Arlette Laguiller et Olivier Besancenot feront campagne ensemble

Lutte Ouvrière, le mouvement d’Arlette Laguiller (dont nous faisons partie) et la Ligue Communiste Révolutionnaire, celui d’Olivier Besancenot, ont mis au point un accord, sur un même programme, pour se présenter ensemble aux élections régionales et européennes du printemps prochain. Le congrès de la Ligue Communiste vient d’approuver à une très large majorité cet accord. Lutte Ouvrière se prononcera définitivement en début décembre, et son congrès devrait prendre la même décision.

Les deux organisations d’extrême gauche avaient totalisé près de 10 % des suffrages lors des dernières présidentielles de 2002. Elles s’étaient alors présentées séparément, tout en défendant le même programme : interdiction des licenciements, réquisition des entreprises qui font des bénéfices et licencient, contrôle des comptes des grandes entreprises, embauches massives dans les services publics, dénonciation de la politique anti-ouvrière de la droite comme de la gauche qui se relaient au gouvernement. Cela montrait une chose : le sentiment de révolte et de colère des classes populaires peut aussi s’exprimer de façon consciente, en refusant tous les préjugés agités par les démagogues d’extrême droite. Car se tourner vers l’extrême gauche, ce n’est pas faire confiance à un prétendu sauveur, ni s’en remettre aux fausses promesses des politiciens, mais c’est compter sur le meilleur des traditions ouvrières : les capacités d’organisation, de mobilisation et de lutte de la classe ouvrière contre le patronat et leurs représentants au gouvernement.

Or cela fait bien longtemps que le Parti socialiste et le Parti communiste ont renoncé à ces perspectives pour mieux s’installer dans le fromage gouvernemental ou en goûter les miettes.

Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire, quant à elles, sont deux organisations qui se réclament du communisme révolutionnaire, et qui sont d’autant mieux placées pour se dire communistes, qu’en tant que trotskystes, elles se sont toujours battues contre le stalinisme et le totalitarisme qui pesaient sur l’URSS.

Certes, tout en étant d’accord sur les buts fondamentaux, ces deux organisations ont certaines divergences - sur la façon de construire un parti ouvrier révolutionnaire ou d’envisager les relations avec d’autres courants plus ou moins réformistes. Des divergences inévitables et même normales au sein d’un mouvement révolutionnaire vraiment vivant.

Mais il est aussi notable que ces deux organisations se retrouvent du même côté de la barrière non seulement dans ce qu’elles défendent auprès des travailleurs, mais dans les luttes sociales. Lors des grèves du printemps dernier contre la réforme des retraites, non seulement les militants d’extrême gauche de LO comme de la LCR étaient à la pointe du mouvement, aussi bien chez les enseignants, les cheminots ou les postiers, mais ils ont pesé de la même façon pour la généralisation du mouvement et pour l’établissement de liens entre grévistes de différents secteurs. Cette première vague de grèves n’a toutefois pas réussi à faire reculer le gouvernement.

Depuis, les plans de licenciements se sont multipliés, le gouvernement fait assaut de cynisme contre les plus modestes et les plus pauvres. L’injustice sociale et l’arrogance patronale se font toujours plus insupportables. Il faudra bien que le monde du travail réagisse et se prépare à une deuxième manche. Nul doute que les militants d’extrême gauche y joueront un rôle notable. Et si LO et la LCR sont capables de se mettre d’accord pour défendre le même programme aux élections, elles ont autant de bonnes raisons pour s’entendre sur les objectifs prioritaires de la lutte de classe. Car si l’extrême gauche pèse dans les élections, cela veut dire qu’elle peut et doit peser autant dans les luttes. Autant de raisons d’espérer que le mouvement ouvrier trouve enfin sa relève dans une extrême gauche capable de s’unir quand il le faut, sans pour autant renoncer à ses idées, à aucune de ses idées.