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45 morts au mont Méron en Galilée : quand les Juifs ultra-orthodoxes font la loi

7 mai 2021 Article Monde

On fait toujours semblant de s’interroger pour savoir qui est responsable des 45 morts et de plusieurs centaines de blessés lors du pèlerinage traditionnel des Juifs religieux lors de la fête mystique de Lag Baomer, dans la nuit du 29 ou 30 avril dernier. Ils se rendaient sur l’emplacement supposé de la tombe d’un rabbin du 1er siècle de notre ère, Shimon Bar Yohai, censé posséder des pouvoirs magiques.

Certains incriminent la responsabilité de la police qui aurait disposé des barrières métalliques au mauvais endroit, d’autres les leaders juifs orthodoxes qui auraient mal géré le pèlerinage, d’autres enfin la malchance ou la main de Dieu.

On croit rêver. Car s’il y avait une catastrophe prévisible, et ce depuis de longues années, c’est bien celle qui s’est produite sur les pentes du mont Méron, le point culminant d’Israël.

Brefs rappels

  • En 2008, 2011 et 2016 la Cour des comptes israélienne avait déposé trois rapports sur le bureau du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, le mettant en garde contre les risques présentés par la vétusté du lieu à flanc de montagne avec des escaliers délabrés, des barres d’appui en très mauvais état, pas de sens de circulation, etc. Sans compter les bousculades qui mettaient face à face les tenants séfarades (orientaux) et ashkhénazes (occidentaux) du judaïsme orthodoxe, en farouche concurrence sur ce coup.
  • En 2014 la police montée avait dû intervenir pour repousser des hordes de pèlerins s’agglutinant dans un désordre indescriptible autour du mausolée.
  • En 2016 le pèlerinage avait regroupé 223 000 fidèles… soit 15 fois plus que les 15 000 maximum recommandés, tant par la police que par la sécurité civile, pour que la manifestation religieuse se déroule avec un minimum d’ordre en assurant la sécurité des participants.

Mais Netanyahou n’a pas bougé le petit doigt. Et pour cause. Les dirigeants ultra-orthodoxes détenaient des ministères clés dans son gouvernement et leurs députés assuraient une majorité au Premier ministre. Pas question donc de les contrarier, même un peu. D’ailleurs, au fil des années, le mont Méron – comme certains quartiers de Jérusalem – est devenu une zone de non-droit d’où sont exclus les non-Juifs mais aussi les Juifs athées et agnostiques et où le rabbinat orthodoxe règne en maître absolu, interdisant même parfois aux forces de police ou aux services civils de s’y rendre.

Ces morts et ces blessés sont donc à mettre au compte du gouvernement israélien en général, et des fous de Dieu qui y siégeaient en particulier.

Et comme le prophète Mahomet dessiné par Cabu, le Dieu d’Israël doit se dire aujourd’hui : « C’est triste d’être aimé par des cons. »

Jean Liévin

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