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Accueil > Éditos de bulletins > 2006 > octobre > 16

Les banquiers raflent le prix Nobel !

Le prix Nobel de la paix a été décerné vendredi dernier au Bangladais Muhammad Yunus et à la banque dont il est le fondateur, la Grameen Bank, pour avoir offert des microcrédits aux exclus du système bancaire. Le comité suédois Nobel, dans son prêchi-prêcha, a estimé qu’une paix durable ne pouvait être obtenue sans qu’une partie de la population trouve les moyens de sortir de la pauvreté. Il en a conclu que l’essor du microfinancement (inauguré par ce grand banquier) aurait sorti plusieurs centaines de millions de personne du sous développement. Cela, c’est une vaste blague. La misère n’a pas reculé avec le développement du microcrédit. Et la guerre encore moins.

On connaissait déjà le refrain des chantres du capitalisme prétendant qu’en donnant à chacun la possibilité de devenir entrepreneur on pourrait éradiquer la pauvreté. Devenez tous des capitalistes ! Voilà maintenant que cela serait possible avec un pécule de base microscopique. La réalité est toute autre. L’accès au crédit capitaliste mène plus souvent à l’endettement à vie qu’à l’enrichissement personnel. Il est encore plus risible de faire croire qu’un microcrédit, une somme dérisoire, tel le premier dollar de Picsou, serait le premier pas vers la fortune.

Une bonne partie des microemprunts, souvent de l’ordre de quelques dizaines d’euros, sert déjà à rembourser les microcrédits contractés auprès d’autres organismes de la microfinance dont les taux d’intérêts, ô combien humanistes, peuvent dépasser les 20% ! Ainsi, bien des ONG du microfinancement, censées faire de l’humanitaire, se sont finalement transformées en organisation de business dont l’objectif réel est de faire les fonds de poche de ceux qui n’ont déjà pas grand-chose.

Rien d’étonnant à ce que les grandes fortunes des pays riches, ceux qui ont là-bas des macros intérêts, comme le PDG de Danone Franck Riboud, voient le décernement de ce prix à un banquier d’un très bon œil : ce même Franck Riboud doit prochainement inaugurer au Bangladesh une coentreprise avec la Grameen Bank pour produire des yaourts que les bangladais achèteront avec... leurs microemprunts.

Quand il s’agit de faire du fric avec des microcrédits à l’autre bout du monde, ils sont d’accord. Mais faire des microcrédits gratis, ici, par simple humanité, halte-là ! A Orléans, une caissière d’un supermarché Champion a fait crédit à des habitants de son quartier qui ne pouvaient pas payer avant de toucher leur RMI ou leur allocation chômage. En guise de récompense, elle n’a pas reçu le prix Nobel... elle a dû prendre la porte ! Voilà où s’arrête la philanthropie des patrons et des banquiers. Qu’une caissière fasse un microcrédit, et c’est la fin de leur monde !

La soupe qu’on nous sert avec cette récompense du prix Nobel, c’est l’apologie du système capitaliste et de ses mécanismes d’usure et d’exploitation. Le prix Nobel de la paix, ce n’est rien d’autre que le prix Nobel de l’ordre impérialiste, celui de la paix des cimetières dans un océan de pauvreté. Cet ordre qui permet aux grandes banques de ponctionner le peu que possède l’immense majorité de la population mondiale et de les enfoncer un peu plus encore dans la misère.

Ce n’est pas nouveau. Il suffit de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur sur les prix Nobel décernés ces dernières décennies : à Koffi Annan alors que celui-ci n’avait pas plus œuvré pour la paix au Rwanda en 1994, en retirant les casques bleus à la veille du génocide, qu’en Bosnie en 1995 en laissant massacrer 7000 civils à Srebrenica ; à Kissinger après qu’un million de Vietnamiens ont été massacrés par l’armée des Etats-Unis ; à Peres ou Rabin pour leurs crimes commis contre le peuple palestinien ; et bien d’autres encore qui ne valaient pas mieux.

Ce ne sont ni les titres ni les distinctions honorifiques, ni les microcrédits, qui feront reculer la misère et la guerre. C’est seulement en mettant un terme à ce système politique que les travailleurs et peuples du monde entier pourront définitivement sortir de la misère.

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