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Bonne année, bonne santé, bons cauchemars pour Macron !

30 décembre 2020 Article Politique

On n’est pas petites souris, mais on imagine le cocasse de la scène : Macron et ses amis se souhaitant « bonne année, bonne santé, meilleurs vœux pour la nouvelle année »… un peu crispés probablement. Pour la troisième Saint-Sylvestre de suite, encore un champagne au goût altéré. Il y a deux ans, fin 2018, par les effluves des lacrymos contre les Gilets jaunes ; l’année dernière, fin 2019, par les fumigènes des grévistes des transports ; cette année 2020, jamais deux sans trois, par ce coronavirus qui vous ôte toute saveur et toute odeur… mais laisse néanmoins un goût amer ! Et après ces trois dures années, aucune promesse d’amélioration à l’aube de la nouvelle ! Au contraire, une montagne d’incertitudes anxiogènes pour ces messieurs au pouvoir qui se relaient pour « communiquer » à la télé : Castex après Philippe, Véran après Buzyn voire Salomon, Darmanin après Castaner, Macron après Macron… sans oublier parfois Blanquer, autant de mines déconfites !

Exécrable bilan !

Les soucis de Macron et ses amis ne s’expriment pas qu’en mauvais chiffres : près de soixante-cinq mille morts du Covid-19 ; des centaines de milliards lâchés par l’État aux plus riches, dont on ne sait encore comment faire payer la note aux plus pauvres sans risquer la potence ; des plans de licenciement, à la pelle, qu’osent effrontément les plus grands du monde patronal, déjà un million de chômeurs de plus, des centaines de milliers de personnes démunies contraintes de s’inscrire aux banques alimentaires… Sans compter les SDF. Sans compter les millions de petits commerçants et entrepreneurs mécontents d’avoir été baladés de mesures et contre-mesures en demi-mesures ; de confinements et reconfinements en déconfinements et couvre-feux… Et que dire de ces nuées de complotistes ! Par-dessus le marché, cet horrible attentat islamiste contre Samuel Paty, autour duquel le pouvoir a tenté sans grand succès de resserrer les rangs, sans effacer son incapacité à protéger les enseignants de la misère sociale des banlieues, sur le terreau desquelles germe – entre autres – un radicalisme religieux fascisant.

Macron, qui, au premier tour de la présidentielle de 2017, n’avait rassemblé sur son nom que 24 % des suffrages exprimés, soit 17 % des inscrits… engrangera quoi en 2022 ? S’il ose se présenter ? Pas faute d’efforts pourtant, pour arracher aux appareils de LR (Les Républicains) et RN (Marine Le Pen) tout ou partie de cet électorat réactionnaire et/ou aveuglé qui défend mordicus les violences policières, s’affirme ouvertement raciste et xénophobe, anti-migrants… Il est bien téméraire, de la part de Macron, de ratisser un terrain à ce point labouré ! Dieu (auquel lui croit !) soit avec lui !

Tellement de matières inflammables !

À peine terminée en janvier dernier la longue grève des cheminots et agents de la RATP contre la réforme des retraites, les débuts du confinement pour corona ont déclenché dans des entreprises et services publics des mouvements d’alerte, de retraits… Pas question de travailler sans masque ou minimum de protections (les masques inexistants étant jugés alors inutiles !). Contre les premières annonces spectaculaires de licenciements, par de grosses entreprises versant d’énormes dividendes à leurs actionnaires, et contre la montée du nombre de chômeurs, des bouffées de colère ont éclaté ici et là, dans l’aéronautique, chez Renault. Contre l’amputation des salaires liée à des baisses d’activité prétendument pour cause de coronavirus, le mécontentement a grandi aussi. La situation pouvait-elle exploser et à partir de quoi ? Force est de reconnaître que le gouvernement a évité le pire, limité les dégâts, étouffé les départs de feu chez les hospitaliers (par quelques vagues promesses), chez les profs (par quelques reculs au retour des vacances d’automne)… Un genre de paix des tranchées, dans la guerre menée contre les classes populaires, acquise au prix de reculs discrets, entre autres du remballage sine die de la réforme des retraites censée être le fleuron du quinquennat et de quelques aspects les plus scandaleux (suppression d’allocations) de la nouvelle loi sur l’indemnisation du chômage… Macron et son équipe ont surtout pu compter sur l’aide inestimable des directions syndicales, sur le sens des responsabilités de ces vieilles institutions en période de crise, sur leur grande sagesse qui s’est exprimée par le mutisme et l’absence…

Toujours de l’inédit, la poisse !

Mais le cauchemar, pour Macron, a résidé dans l’inattendu, l’inédit, qui a pris forme de cohortes de trublions non préalablement identifiés déboulant à plusieurs reprises dans les rues, échappant à la surveillance et à la maîtrise des « corps intermédiaires », associations institutionnelles ou syndicats. C’est par milliers, dizaines de milliers voire centaines de milliers qu’ils ont manifesté, en prétendant – qui plus est – respecter les gestes barrières ! En bravant les interdictions formelles de manifester ! Malgré les concentrations spectaculaires de flics contre eux, certes devenues routine ! Et plus d’une fois, de mai à décembre, tout au long d’une année déjà bien perturbée par la gestion capitaliste du Covid. Les sans-papiers ont ouvert le bal fin mai, comme sortis de nulle part mais par milliers ! Les jeunes début juin, dont des très jeunes, déboulant en partie des banlieues, par dizaines de milliers ! Puis comme une apothéose, fin novembre, la marée bien plus forte encore de centaines de milliers de jeunes et moins jeunes dressés contre les violences policières et des projets de loi liberticides… Sous l’élan venu d’en bas, un grand nombre d’organisations, associations et partis de la mouvance de gauche ont osé appeler à manifester, tandis que de leur côté les autorités n’ont pas osé interdire…

C’est à ce jour la trêve des confiseurs : espoirs déconfits au sommet, colères déconfinées à la base ! En poussant un peu le bouchon de champagne et au risque de se faire taxer de gauchisme, on peut faire le vœu que la gueule de bois sera du côté de Macron ! Du côté des travailleurs et des jeunes, pour 2021 en tout cas, c’est « Bonne année, bonne santé… bonne combativité ! »

Michelle Verdier

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