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Accueil > Éditos de bulletins > 2003 > novembre > 17

Attaque complémentaire contre les retraites !

C’est bien discrètement - derrière le dos de l’ensemble des salariés, tous concernés - que le sort des retraites complémentaires a été scellé la semaine dernière par un accord entre le MEDEF et quatre syndicats. Une véritable baisse des retraites complémentaires à venir est programmée. Ce n’est pas un mince détail : la retraite complémentaire représente pour un salarié de l’ordre de 40 % de la retraite globale.

La mesure repose sur une modification du mode de calcul du coût d’achat du « point » de retraite. Celui-ci évoluera comme le salaire moyen, donc plus vite que l’inflation. Mais les pensions, elles, continueront à suivre l’indice des prix. C’est-à-dire qu’en cotisant autant, un salarié s’assurera une retraite de plus en plus faible. Certes, d’une année sur l’autre, l’écart peut paraître faible. Mais au fil des ans, les retraites complémentaires connaîtraient une sérieuse amputation : une estimation prévoit 5 % de baisse d’ici 2008, 25 % d’ici 2020.

Il s’agirait d’adapter les retraites complémentaires à la réforme Fillon. C’est certain : maintenant, la baisse des retraites de base est complétée par celle de la retraite complémentaire. Et là, les « réformateurs » ne peuvent même pas agiter le prétexte du déficit : le régime complémentaire des salariés, l’ARRCO est excédentaire et devait le rester jusqu’au moins… 2020 !

On invoque aussi le besoin d’assurer la retraite complémentaire de salariés ayant commencé à travailler avant 16 ans et prenant leur retraite avant 60 ans. Mais du fait des conditions draconiennes de la loi Fillon, cela ne concerne que très peu de salariés, moins de 200 000 en 2004, pas de quoi mettre en péril les retraites complémentaires !

En outre, l’accord prévoit une hausse des cotisations pour la caisse de retraites complémentaires des cadres, l’AGIRC, elle, déficitaire. Une hausse de 0,2 % de la part salariale, de 0,1 % seulement pour la part patronale. Là aussi, on fait reporter l’essentiel des efforts sur les salariés.

Ces mesures contre les retraites complémentaires vont dans le même sens que celles de 1996, lesquelles avaient déjà, de façon similaire, écorné année après année ces pensions. Sans oublier qu’en ce qui concerne la retraite complémentaire, les patrons ont toujours refusé d’instituer de façon définitive le départ à 60 ans. C’est par accords successifs et pour des périodes limitées que le complément a jusque-là été versé aux retraités, laissant planer une menace sur l’avenir. Cette fois, le MEDEF dit vouloir régler cette question mais… d’ici 2008 !

Dans cette nouvelle attaque, le patronat a obtenu le soutien de quatre confédérations syndicales ayant annoncé qu’elles allaient signer cet accord. Les dirigeants de la CFDT et de la CGC récidivent, après leur soutien à la réforme Fillon. La CFTC et FO les suivent dans cette voie.

Seule la CGT a annoncé qu’elle ne signerait pas l’accord. Mais elle aussi, pendant les deux mois de négociations, a joué le jeu des discussions alors qu’il s’agissait clairement d’une attaque contre les acquis des travailleurs. Si la CGT conteste l’accord, elle n’a jamais appelé les salariés à se mobiliser, et n’a pas plus réellement informé des enjeux que les autres confédérations. Or seule la lutte des travailleurs aurait pu faire reculer le MEDEF et ses prétentions.

Ce syndicalisme de négociation se veut « responsable », mais il ne l’est que devant les patrons et le gouvernement, pas devant les salariés. Les mêmes syndicats, CGT comprise, ont signé, début octobre, un accord sur la formation professionnelle autorisant à l’effectuer en dehors du temps de travail, c’est-à-dire revenant en arrière : gouvernement et MEDEF s’étaient félicités de ce « succès » du « dialogue social ». Aujourd’hui, les retraites complémentaires. Demain, quelle sera l’attitude des Chérèque, Blondel, Thibaut… vis-à-vis de la réforme de la Sécu ?

Cette bonne entente du patronat et des directions syndicales mériterait bien d’être perturbée. Par les militants syndicaux qui refusent de servir de caution aux mauvais coups du patronat et du gouvernement. Et surtout par les travailleurs qui ont les moyens de mettre en échec les attaques patronales et gouvernementales.

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