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Ce n’est qu’un au revoir ?

14 juin 2021 Article Politique

Dans une déclaration du 10 juin dernier, les camarades du CCR/Révolution permanente annoncent : « Exclus du NPA, nous engageons le processus de construction d’une nouvelle organisation révolutionnaire. » Un communiqué de la direction du NPA du lendemain précise que « Personne n’a été exclu du NPA »… Ce sur quoi Le Monde titre : « Scission ou exclusion ? Le NPA secoué par une importante crise interne. » Il est certain que l’événement est l’aboutissement d’un processus conflictuel. La Fraction l’Étincelle a depuis le début affirmé son opposition à toute exclusion et n’a souhaité le départ de personne. Précisons que le CCR n’a pas été exclu de la procédure de décision dans le NPA, de la conférence nationale statuant sur l’orientation et le candidat ou candidate pour la prochaine présidentielle. Il a préféré s’en dégager pour mener sa propre expérience de présentation d’Anasse Kazib, candidat de son nouveau parti.

Toutes et tous à la poubelle de l’histoire ?

Nous adressons nous aussi des critiques à la tendance qui dirige le NPA : concernant les accords électoraux avec la FI passés pour les municipales de Bordeaux (que le CCR avait soutenus), puis pour les régionales en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie (une politique qui n’est pas forcément majoritaire) ; concernant un déficit d’orientation en direction de la classe ouvrière et de ses luttes ou encore une adaptation politique aux objectifs souvent limités des animateurs de mobilisations féministes, antiracistes, écologistes, appartenant à ce que ce courant appelle le « mouvement social » (adaptation que le CCR partage largement).

Quelle que soit la pertinence de critiques adressées par le CCR à la tendance qui dirige le NPA, elle ne justifie pas, en tout cas, d’affirmer que le NPA serait définitivement disqualifié « en tant qu’outil efficace au service des intérêts de notre classe », comme l’écrit la déclaration du CCR/Révolution permanente. Disqualifiés aussi les courants qui continuent à militer au sein du NPA (merci pour l’article qui nous vise comme d’autres, publié le 12 juin sur le site Révolution permanente, sur « L’effondrement politique et moral de la gauche du NPA » !). Disqualifiée au passage aussi Lutte ouvrière. C’est une insulte à tous ces militants. Il nous semble à la fois dérisoire et téméraire, comme le fait le CCR/Révolution permanente, d’ajouter sa nouvelle petite étoile – qu’il voit mille fois plus brillante que les autres – à la galaxie des courants révolutionnaires et trotskistes en France, où dominent trois courants qui plongent assez profond leurs racines dans quelques décennies d’histoire (LCR/NPA pour faire vite, Lutte ouvrière, les lambertistes du POI/POID… auxquels il faudrait ajouter certains libertaires et anarchistes).

Nous pensons au contraire que la tâche est de militer pour rester ensemble, militer même pour regrouper les révolutionnaires, chercher à nous rapprocher les uns des autres, à échanger pour nous préparer au mieux à la période que nous avons à affronter, faite d’ombre et de lumière. Ombre que représente la droitisation (racisme, fascisation des esprits) qui nous vient d’en haut, de tous les états-majors politiques traditionnels – d’extrême droite, de droite mais aussi de prétendue gauche. Et cela à l’échelle internationale. Mais lumière venue d’en bas, de la jeunesse et des travailleurs de la planète engagés dans des luttes massives et obstinées qui tiennent tête à des dictateurs locaux soutenus par les grandes puissances impérialistes, malgré des répressions sanglantes. Une situation qui nécessiterait des liens étroits, politiques et de confiance, entre courants et expériences plutôt que cette fuite en avant pour la simple raison qu’on aurait fait mieux que les voisins dans les confrontations sociales de ces dernières années. Ce qui resterait à prouver. La compétence politique d’un groupe révolutionnaire ne se mesure pas, comme le fait le CCR, au nombre d’adhésions ou signatures à un texte.

Plutôt tous ensemble !

Pour notre part, ce n’est pas de cette façon – et pour tout dire c’est à l’exact opposé – que nous nous posons la question des voies et des moyens de la construction d’un « parti des travailleurs révolutionnaires » en France (le sous-titre depuis vingt-cinq ans de nos publications politiques d’entreprise l’Étincelle). Nous pensons qu’il est indispensable de jouer une partie collective – ce qui ne veut pas dire œcuménique politiquement. Nous avons été fraction de Lutte ouvrière jusqu’en 2008 puis, exclus de LO, nous sommes devenus fraction du NPA à partir de 2009, par choix conscient (et choix jusqu’à un certain point de ces organisations). Nous n’avons pas pour autant estimé que l’une ou l’autre de ces organisations révolutionnaires ait jamais représenté à elle seule « le » parti révolutionnaire voire son seul embryon (elles non plus d’ailleurs), mais nous savons qu’à la faveur de mobilisations sociales et politiques d’ampleur qui sont devant nous, des militantes et militants de ces organisations en seront les artisans. Et bien d’autres évidemment !

Plus les échanges seront étroits (ce qui ne veut pas dire sereins !), plus les expériences seront mutualisées (ce qui ne veut pas dire idylliques !), plus nous aurons de chances de forger la « compréhension commune de la situation et des tâches » nécessaire pour construire un parti. Les camarades du CCR peuvent très précisément comprendre ce que nous voulons dire par là, car c’est l’expérience que nous avons faite avec eux dans le NPA, à la faveur des luttes récentes dans les transports, d’une association à la fois conflictuelle et pourtant bénéfique à nos deux courants.

Quelles que soient les critiques qu’on peut faire au NPA, il a jusqu’à présent offert à ses diverses tendances et fractions un cadre à la fois commun et non contraignant. Beaucoup le regrettent (pas nous !) qui voudraient contraindre… les autres ! C’est toujours les politiques et pratiques du voisin qu’on voudrait bannir. Ce qui est certain, c’est qu’au sein du NPA, comme plus largement de l’extrême gauche, les expériences et expressions publiques n’ont jamais été suffisamment discutées pour en dégager le maximum de bénéfice pour toutes et tous. L’amélioration et la lutte à mener est dans ce sens. Fuir la discussion et s’en protéger en s’isolant – ce qu’on appelle le sectarisme politique – est étranger à l’histoire du bolchévisme-léninisme-trotskisme… La vraie évidemment, pas celle que racontent les bourgeois, les réformistes ou les staliniens !

La Fraction l’Étincelle du NPA, lundi 14 juin 2021

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