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Accueil > Éditos de bulletins > 2013 > janvier > 7

Bons baisers de Russie

Gérard Depardieu n’était vraiment pas dans son meilleur rôle en donnant l’accolade à Vladimir Poutine à l’occasion de la remise de son passeport russe. Mais 13 % d’impôts, garantis par le premier ministre Medvedev lui-même, méritent sans doute de décerner au régime russe le titre de « grande démocratie » ! Notre Raspoutine de pacotille n’est d’ailleurs pas à sa première bassesse, lui qui clamait l’an dernier en Tchétchénie « Gloire à Kadyrov », le dictateur local à la botte du Kremlin.

En matière fiscale, le Conseil constitutionnel a été plus retors que Depardieu. Il a déniché un vice de forme pour retoquer le timide projet de taxer à 75 % la seule part des revenus au-delà du million d’euros : la formule retenue aurait « méconnu le principe d’égalité devant les charges publiques » ! Dans le petit cénacle certainement très égalitaire des ultras-riches concernés par cette mesure gouvernementale purement symbolique, on en rit sans doute encore…

Du côté du gouvernement, on s’incline déjà. Après avoir parlé de « réaménager » la mesure en la prolongeant jusqu’en 2017 (et pas seulement pour deux ans comme prévu initialement), voilà que Moscovici, le ministre de l’économie, dément et en rabat, en garantissant que la taxation, quelle qu’elle soit, sera provisoire ! Donc chapeau bas devant les riches et le patronat.

Rendre coup pour coût

S’il en fallait une preuve, Hollande l’a donnée à l’occasion de ses vœux de Nouvel An. Il s’est ainsi félicité du crédit d’impôts de 20 milliards octroyé aux entreprises au nom du “pacte de compétitivité”. Voilà qui, selon lui, devrait permettre d’embaucher. Mais si les milliards de subventions et de cadeaux fiscaux accordés au patronat depuis tant d’années conduisaient à réduire le chômage, cela se saurait ! Le Medef, lui, applaudit à ce nouveau pactole mais insiste pour que le parlement ne vote aucune contrepartie. Une plaidoirie entendue par le gouvernement qui s’est empressé de s’opposer aux quelques amendements en sens contraire…

Lorsque Hollande annonce qu’il veut « coûte que coûte » inverser la courbe du chômage d’ici un an, il y a donc de quoi se méfier… et se préparer à rendre coup pour coût !

Or la note pourrait être salée si le patronat parvenait à imposer ce qu’il souhaite dans les négociations en cours avec les confédérations syndicales : non seulement faciliter encore les licenciements mais aussi, entre autres choses, plafonner les indemnités dues aux salariés licenciés de façon abusive – une assurance à l’usage des patrons voyous, en somme !

Afin d’être tout à fait clair, Hollande est retourné la semaine dernière à la raffinerie Petroplus, près de Rouen, dont le dépôt de bilan menace 470 emplois. Il y a un an, il en appelait aux garanties de l’État ; il a expliqué cette année qu’il ne faut rien en attendre, et surtout pas une nationalisation, brièvement évoquée par Montebourg à propos des aciéries de Florange. Le ministre, bien présent, n’a pas bronché…

С Новым годом !

(prononcer « S’novim godom », en russe « bonne année »)

Est-ce à dire que l’année sera mauvaise ? Pas forcément. Qu’il n’y ait rien de plus à attendre de ce gouvernement de gauche que du précédent de droite n’est pas une surprise. Mais si, face aux attaques qui redoublent, aux “plans sociaux” annoncés dans de grandes entreprises mais aussi dans bien d’autres, les travailleurs renouent avec le combat collectif et la convergence des luttes, tous les espoirs sont permis.

Donc С Новым годом ! , non pas aux Depardieu et aux oligarques d’ici et d’ailleurs, mais à tous ceux qui contestent les pouvoirs et les arbitraires de tous poils.

Bonne année combattive au monde du travail, aux licenciés et Licencielles, aux opposants à l’Ayraultport de NDDL…, à tous les peuples en butte aux plans d’austérité assassins, aux femmes indiennes, aux ouvriers chinois en grève, à tous nos frères et sœurs de lutte au-delà des frontières… Sans oublier С Новым годом ! aux Pussy Riot et aux opposants à Poutine, dont ce malheureux Depardieu qui dans une autre vie avait préféré interpréter Danton que Raspoutine, aurait mieux fait de s’inspirer !

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