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Accueil > Éditos de bulletins > 2005 > avril > 4

Pas de quoi pleurer

Depuis la mort du pape, les médias nous abreuvent d’hommages à son action passée. Le chagrin serait universel, le pape serait un bienfaiteur de l’humanité, nous lui serions redevables de la « paix » et de la « liberté ». Mais quitte à faire sa nécrologie, autant donner des faits.

L’homme de la liberté ?

En 1973, le général Pinochet prit le pouvoir au Chili par un coup d’Etat : les espoirs de justice sociale furent noyés dans le sang de dizaines de milliers de victimes. Nommé pape en 1978, Jean Paul II n’a jamais remis en cause les liens entre le haut clergé et la dictature militaire, ni au Chili ni dans le reste de l’Amérique Latine. En 1987, 150 prêtres et religieux chiliens engagés contre Pinochet furent désavoués par le Vatican. En 1993, le pape envoyait au général Pinochet félicitations et bénédiction apostolique. Lorsque Pinochet se retrouva en butte à des poursuites engagées par les proches des victimes de torture, le soutien pontifical ne se démentit pas. En 1999, le cardinal Medina, une des plus hautes autorités du Vatican, reconnaissait que le pape était engagé dans des « démarches discrètes à tous les niveaux » en faveur de Pinochet.

Jean-Paul II ne faisait ainsi que s’inscrire dans la longue collusion entre le Vatican et l’extrême droite internationale, unis dans la même défense de l’ordre social existant avec ses privilèges et sa morale réactionnaire. Le Vatican a autrefois bénéficié de l’arrivée au pouvoir de Mussolini qui renforça les pouvoirs du pape Pie XI par les accords du Latran en 1929. Bien qu’informé du génocide perpétré par les Nazis, le pape suivant Pie XII se garda bien de toute intervention ou prise de position contre la barbarie hitlérienne. Des décennies plus tard, Jean-Paul II a bafouillé des excuses à l’égard des Juifs, mais c’était très, très tard.

L’homme de la paix ?

Rôle peu glorieux au Rwanda. Dans ce pays, l’Eglise catholique était puissante et entretenait des liens étroits avec la dictature de Juvénal Habyarimana qui formait ouvertement des miliciens en vue du génocide des Tutsis. Lorsqu’un million de ces derniers furent atrocement massacrés au printemps 1994, le pape n’a nullement tenté de jouer de son influence pour peser sur les évènements. Au contraire, le Vatican se porta au secours de nombreux prêtres et religieuses qui trempèrent dans le génocide : une vérité qui a éclaté notamment lors du procès de 4 religieux à Bruxelles en 2001, lesquels ont avoué que les congrégations catholiques les avaient aidés à se soustraire à la justice.

L’homme du progrès ?

On oublie trop souvent que « Jean Paul II » ne porte un numéro, comme Louis XVI ou Nicolas II, qu’en raison du caractère monarchique du Vatican (mis à part que ce n’est pas de père en fils !). Mais ce n’est pas seulement par son nom que le pape se rattache au moyen âge : c’est aussi et surtout par ses idées.

Comme ses prédécesseurs, Jean-Paul II s’est fait le promoteur d’une conception rétrograde du rôle de la femme, vouée au rôle de procréatrice et de mère au foyer. Pour empêcher les femmes - et du même coup les hommes aussi - de vivre librement leur sexualité, l’Eglise continue de combattre contraception et IVG. Jusqu’à aujourd’hui ! Les commandos anti-avortement qui n’hésitent pas à agresser le personnel médical les armes à la main ont encore reçu le soutien ouvert de Jean-Paul II lorsque celui-ci, en février 2004, rendit hommage à leur chef de file, le « professeur » Jérôme Lejeune. Quelques semaines avant sa mort, le pape intensifiait la propagande anti-préservatifs de l’Eglise. Ce qui, au moment où la pandémie mondiale du SIDA se développe, revient à porter une part de responsabilité dans la contamination et le décès de millions de personnes, enfants compris.

Reste la fable du prétendu « rôle clé du pape dans la chute du communisme ». Comme si au contraire, Karol Wojtyla (alias Jean-Paul II) n’avait pas été au nombre de ces éminences catholiques qui ont pactisé avec les dictatures mises en place par Staline dans les pays de l’Est.

On voudrait nous faire oublier tout cela ?

Tractations et luttes de pouvoir (et de gros sous) entre les cliques qui règnent sur l’Eglise vont déterminer qui sera le successeur de Jean-Paul II. Deux choses sont sûres : il n’apportera rien aux pauvres et aux opprimés de la planète et… ce ne sera pas une femme !

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