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Et maintenant le 9 juin

25 mai 2001

Sous couleur de « modernisation sociale » le Parlement s’affaire, au moment où nous écrivons, à réglementer les licenciements. Point d’illusion pourtant ! Toute l’action du gouvernement Jospin a consisté à aider de mille manières les patrons qui licencient et leur offrir en France une « terre d’accueil » pour leurs capitaux ! Alors si nous ne connaissons pas encore ses propositions exactes il ne fait aucun doute que Guigou n’envisage pas d’interdire les licenciements, pas même d’entraver sérieusement les décisions des trusts qui veulent se débarrasser d’une partie de leurs salariés pour accroître leurs bénéfices.

Heureusement pendant que nos députés débattent, dans la rue, à l’appel de la CGT, devant l’Assemblée nationale elle-même mais aussi dans de nombreuses villes de province, des salariés des entreprises qui licencient et d’autres, manifestent.

Cette journée du 22 mai aura donc été à l’image de ce qui se passe depuis quelques semaines dans le pays. Depuis que LU-Danone a donné le coup d’envoi et que la liste des plans sociaux et des suppressions d’emplois confirmées (plus de 1 300 ce lundi encore pour AOM-Air liberté) s’allonge chaque semaine. Mais depuis aussi que la mobilisation pour les contrecarrer a commencé.

Ce n’est déjà plus le combat isolé des travailleurs de chacune de ces entreprises des LU de Ris-Orangis ou de Calais, des Pechiney de Marignac ou des Alstom de Belfort. Une idée a fait son chemin, celle que la lutte contre les licenciements doit devenir une lutte d’ensemble. Dès le début, en manifestant ensemble les LU-Danone et les Marks and Spencer ont donné le ton. Et depuis chaque fois qu’il est possible des travailleurs d’entreprises et de secteurs différents se sont retrouvés dans la rue : la semaine dernière encore, à Londres, aux côtés des Marks and Spencer de toute l’Europe, les LU mais aussi ceux de la Samaritaine et de Monoprix. Et samedi, le succès de la manifestation des Moulinex à Alençon, avec des milliers de participants, tient autant au soutien régional qu’à la présence des LU, des Valéo, des Brandt, des Philips, et d’autres. L’action de la CGT ce 22 mai prolonge aujourd hui ce mouvement.

Le « tous ensemble » des travailleurs et de leurs organisations est nécessaire, il est vital pour mettre un coup d’arrêt à la vague de plans anti-sociaux avec ses 40 000 emplois supprimés. Mais il reste encore à l’organiser.

Voilà pourquoi des travailleurs et des syndicats de LU-Danone, Marks and Spencer, AOM-Air Liberté, puis d’autres comme Motorola ou Pechiney, ont lancé un appel à une grande manifestation nationale à Paris le 9 juin.

Bien loin de s’opposer aux actions syndicales, celles de syndicats comme celles de confédérations, cette initiative vise à permettre à tous de se retrouver dans un cadre unitaire. D’ailleurs nombre de syndicats locaux, régionaux et de fédérations l’ont compris et certains CGT, CFDT, FO mais aussi la FSU, SUD, le Groupe des Dix, la CNT appellent déjà.

Cette initiative est bien loin aussi de s’opposer à l’action des partis politiques, en particulier le PCF qui avait appelé le premier à une manifestation autour des LU de Calais, puis lancé de son côté, parallèlement aux LU de Ris-Orangis, l’idée d’une manifestation à Paris. Le PCF l’a d’ailleurs compris puisqu il lui a apporté son soutien dès le début, ainsi que des associations et partis (notamment la LCR, les Verts ou Lutte Ouvrière) auxquels les LU s’étaient adressés.

Malgré ces différents soutiens la mobilisation pour le 9 juin est un objectif d’importance qui n’est pas encore gagné. Le soutien des confédérations a été sollicité mais leur décision, notamment celle de la CGT, dépendra aussi du soutien et de la mobilisation des sections locales et des travailleurs en général.

Il s’agit donc de convaincre les salariés mais aussi nombre d’équipes militantes, notamment syndicales, que le combat pour interdire les licenciements concerne toute la classe ouvrière et toutes les organisations ouvrières. La vague de suppressions d’emplois touche non seulement les grands trusts mais aussi des dizaines d’entreprises petites et moyennes. Elle concerne des dizaines, des centaines peut-être d’entreprises sous-traitantes, comme c’est le cas autour de Péchiney, de l’Alstom ou des AOM-Air Liberté. Elle concerne tous les précaires comme on l’a vu avec les mille intérimaires licenciés à Citroën Rennes ou encore les 700 intérimaires menacés par l’arrêt de l’équipe de nuit à Renault Douai. Le 9 juin sera bien la manifestation de tous les précaires, des CDD, des contrats de qualification, des prestataires, des intérimaires et de tous les salariés sans garantie d’emploi, menacés à tout moment d’interruption de mission.

Elle sera enfin celle de tous ceux qui ont conscience que ces licenciements sont une pression inadmissible sur les salaires et les condition de travail de tous ceux qui gardent un emploi, une menace permanente pour tous. Car désormais il n’est plus question de croire que « la bonne santé des entreprises est la garantie d’emploi des salariés ». Ainsi, Renault, après avoir prix le contrôle de Nissan est en train de prévoir de nouveaux sacrifices pour ses salariés. Et Alcatel qui projette d’absorber le géant américain Lucent (ex-ATT) annonce 850 licenciements.

Seule une mobilisation massive nous permettra de mettre un coup d’arrêt aux licenciements et d’imposer leur interdiction. Bien sûr, tout ne sera pas réglé en une manifestation, loin de là. Mais le 9 juin peut être une étape décisive dans cette mobilisation générale des travailleurs. Il nous appartient de la construire.

Robert PARIS

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