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Accueil > Éditos de bulletins > 2017 > août > 16

Charlottesville

Aux USA comme ailleurs, l’extrême-droite se sent pousser des ailes

Samedi dernier, à Charlottesville en Virginie, dans la foulée d’une manifestation musclée de l’extrême droite américaine dans laquelle se tenaient coude à coude adeptes de la « supériorité blanche », néo-nazis, Ku Klux Klan et autres nostalgiques de l’esclavage et de la ségrégation, un jeune appartenant à l’un des groupuscules de ce genre a lancé sa voiture sur des contre-manifestants, blessant plus de 20 personnes et tuant une jeune femme.

Cette démonstration de force de l’extrême-droite est largement encouragée par le président américain, Donald Trump. Celui-ci s’est illustré en renvoyant dos à dos la violence « des deux côtés », façon de justifier celle de cette droite ouvertement raciste qui l’a soutenu durant sa campagne. Les tortillements des responsables Républicains pour le pousser à condamner clairement ce crime n’y ont rien fait, Trump persiste et signe.

Les mouvances qui défendent les pires préjugés racistes et réactionnaires, hérités notamment du passé esclavagiste de la bourgeoisie américaine, ne sont pas une nouveauté. Leur violence non plus. Ce qui est relativement nouveau, c’est qu’elles se sentent confortées dans leurs idées, au point d’organiser des marches nocturnes à la torche, comme ce vendredi sur le campus universitaire de Charlottesville, avant de débouler dans la ville le lendemain, arborant saluts et drapeaux nazis, insignes du Ku Klux Klan et fusils d’assaut.

C’est donc bien la moindre des choses que des contre-manifestations aient été organisées, pour s’opposer à ces idées nauséabondes et rétrogrades qui gangrènent, encore aujourd’hui, la société et l’État américain. Parmi les manifestants, il y avait notamment ceux du mouvement de contestation Black Lives Matter (« la vie des Noirs compte ») qui avait fait suite aux assassinats par la police d’Eric Garmer et Mickael Brown en 2014.

Les mouvements d’extrême-droite se nourrissent de la crise économique qui, depuis dix ans, fait basculer de larges pans de la population dans la pauvreté. Mais ils sont aussi aidés par ces politiciens bourgeois, qui, à droite et à gauche, usent de la démagogie chauvine et xénophobe, pour attirer des voix et détourner le mécontentement vers de faux responsables. En France, Marine Le Pen n’a pas eu besoin de beaucoup faire campagne sur ses thèmes favoris : la droite classique s’en est largement chargée et le gouvernement Hollande avait lui-aussi pris des mesures abjectes contre les migrants. Donald Trump n’en est que la pire caricature, lui qui s’affiche avec le dirigeant du Ku Klux Klan et a pour conseiller en communication un militant d’extrême-droite.

Plusieurs dirigeants républicains et démocrates se sont démarqués des propos de Trump. Des PDG ont démissionné du conseil économique du gouvernement, tels celui du géant pharmaceutique Merck ou celui de Disney. Quelles que soient leurs convictions, ils ne tiennent pas à être associés à des groupes réactionnaires dont émanent des assassins, à l’image du suprémaciste blanc qui avait tué cinq Noirs dans une église de Charleston en 2015. Mais ils se démarquent bien moins quand c’est la police américaine qui tire à bout portant sur des Noirs pauvres, faisant des centaines de morts par an.

Ce qu’ils craignent par-dessus tout c’est la réaction de la population, qui pourrait bien se mobiliser contre cette déferlante d’idées nauséabondes, mais aussi contre toutes les injustices que vivent les travailleurs américains depuis des années. Déjà, dans les années 1960-1970, le mouvement noir pour les droits civiques avait été le fer de lance de la contestation sociale.

Et en effet, dès le lendemain des événements de Charlottesville, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes des USA. Un mouvement de révolte unissant toutes les couches de la classe ouvrière américaine aurait bien les moyens de faire trembler ce monde de plus en plus injuste que produit le capitalisme.

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