qui nous voulons nous tourner pour aider à ce que se développent les mobilisations les plus puissantes possibles. Tant il est vrai que c’est dans nos luttes que nous devons placer tous nos espoirs de revanche, et non dans une quelconque et énième combinaison électorale à gauche. C’est avec les révoltés d’aujourd’hui que nous voulons construire un parti communiste révolutionnaire, pour les luttes à venir, ici comme à l’échelle internationale, avec un milieu de révolutionnaires dont le plus gros défaut est de ne pas chercher à s’allier, au contraire de sembler saisir tous les prétextes à scission. Là aussi, du pain sur la planche ! Mais voilà le sens de notre appel à « continuer le NPA », toutes et tous ensemble.

Le 13 décembre 2022, Vladimir Akali



[1La plateforme dite B dans laquelle se retrouvaient Philippe Poutou et Olivier Besancenot a recueilli 48,50 % des voix. La plateforme dite C que la Fraction l’Étincelle a présentée avec le courant A&R, et qui a été soutenue par les courants Démocratie révolutionnaire et Socialisme et barbarie, a recueilli 45,29 % des voix. Entre les deux : 47 voix d’écart.

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