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Accueil > Éditos de bulletins > 1998 > août > 17

A bas l’apartheid bien de chez nous !

Le gouvernement socialiste n’a pas tenu ses promesses. Sur 145 000 demandes de régularisation de sans papiers, seules 75 000 ont été acceptées. Et encore ne s’agit-il pas d’une régularisation définitive, mais seulement pour un an. Après ce délai, il leur faudra de nouveau passer de bureau en bureau, interminablement, désespérément, pour tenter d’obtenir le renouvellement de leurs papiers.

Quant aux 70 000 dont les demandes ont été rejetées, c’est sous le prétexte que leur situation n’entrait pas dans les « critères » retenus par l’administration. Lesquels critères étaient d’ailleurs laissés à l’appréciation arbitraire des préfectures. Il fallait prouver par exemple qu’on avait exercé une activité régulière durant sa présence en France. Mais comment le prouver quand l’on a dû travailler au noir pendant des années pour des employeurs qui ne sont pas près de témoigner en votre faveur ?

La France de Zidane et son équipe de foot, c’est pour la galerie. La réalité, c’est une gauche gouvernementale qui, comme la droite avant elle, rampe devant les refrains racistes et xénophobes de Le Pen, et pratique l’apartheid à l’encontre d’une partie des travailleurs.

Aujourd’hui, suite aux sondages qui montrent que la majorité de la population, justement, est moins raciste que le gouvernement, et grâce à la persévérance des sans papiers qui ont continué les occupations, le gouvernement décide d’assouplir, un peu, ses critères, sans pour autant les supprimer. Opportunistes, Jospin et Chevènement, mais pas téméraires ! Ils ne veulent tout de même pas être plus à gauche que Pasqua qui réclame aujourd’hui la régularisation de tous les sans-papiers !

La situation des sans papiers concerne tous les travailleurs. En les contraignant à la clandestinité, l’Etat français les livre à des patrons sans scrupules qui n’hésitent pas à leur imposer des salaires et des conditions de travail dignes du 19e siècle. Les gros du bâtiment et les donneurs d’ordre du textile ne sont pas les derniers à profiter de cette aubaine. Par ce moyen les patrons pèsent aussi sur la situation de tous les autres travailleurs.

Le gouvernement Jospin-Chevènement, en continuant de refuser de régulariser tous les sans papiers et en ne cédant qu’au compte-gouttes, cherche à ne pas trop déplaire aux franges les plus réactionnaires de la population. A force de vouloir se montrer “responsable” vis-à-vis du patronat, il en vient à se faire ridiculiser par un Pasqua. Les déclarations de Pasqua relèvent évidemment de la pure hypocrisie, lui qui, en tant que ministre de l’intérieur, a tout fait pour fragiliser la situation des travailleurs immigrés. Elles soulignent seulement le degré de bassesse d’un gouvernement de gauche qui ne veut pas en faire moins que ceux de droite en matière d’ignominie.

Et pourtant, la régularisation de tous les sans papiers, ce ne serait pas la révolution ! Même Reagan, au début des années 1980, avait régularisé des milliers de travailleurs mexicains, comme, plus récemment, le non moins réactionnaire Aznar, en Espagne, a procédé à des régularisations massives. Mais Reagan, Aznar et Pasqua, sont semblent-ils encore trop radicaux pour Jospin et Chevènement. Alors, le gouvernement socialiste est aussi franc qu’un âne qui recule : il fait des concessions, marchande, mégote face à la lutte des sans papiers, passe quelques vagues consignes aux préfets, mais se refuse à régulariser rapidement, une bonne foi pour toute, tous ceux qui en ont fait la demande et lui ont fait confiance.

Nous avions la droite la plus bête du monde, nous pourrons nous vanter d’avoir la gauche la plus réac. Reste aux travailleurs français et immigrés d’être aussi solidaires qu’une certaine équipe de foot multicolore, pour marquer droit au but et faire céder sur tous les fronts les bêtes à cornes qui nous gouvernent.

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