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Le 25, ensemble pour les retraites : la risposte ouvrière peut partir de là !

vendredi 19 janvier 2001

En annonçant son intention de remettre en cause la retraite à 60 ans le MEDEF s’est livré à une véritable provocation. Et devant l’émotion qu’ils ont soulevée ses dirigeants en rajoutent encore en proposant que les patrons cessent depuis le premier janvier de payer les contributions à l’ASF. Or ce sont les patrons qui reversent les cotisations patronales comme salariales. L’ASF à sec, cela représenterait une perte sur la retraite de 22 % pour ceux qui la prennent à 60 ans et de 6 à 22 % pour ceux qui partent au delà de 60 ans.

L’attaque patronale est tellement directe et virulente que, une fois n’est pas coutume, toutes les confédérations syndicales appellent à refuser le diktat patronal, et proposent de faire du 25 janvier une journée commune d’action. Est-ce enfin le début d’une riposte ouvrière aux prétentions patronales de « refondation sociale » ?

Jusqu’ici, le patronat et le gouvernement complice ont, pour imposer leurs « réformes », les lois Aubry ou le PARE, bénéficié soit de l’appui de centrales syndicales comme la CFDT soit de réactions molles comme celles de la CGT ou de FO qui ont bien dénoncé les attaques patronales d’un côté mais pour blanchir le gouvernement de l’autre, et surtout sans organiser la riposte nécessaire.

Cette fois, officiellement, les confédérations syndicales sont unies et unanimes pour appeler à réagir. En fait, l’unité est de façade et les positions des dirigeants syndicaux sur la prétendue réforme des retraites sont très diverses. Il y a ceux qui admettent les arguments patronaux sur le fond comme la CFDT. Il y a ceux qui s’apprêtent déjà à reculer sur les exigences patronales, admettant d’avance que les patrons ne pourraient plus payer les retraites sous le prétexte de la baisse du nombre des actifs. Il y a ceux qui demandent à l’Etat de prendre le relais. Il y a ceux qui admettent le principe de la retraite à la carte, une manière d’aller dans le sens de ce que veulent les patrons. Cependant, pour l’instant, tous ont mis leurs différences de côté pour réagir ensemble, ce dont se félicitent bien des travailleurs.

Au vu des réactions déjà enregistrées dans les entreprises et les syndicats il est d’ors et déjà clair en effet qu’une fraction non négligeable des travailleurs est touchée et serait mobilisable. Pourtant il ne semble pas que les confédérations aient l’intention d’aller le 25 jusqu’à une journée de grève générale ni même une manifestation nationale. Même les plus en pointe, comme la CGT, en restent à séparer les différents problèmes et les diverses catégories au lieu de faire converger les manifestations : ainsi les fonctionnaires manifesteront le 18 pour les salaires alors que tous les autres sont appelés le 25 à le faire pour les retraites complémentaires (ce qui ne touche pas les fonctionnaires pourtant menacés eux aussi dans leurs pensions par le projet du gouvernement de faire passer le nombre d’annuités nécessaires de 37,5 à 40). Mais de toute évidence les centrales syndicales voulant ignorer le vrai rôle de ce gouvernement s’apprêtent à laisser à la journée du 25 l’allure d’une manifestation de soutien à celui-ci sous le prétexte que sa ministre Guigou dénonce le MEDEF... pour l’instant.

Baisser le coût de la force de travail

Pourtant il s’agit bien de l’offensive générale du patronat et du gouvernement pour baisser le coût de la force de travail. Les 35 heures ont été un moyen de bloquer les revendications salariales. Le PARE va permettre d’imposer des emplois mal payés aux chômeurs. La prime à l’emploi et le crédit d’impôts sont d’autres moyens d’éviter l’augmentation des bas salaires. Le refus par le gouvernement d’augmenter le SMIC va dans le même sens. Le partage des rôles entre le MEDEF et le gouvernement avait déjà été visible lors des négociations sur les 35 heures et sur le PARE. Il l’est encore avec l’annonce que le gouvernement attendra l’après élections municipales pour signer le PARE. Cela signifie que jusqu’aux élections, deux mois seulement, le gouvernement sera virulent contre les plans du MEDEF sur les retraites, pour donner son accord ces élections passées. Le MEDEF met la barre suffisamment haut pour gagner largement même s’il doit la rabaisser un peu. Il ne fait que fournir ainsi au gouvernement et à certains syndicats la possibilité de prétendre alors qu’ils ont obtenu des reculs du MEDEF. Belle opération de dupes !

Avec la reprise économique, patronat et gouvernement craignaient que les travailleurs revendiquent des augmentations. Et de fait, il y a en ce moment de nombreux mouvements épars sur les salaires. Une contre-offensive sérieuse sur les retraites ne pourrait que mener à une remise en cause de toutes les attaques récentes du patronat et du gouvernement sur les salaires, les retraites et l’emploi ! Car en cette période de profits élevés, les licenciements collectifs continuent. Vient de le rappeler l’annonce de la fermeture projetée de 10 usines par Danone, dont sept en France, et le licenciement de 3 000 salariés qui devraient perdre leur emploi simplement parce que Danone, dont les bénéfices ont augmenté de 13 %, juge le secteur des biscuits un peu moins rentable que le reste !

Alors oui, une contre-offensive ouvrière est indispensable et non une lutte défensive secteur par secteur. Il est donc important que le 25 de nombreux travailleurs se manifestent. D’abord évidemment pour dire, comme le leur demandent les confédérations syndicales, qu’ils n’acceptent pas le projet patronal sur les retraites. Mais également pour faire apparaître, dans tous les rassemblements et manifestations qui pourront avoir lieu, par leurs slogans, leurs banderoles et leurs pancartes, qu’avec les retraites ils veulent défendre aussi les emplois, les salaires et les droits des chômeurs ! Enfin pour dire aussi et surtout qu’ils ne veulent pas que cette mobilisation soit sans lendemain.

Robert PARIS