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Accueil > Éditos de bulletins > 2009 > octobre > 5

No Future !

650 millions d’euros : voilà la valeur que le gouvernement accorde à la jeunesse ! Même pas ce que la BNP verse à ses traders.

Monté sur sa tribune mardi dernier, Sarkozy a annoncé l’extension du RSA, le remplaçant du revenu minimum d’insertion, aux jeunes de 18 à 25 ans. Encore faudra-t-il à ces jeunes avoir travaillé au moins deux ans complets au cours des trois années précédentes, ce qui n’est pas donné à tous.

Avec la crise, le chômage des jeunes a explosé. Ils sont les derniers embauchés et les premiers licenciés. Même les plus diplômés peinent à trouver un emploi. Mais alors qu’il repousse toujours plus l’âge de la retraite, le seul projet de Sarkozy pour la jeunesse, c’est l’aumône publique !

La jeunesse aurait besoin de bien autre chose : un emploi et un salaire lui permettant de vivre sans la charité des parents ou du gouvernement. Seule la société capitaliste, fondée sur la loi du profit, peut arriver à cette aberration que certains travailleurs sont usés jusqu’à la corde, avec des cadences intenables, des pressions et du harcèlement moral, au point, parfois de vouloir en finir, comme à France Télécom ou d’autres entreprises. Mais au lieu d’un partage du travail entre tous, les jeunes travailleurs doivent rester sur le banc de touche.

À force d’attaques contre les travailleurs, contre les services publics, contre les quelques acquis sociaux gagnés par les luttes du passé, ce gouvernement et ses prédécesseurs, de droite comme de gauche, ont réussi à engendrer la première génération qui n’a plus l’espoir de vivre mieux que la génération qui l’a précédée.

Du haut de sa chaire, Sarkozy peut bien faire mine de s’inquiéter du sort de la jeunesse. En réalité, il n’a que faire de nos emplois. Le plus vaste plan social est même celui du gouvernement, avec la suppression annoncée de 34 000 emplois dans la Fonction publique en 2010 et la privatisation de La Poste.

Mais si Sarkozy se gargarise d’annonces pour la jeunesse, c’est qu’elle lui fait peur. Cette peur, il l’a montrée, fin 2008, en repoussant vite fait le projet Darcos de réforme des lycées dès qu’un mouvement lycéen a pointé son nez.

C’est que cette jeunesse a déjà montré sa capacité d’entraînement, il y a à peine trois ans. Dans leur lutte contre le CPE, les jeunes avaient amené dans la rue près de 3 millions de travailleurs à plusieurs reprises, jusqu’à faire reculer le gouvernement.

Aujourd’hui, ce n’est pas sur les Thibault, Chérèque ou autres Aschieri que les travailleurs peuvent compter pour organiser un tel mouvement. Mercredi 7 octobre, les directions syndicales appellent à une journée de manifestations « interprofessionnelles ». Mais elles n’ont rien fait pour que cette journée soit un succès. Elles n’y ont pas même attaché de revendications, si ce n’est celle de « travail décent ». Qu’est-ce que ces mots creux de « travail décent » quand il s’agit pour les travailleurs d’interdire les licenciements et d’arracher de vraies augmentations de salaire, d’au moins 300 € pour tous ?

Ce ne sont pourtant pas les luttes qui manquent, mais celles-ci restent éparpillées. À Toulouse, les Freescale, confrontés à 800 suppressions d’emplois, commencent leur cinquième semaine de grève malgré les interventions répétées de la police pour les déloger partout où ils se déplacent. Avant eux, il y a eu les Continental, les Lear, les Goodyear, les Molex, les New Fabris et bien d’autres. Il y a aussi toutes ces luttes auxquelles la presse n’accorde pas un mot. Plusieurs des équipes militantes de ces grèves se sont réunies à différentes reprises depuis l’appel des New Fabris pour un « collectif contre les patrons voyous et licencieurs ». L’idée commence à émerger que seule une lutte d’ensemble permettra de faire payer la crise à ses responsables et qu’il faut préparer celle-ci à la base, sans attendre un appel des directions syndicales.

C’est tous ensemble, dans la rue, que les travailleurs et la jeunesse pourront imposer leurs choix et organiser un autre avenir que de misère et d’exploitation.

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