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Pour que le 16 octobre soit un succès

15 octobre 1999

A quelques jours de la manifestation du 16 octobre, tous les militants et les sympathisants d’extrême gauche doivent mettre à profit le peu de temps qui reste pour en faire non seulement une démonstration la plus massive, mais aussi la plus claire possible quant à ses objectifs, c’est-à-dire empêcher réellement le chômage et les licenciements.

Il est évident que les buts poursuivis par les partis et organisations qui y appellent ne sont pas tous les mêmes. Pour Robert Hue et les dirigeants du PCF - à l’origine de cet appel - il leur suffirait en « protestant contre les licenciements » dans la rue, à la fois de s’être démarqué du Parti Socialiste, d’avoir ravi aux Verts la palme de la critique au sein du gouvernement, de faire la preuve d’une certaine capacité à entraîner l’extrême gauche sur son terrain et ainsi de tenter de rattraper ses militants et ses électeurs mécontents. En particulier ceux qui regardent du côté de Lutte Ouvrière et de la Ligue Communiste Révolutionnaire, et pourraient se retrouver dans l’expression d’une politique de classe, comme un certain nombre d’entre eux l’ont déjà fait à l’occasion des dernières élections européennes.

Une journée sans lendemain suffirait sans nul doute au bonheur de Robert Hue et des dirigeants de son parti. Ils pourraient sans état d’âme, quelques jours après, laisser passer sinon carrément voter la loi Aubry, après quelques concessions de détail accordées par Jospin, ne remettant en tous cas pas en cause le fond de cette loi anti-ouvrière.

La manifestation du 16 octobre, s’ils parvenaient à la limiter à un certain cadre, ne nuirait en tous cas en rien aux préoccupations électorales des partis de la « gauche plurielle » qui, plus d’un an et demi avant l’échéance, préparent déjà les municipales. C’est d’ailleurs pourquoi François Hollande a tenu à affirmer que la manifestation avait « parfaitement sa légitimité », que les Socialistes « ne faisaient pas de pari sur son échec » et que les divergences sur ce rassemblement ne devaient pas altérer les rapports entre les deux partis, « notamment pour la préparation des municipales ». Ce n’est pas parce que le PS ne s’associe pas aux initiatives du PCF, qu’il renonce à en tirer parti.

Quant à Jospin, il a apporté à sa façon son aide à Robert Hue en refusant de voir dans la décision de la CGT à ne pas appeler, un échec pour le secrétaire du PCF, en la considérant seulement, tout comme lui, comme « un pas de plus » dans l’indépendance du syndicalisme.

Drôle d’indépendance en réalité, entièrement au bénéfice de Jospin. Car, si Thibault et la commission exécutive confédérale de la CGT ont évoqué pour justifier leur refus, le prétexte « d’une initiative dont les caractéristiques sont, dans les circonstances présentes éminemment politiques », ils ont surtout choisi de ménager leur situation de principal interlocuteur du gouvernement, et ils n’ont pas rechigné à amener ainsi de l’eau à son moulin. Mais ça n’est pas de la politique... non !

De même d’ailleurs que tous ceux qui, comme les dirigeants de AC ! du DAL, de la CNT de SUD et d’autres, au nom de « l’indépendance du mouvement social » et en proclamant « non à la récupération », ont tenu à claironner la non participation de leur organisation à la manifestation. Quels que soient les arguments employés, en se prononçant ainsi, ils ont surtout été récupérés par le Parti Socialiste et Jospin.

Que la manifestation ne soit pas marquée par un ton trop anti-gouvernemental, c’est à quoi s’appliquent le Parti Socialiste de l’extérieur, les Chevénementistes et les Verts de l’intérieur, mais bien évidemment aussi le PCF lui-même. Ses dirigeants n’en finissent pas de répéter qu’elle n’est pas dirigée contre le gouvernement. Et si Robert Hue a accepté, pas plus tard que lundi dernier, l’invitation à déjeuner de Jospin, c’est bien pour montrer qu’on n’allait tout de même pas se fâcher pour si peu.

Comme si le gouvernement n’y était pour rien dans toutes ces suppressions d’emplois ; comme si avec sa loi Aubry, il ne les alimentait pas encore, tout en prétendant hypocritement les réduire ; comme si lui-même directement dans les entreprises publiques ne supprimait pas des milliers de postes ; comme s’il ne subventionnait pas les patrons licencieurs !

Alors oui dans cette manifestation contre le chômage et les licenciements, il faut faire entendre le plus fort et le plus clairement possible la voix de ceux qui veulent réellement interdire les licenciements, notamment en réquisitionnant les entreprises qui licencient et font des profits ; de ceux qui veulent une vraie réduction du temps de travail, sans annualisation ni flexibilité, avec embauches en compensation et sans baisse de salaire ; de ceux qui veulent faire cesser toutes ces subventions aux patrons et utiliser l’argent public pour créer des vrais emplois dans les services publics, là où il sont utiles ; de ceux qui veulent que ce soit les travailleurs eux-mêmes qui contrôlent les comptes de la bourgeoisie.

Oui il faut que nous soyons nombreux pour faire entendre haut et fort la voix de tous ceux qui veulent faire du 16 octobre le début d’un mouvement d’ensemble, la préparation d’une grève générale. Contre les patrons bien sûr, mais aussi contre le gouvernement qui les sert.

Louis GUILBERT

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