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G20, le bal des vampires

« Un tournant » pour Obama, un « nouvel ordre mondial » pour Brown, des résultats « au-delà de ce que nous pouvions espérer » d’après Sarkozy : les chefs d’Etat des 20 principaux pays de la planète, réunis à Londres la semaine dernière, font dans l’autosatisfaction. Il leur en faut pour faire croire que leur sommet va moraliser un capitalisme dont les scandales financiers ne cessent de se succéder, et sortir le monde de la crise.

Contre la crise, le G 20 aurait mis le paquet : 1 100 milliards de dollars de crédits publics, qui vont s’ajouter aux centaines de milliards que chacun des Etats ont déjà engloutis dans leurs plans de relance. Pour les 250 millions de chômeurs officiellement recensés (50 millions de plus en deux ans) que, selon le Bureau International du Travail, comptera la planète d’ici la fin de l’année ? Pour les milliards de personnes vivant dans la précarité ? Non. Pour alimenter en argent frais les circuits du commerce mondial et les banques. Les financiers l’ont salué d’une hausse de 4 à 6 % des bourses dans la journée de jeudi. L’argent, c’est pour eux.

Le FMI voit ses moyens tripler pour atteindre 750 milliards de dollars. Dans le but d’aider les pays en difficultés ? Les crédits accordés par le FMI aux gouvernements de ces pays ne le sont qu’en échange de plans d’austérité imposés à leurs peuples : privatisation des services publics, réduction du nombre de fonctionnaires, baisse des salaires.

Les quelque 80 paradis fiscaux qui permettent aux multinationales de se soustraire à l’impôt seraient mis sous contrôle ? Personne ne parle de les supprimer. Et sur la « liste noire » dressée par le G20 il n’y en a finalement que quatre, ceux qui manquaient de protecteurs à la réunion du sommet. Les ténors comme la Suisse, les Iles Caïman et les Bermudes, ne figurent que sur la « liste grise » des paradis promettant d’évoluer. Andorre ou Monaco sont classés blancs comme neige. Merci Sarkozy ! La « moralisation du capitalisme » , dont celui-ci nous rebat les oreilles, n’est pas pour demain.

Pour cause : les mesures de régulation que les Etats mettent en place sont contournées avec la bénédiction des Etats eux-mêmes. Quant aux prétendus contrôles, ils sont confiés à ceux qu’ils sont censés surveiller. Comme ces agences de notation, chargées de mesurer le risque spéculatif, qui ne voyaient rien à redire aux spéculations immobilières des banques américaines, ou ces commissions de contrôle des opérations boursières qui fermaient les yeux sur les opérations irrégulières de la Société Générale ou carrément frauduleuses d’un Madoff. Et cela, pas dans un petit paradis fiscal, mais aux USA ou en France.

Car au-delà des paradis fiscaux, c’est le secret bancaire dans son ensemble et les secrets industriel et commercial qu’il faut faire sauter. Ces entreprises qui, sous prétexte de crise, bloquent nos salaires (mais pas les dividendes des actionnaires), ces trusts de l’automobile, de la chimie ou du textile qui licencient par milliers, quels sont leurs bénéfices réels et pas seulement déclarés ? Ou est passé l’argent des énormes profits engrangés les années précédentes ? Où passe l’argent des subventions qu’ils reçoivent aujourd’hui des Etats ?

Le seul contrôle qu’ils peuvent craindre sur leurs comptes, c’est le nôtre, qui n’a rien d’irréalisable dans le cadre d’une mobilisation d’ensemble du monde du travail. Car c’est bien entre les mains des salariés que passent, à chaque étape de leur traitement, les données bancaires des entreprises, les opérations d’achats et ventes des fournitures, les transferts avec les succursales...

Au sommet prétendu « anticrise » de Londres, les 20 principaux chefs d’Etat, grands commis du monde des affaires, n’avaient pour rôle que de donner le change en nous promettant un nouveau capitalisme soit disant mieux régulé, et surtout de distribuer quelque mille milliards de plus à leurs mandants.

Mais face à la crise nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Pour ne pas accepter d’en faire les frais en exigeant l’augmentation générale des salaires, l’interdiction des licenciements, le développement des services publics et non leur régression. Pour nous en prendre au système capitaliste lui-même qui est en train de ruiner la planète.

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