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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 112, mars-avril 2017

États-Unis

Trump satisfait tous les souhaits de la bourgeoisie, les démocrates font mine de s’y opposer

5 avril 2017 Convergences Monde

Après deux mois d’administration Trump, la façon dont cette dernière compte défendre les intérêts de la bourgeoisie américaine apparaît plus clairement. D’un côté, un mélange d’exonérations fiscales accordées aux grandes entreprises, d’augmentation des dépenses militaires, d’énormes coupes budgétaires dans les services sociaux. De l’autre, une politique réactionnaire antisociale, anti-immigrés destinée à attiser la peur et la xénophobie au sein de la population. Une politique qui a été largement commentée en France.

Mais, jusqu’à maintenant, même si le ton de l’administration est bien davantage haineux et nationaliste, il n’y a pas rupture radicale avec la politique menée par l’administration Obama au cours des huit dernières années. Tout peut changer mais, pour l’heure, l’administration Trump se place dans la continuité de celle d’Obama, avec certaines aggravations dans quelques cas.

Les démocrates prétendent faire de la résistance

Depuis l’intronisation de Trump en janvier, le Parti démocrate a opéré un léger ravalement de façade. Il s’est efforcé de canaliser la colère et le mécontentement envers l’administration Trump dans le but d’obtenir de meilleurs résultats aux élections de mi-mandat en 2018.

Tout d’abord, afin d’attirer ceux qui avaient voté pour le sénateur Bernie Sanders, les démocrates ont autorisé ce dernier à constituer une organisation semi-indépendante, Our Revolution (« notre révolution »), dont le nom vient des discours de campagne de Sanders sur la nécessité d’une « révolution politique contre la classe des milliardaires ». Cette organisation a organisé des rassemblements et des débats publics avec Sanders à travers le pays, visant les endroits où les démocrates avaient cédé la majorité aux républicains. Dans ses discours, Sanders invite son auditoire à « rejoindre le mouvement » et à « reprendre le pouvoir », ce qui ne signifie rien d’autre qu’œuvrer à l’élection des démocrates.

Ces derniers ont tenté de détourner à leur profit les espoirs et l’énergie militante que les grandes marches de femmes de janvier ont suscités. Ils ont repris à leur compte le nom officiel Women’s March pour lancer un site internet (www.womensmarch.com) et proposer 10 actions pour les 100 premiers jours de l’administration Trump. En utilisant leurs puissants moyens organisationnels, ils ont efficacement donné aux gens le sentiment de s’organiser collectivement tout en les orientant vers le Parti démocrate : courriers adressés aux élus, réunions de quartier, grands rassemblements nationaux, avec, toujours, la recommandation de se tenir prêts à voter démocrate.

Ils ont aussi mis en place un autre mouvement, nommé Indivisible, qui, à l’instar des groupes de la marche des femmes, organise des réunions, de quartier ou à l’échelle d’une ville, pour permettre au public de rencontrer les élus et discuter des politiques menées, mais toujours en vue des prochaines élections. À ces réunions, ils proposent, entre autres, de se joindre à eux pour se rendre dans les États et les comtés où les démocrates ont cédé la place aux républicains aux dernières élections et de faire campagne pour eux aux élections de 2018.

Les démocrates promettent beaucoup mais ne changent rien

Les démocrates ont monté en épingle la récente élection d’une nouvelle direction, censée être la traduction des ‘changements’ survenus dans le parti. L’aile qui s’était regroupée derrière Sanders a soutenu la candidature de Keith Ellison, du Minnesota. Celui-ci a mené une campagne semblable à celle de Sanders, promettant de grands changements. Mais l’appareil dirigeant, avec l’appui de poids lourds comme Obama ou les Clinton, a conduit l’offensive contre Ellison, invoquant des désaccords fictifs, pour assurer l’élection d’un des leurs. Pour finir, Ellison a été battu par Tom Perez, un vieux routier de l’appareil du parti. Même s’il ne s’agissait que d’une élection interne, cela montre en tout cas que le Parti démocrate n’a absolument pas l’intention de permettre dans le parti les initiatives qui se font jour autour de Sanders.

Le but réel de l’activité récemment déployée par le Parti démocrate est clairement apparu à l’occasion de ces élections : neutraliser tout mouvement indépendant de contestation et le canaliser dans le système électoral afin d’assurer la pérennité d’une politique servant les intérêts de la bourgeoisie.

La diversion russe

Avec l’aide des grands médias américains, le Parti démocrate s’efforce de créer un climat d’hystérie autour de l’ingérence supposée de la Russie lors des élections de 2016. Même s’il n’a présenté aucune preuve, le Parti démocrate y a trouvé une façon commode de faire diversion. Cela lui permet de ne pas évoquer les raisons de son échec aux élections – dû à l’aggravation de la situation de la plupart des travailleurs – et d’en attribuer la cause à la prétendue ingérence russe. Cela leur permet aussi de s’attirer les bonnes grâces d’un certain nombre de politiciens en vue, y compris républicains, et de certaines agences gouvernementales qui considèrent que l’attitude de l’administration Trump vis-à-vis de la Russie est trop conciliante.

Pour l’instant, la stratégie des démocrates a l’air de fonctionner. La contestation de Trump de janvier dernier a baissé en intensité au cours du mois écoulé à cause d’une certaine lassitude à contester chaque nouvelle proposition de l’administration Trump, faute d’une politique cohérente pour organiser cette contestation. La conclusion logique de la stratégie du Parti démocrate est de s’en remettre passivement aux prochaines échéances électorales.

Il est en fait trop tôt pour dire si cette stratégie fonctionnera jusqu’au bout : la politique de l’administration Trump s’attaque à la majorité de la population du pays et l’impasse où conduit la politique du Parti démocrate pourrait bien apparaître au grand jour. Cela ouvrirait des possibilités pour un mouvement de contestation plus vaste.

20 mars 2017, Marcus LISSEY

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