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Accueil > Éditos de bulletins > 2007 > mai > 7

Sarkozy droit dans ses bottes, mais jusqu’à quand ?

Sarkozy l’a emporté. Malgré le bon score de 53,06 % des votants et la participation importante de 84 % des inscrits, il n’est l’élu que d’une moitié du pays. Ce qui n’est pas une raison pour que les classes laborieuses et populaires se résignent à continuer de boire le bouillon et à faire tous les sacrifices. Et encore moins si Sarkozy, comme il l’a fait en campagne et avant, au ministère de l’Intérieur, encourage les flics, les militaires et les juges à cogner pour imposer injustice et inégalité sociales.

Au soir de sa victoire, néanmoins, il persiste et signe : « Chacun aura sa chance, mais il faudra la gagner, par son travail… » Bref, « gagner plus » en « travaillant plus », en se levant plus tôt le matin et en s’exténuant à des heures supplémentaires… « Mériter » un emploi, c’est-à-dire prendre n’importe lequel offert par l’ANPE ! Avoir un logement, mais en devenant « propriétaire » ! Là encore « travail », « mérite », « risque »

Ce programme serait burlesque, s’il ne visait à dégrader les salaires, l’emploi, le logement des travailleurs et de leurs familles. Sans parler de nouvelles attaques possibles contre des travailleurs qui vivent en France sans papiers, souvent depuis des années, pourtant pour le bonheur du patronat qui peut ainsi les surexploiter.

Mais Ségolène Royal et les socialistes, auraient-ils été une moindre « catastrophe » contre la classe ouvrière ? L’ont-ils été moins dans le passé, quand Jospin a laissé faire les licenciements, les privatisations et n’a instauré les 35 heures qu’en échange de flexibilité et de blocage des salaires ? Dans sa campagne, Ségolène Royal s’est flattée d’innover en refusant toute promesse solide et concrète aux travailleurs et surtout en évitant absolument d’évoquer comment, quel que soit l’élu, ils pourraient reprendre espoir par leurs luttes. La dame patronnesse n’a donc pas convaincu à gauche. Au soir du second tour, dans la droite ligne des tractations avec Bayrou après le premier tour, aussi bien Ségolène Royal que certains de ses concurrents aux dents longues, au premier rang desquels Strauss-Kahn, se sont empressés d’expliquer l’échec par un manque d’audace à « rénover » davantage. Rénover vers le centre. Leurs modèles ? Le gouvernement d’« alliance » de Prodi en Italie, la « grande coalition » de Merkel avec les sociaux-démocrates en Allemagne. Façon de confirmer une politique plus résolument anti-ouvrière mais aussi de se pousser du col pour décrocher une place dans un futur gouvernement, pourquoi pas même sous Sarkozy ? Un Strauss-Kahn, après tout, ne s’est-il pas dit dimanche soir « disponible » ?

Pour les travailleurs, il n’y a pourtant pas de quoi être abattus. Dans le passé, on a vu de prétendus « pouvoirs forts » se casser les dents face à des millions de travailleurs dressés contre eux. Rappelons nous de Gaulle en 1968, ou plus récemment Chirac et son ministre Juppé en 1995. Les jeunes contre le CPE l’an dernier ont fait plier Villepin. Sarkozy connaît l’histoire et, prudent, se prépare à soudoyer des bureaucrates syndicaux pour cautionner ses futures « réformes », celles du Code du travail ou des retraites. La classe ouvrière, de son côté, peut et doit renouer avec un passé d’organisation et de luttes – les plus marquantes et victorieuses ayant bousculé autant les appareils syndicaux que les gouvernants et les patrons !

Les scores des candidats d’extrême gauche au premier tour de la présidentielle, Olivier Besancenot et Arlette Laguiller (plus de 5 % des voix au total), sont modestes mais non négligeables. Ils appartiennent à des électeurs populaires qui ont résisté aux pressions en faveur d’un prétendu « vote utile ». Cela représente une force de centaines de milliers de travailleurs et de jeunes, auxquels il faut ajouter beaucoup d’autres qui ont voté pour Ségolène Royal sans être convaincus par son programme. Avec une extrême gauche qui saurait s’allier aux militants socialistes et communistes qui rompraient avec la politique de leurs partis, il y aurait de quoi préparer sérieusement la riposte.

Et de quoi l’emporter.

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