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Ensemble, pour un programme de classe

18 novembre 2003

L’alliance entre Lutte Ouvrière et la LCR pour les prochaines élections régionales et européennes (qui doit encore être confirmée par le congrès de LO), dérange dans le monde politique. Les principaux porte-parole des partis de l’ancienne gauche plurielle, de Marie-George Buffet pour le PCF, à Marie-Christine Blandin pour les Verts, en passant par diverses personnalités du Parti socialiste, n’ont pas lésiné sur les critiques. Chef d’accusation le plus répété : Arlette Laguiller et Olivier Besancenot seraient des diviseurs (l’argument n’est pas neuf !), et choisiraient le sectarisme au moment où le danger lepéniste imposerait pourtant de se rassembler. Et les socialistes Julien Dray et Henri Weber, censés connaître l’extrême gauche pour l’avoir rapidement quittée quand ils étaient jeunes, d’en appeler jusqu’au programme de Trotsky pour combattre le fascisme. Dont ils ont retenu qu’il fallait que l’extrême gauche donne systématiquement une consigne de vote pour leur gauche gouvernementale au second tour ! Sans rire !

Premièrement, on nous affirme qu’il y aurait un danger du Front national plus menaçant qu’avant. Qui sait ? Mais force est de constater que l’ex-gauche gouvernementale qui l’agite n’y croit pas. Sinon ses dirigeants, primo expliqueraient clairement que le terreau pour les préjugés d’extrême droite est la misère qui ronge les quartiers populaires et les régions dévastées par le chômage et la disparition progressive de services publics et sociaux, secundo auraient avancé des mesures radicales pour y mettre fin et fait des propositions de riposte commune aux partis et aux syndicats. Et ils ne manquaient pas de moyens d’agir lors de leurs passages au gouvernement, ces 20 dernières années. Mais non. Ils ont laissé vivre et prospérer grassement les patrons et les riches, et abandonné les travailleurs aux rages, désespoirs et vieillesse de leur richissime ennemi Le Pen.

Certes, toute la classe ouvrière n’est pas vulnérable au racisme imbécile et à la démagogie sociale de l’extrême droite. Et Le Pen ne recrute pas ses électeurs dans les seuls milieux populaires. Mais sa percée, dès les premiers gouvernements de gauche des années 80, est bel et bien liée à la dégradation du sort des classes populaires, au profit des classes exploiteuses, pilotée par des gouvernements composés de socialistes et de communistes qui ont largement contribué à la démoralisation et dépolitisation générales. La gauche actuelle, qui prétend donner des leçons d’antifascisme à l’extrême gauche, ne répond pas davantage aujourd’hui aux besoins des classes populaires ni ne les aide à se défendre. Pas question de préconiser des mesures contre les patrons qui licencient et précarisent. Pas question de s’engager à revenir sur les scélératesses contre les retraites, la santé, les loyers, les transports, les minima sociaux. Les socialistes, avant la débine électorale de Jospin, avaient repris à leur compte la démagogie sécuritaire pour tenter de concurrencer le Front national sur son terrain (et de façon subsidiaire, Julien Dray s’était fait le « Monsieur Sécurité du PS » pour mieux ambitionner un poste de ministre de l’Intérieur). Mais un certain 21 avril 2002 a cassé le projet et tout ce beau monde en a été réduit à masquer ses lourdes responsabilités derrière l’épouvantail lepéniste auquel il ne croit pas.

Ce n’est pas sur un terrain électoral qu’on combat le fascisme, et on n’en est pas encore là. Mais c’est d’abord sur un terrain politique, en offrant des perspectives de classe aux travailleurs. Les campagnes des régionales et des européenne de 2004 sont pour LO et la LCR une occasion, d’une part d’affirmer la légitimité de mesures radicales contre la paupérisation des travailleurs, dont la réquisition, la confiscation, le contrôle d’une partie du capital ; d’autre part de condamner la politique de régression sociale du gouvernement actuel, qui prolonge de façon musclée et zélée celle des gouvernements de gauche antérieurs. Julien Dray se flatte d’ailleurs d’avoir su « mettre les mains dans le cambouis » !

Il faut pour les travailleurs un programme ambitieux, qui redonne le goût de lutter, de s’organiser, de gagner - tous ensemble dans les luttes et pas dans les salons de Matignon ! Ce programme de classe, c’est l’extrême gauche qui le défend. Oui, elle a la prétention de ne pas vouloir seulement piquer aux fesses les Julien Dray et autres, mais de devenir un pôle pour tous les travailleurs. Son programme s’oppose aussi bien à l’arrogance et aux mensonges des habituels partis qui gouvernent au service du patronat, qu’à la camelote mortelle du Front national. C’est un courant à part, que les partis de gauche auraient aimé pouvoir domestiquer, mais non. Il garde sa fière indépendance et n’est pas isolé, loin de là. Car il s’adresse à des millions de travailleurs qui écoutent et entendent.

Michelle VERDIER

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