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Accueil > Éditos de bulletins > 2005 > juin > 6

Le vrai bras de fer ne passera pas par les urnes

Si Chirac a bien pris une claque avec les 55 % de Non au référendum, on ne peut pas dire que cela lui ait fait beaucoup d’effet. Il a bien viré Raffarin, de toute façon usé jusqu’à la corde après trois ans de basses œuvres anti-ouvrières, mais pour nous resservir Sarkozy et de Villepin, qui tous deux font de la surenchère dans la même veine.

Le sieur Dominique Galouzeau de Villepin, retenu pour le rôle de Premier ministre, est chargé de la « mobilisation nationale » pour l’emploi, ce qui consiste à foncer se faire filmer dans une agence ANPE et à annoncer plus de mesures de contrôle à l’encontre des chômeurs ! Autrement dit à faire disparaître les chômeurs des statistiques et à aggraver la misère et la précarité.

Quant à Sarkozy, qui en rajoute sur Le Pen, il est allé jouer les cow-boys à Perpignan. Dans le même temps on met en garde à vue les postiers de Bordeaux en lutte contre les suppressions d’emploi et les condamnations en justice pleuvent contre les jeunes du mouvement lycéen.

Suite au Non des urnes, même cynisme et même arrogance du côté du manche.

En fait de lutte pour l’emploi, le gouvernement concocte de nouvelles mesures contre les travailleurs. Et déjà l’une des nouvelles sous-ministres a déclaré qu’elle était partisane d’une « réforme du droit du travail  » puisque le droit social serait selon elle « compliqué, lourd » et s’opposerait « à un certain nombre de décisions d’entreprendre », autrement dit ne faciliterait pas encore assez les licenciements.

Mais si le cirque gouvernemental rejoue inlassablement le même numéro, de plus en plus insupportable, pour autant dans le parterre de ceux qui dénoncent la mascarade chiraquienne il y en a beaucoup dont le seul objectif n’est que de monter sur scène à leur tour, à l’occasion des élections présidentielles de 2007.

Les politiciens de gauche, y compris ceux qui ont fait campagne pour le « non », comme Fabius au Parti socialiste ou Buffet au Parti communiste, veulent faire croire (chacun dans son style) qu’ils représentent une alternative aux politiques anti-ouvrières de la droite.

Le passé a pourtant montré mille fois qu’au pouvoir, ils n’ont rien d’essentiellement différent à proposer que ceux qu’ils font semblant de siffler aujourd’hui. Fabius, qui s’est fait le champion socialiste du Non, a été ministre sous Mitterrand et sous Chirac, et l’un des artisans des privatisations « socialistes ». Faudrait-il gober qu’il va se montrer désormais plus « à gauche » qu’un Hollande ou un Strauss-Kahn ? Qu’est-ce que le gouvernement PS-PC-Verts de Jospin a apporté aux travailleurs entre 1997 et 2002 ? Qu’est-ce qui a changé pour la population avec la conquête de presque tous les conseils régionaux par la gauche en 2004 ?

Après ce Non au référendum, faut-il désormais encaisser sagement de nouveaux coups pendant deux ans en attendant en 2007 le retour de ceux qui nous ont déjà trompés ? Et que penser de l’attitude des dirigeants syndicaux, ceux de la CGT comme ceux de la CFDT ou de FO, qui se contentent de quémander gentiment l’ouverture de négociation au nouveau gouvernement ? Ce que Villepin leur a accordé à demi dès ce lundi en recevant Chérèque, Thibault, Mailly et consort, à la queue-leu-leu, à Matignon. Plus facile de consulter les prétendus chefs du monde du travail que de satisfaire les revendications !

Tant que le mécontentement restera confiné dans les urnes, la situation sociale continuera de se dégrader. Le récent jeu de chaises musicales du gouvernement a montré avec quel mépris celui-ci pouvait traiter un mouvement d’humeur cantonné au terrain électoral, et il n’y aura pas autre chose à attendre d’un éventuel retour de la gauche aux prochaines présidentielles.

Pour que les choses changent réellement il faudra que la colère se manifeste dans la rue, par la grève, par un nouveau mai 68, par une vague sociale plus profonde encore. Cette colère que nous sommes des millions à ressentir, comme l’a montré le miroir pourtant bien déformant et bien confus du référendum.

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