Brèves

Alors que le Vatican semble avoir remisé toute idée d’enquêter sur les crimes pédophiles dans l’Église espagnole, c’est le quotidien El País qui a pris le relais. Son enquête, qui porte sur 251 cas de pédophilie présumée par des membres du clergé, a été transmis au pape début décembre. Les faits incriminés auraient été commis entre 1943 et 2018 et ne sont sans doute que la partie visible de l’iceberg. Et on peut compter sur les très réactionnaires prélats espagnols pour tenter d’enterrer le dossier.

La journaliste chinoise Zhang Zhana a été récemment condamnée à quatre ans de prison pour « troubles à l’ordre public ». En mars 2020 elle avait abondamment filmé le début de la pandémie de Covid-19 dans la région de Wuhan montrant les crématoriums fonctionnant 24 heures sur 24, les hôpitaux surchargés, les cortèges de corbillards, etc. Cela contredisait bien évidemment la version officielle d’une épidémie légère et sous contrôle. Elle avait été arrêtée deux mois plus tard et depuis croupit en prison. Selon la chaine de télévision américaine NBC News elle est détenue les bras et les jambes attachés pour être nourrie de force. C’est l’illustration de la liberté d’expression façon Xi Jinping.

L’association Utopia 56 d’aide aux migrants a porté plainte contre les autorités maritimes françaises après la noyade de 27 migrants dans la Manche il y a trois semaines. Des plaintes identiques ont été déposées à Londres par des familles des victimes. Selon deux survivants du naufrage, les réfugiés avaient appelé sur leurs portables les services de secours des deux pays lorsque leur embarcation avait commencé à couler. Mais chacun s’était renvoyé la balle et personne n’était intervenu. D’où le lourd bilan. Il ne s’agit pas là d’un fait divers accidentel et tragique, mais d’un drame qui découle directement de la politique anti-migrants mise en œuvre par les différents pays européens, au premier rang desquels la France et la Grande-Bretagne.

Fitim Uka, un réfugié kosovar de 41 ans, s’est suicidé dans une cellule du sous-sol du tribunal judiciaire alors qu’il attendait d’être jugé en comparution immédiate pour son refus de quitter le territoire. Arrivé en France il y a une quinzaine d’année, il avait perdu quinze membres de sa famille dans les guerres civiles de l’ex-Yougoslavie. Le 13 décembre il avait refusé d’embarquer à bord d’un avion qui devait le conduire d’abord à Amsterdam puis à Pristina, la capitale du Kossovo. Psychologiquement fragile, longtemps sans domicile fixe, coupable de petits larcins, il avait des tendances suicidaires dont la justice avait refusé de tenir compte. Et finalement le droit d’asile lui avait été refusé. D’où la décision, prévisible, de se donner la mort dont les autorités se lavent les mains. Comme d’habitude…

Aux applaudissements de Le Pen et de Zemmour, Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, vient de décider de retirer la subvention de 2,7 millions d’euros que verse la collectivité régionale à l’Institut d’études politiques (Sciences Po) de Grenoble. Le crime de cet établissement universitaire : avoir suspendu pour quatre mois un enseignant d’allemand, Klaus Kinzler, qui, à plusieurs reprises, a tenu des propos islamophobes devant ses étudiants et diffamatoires à l’égard de ses collègues. Et il s’en vantait même en signant ses e-mails « un enseignant “en lutte”, nazi de par ses gènes, islamophobe multirécidiviste ». Aussitôt les chœurs de la droite et de l’extrême droite réunis ont crié à « l’islamo-gauchisme » et à « la chasse aux sorcières ». Quant au professeur raciste, il se répand dans les médias réacs, allant de CNews au Figaro, pour conter ses malheurs et trouve un peu partout des oreilles complaisantes. Triste époque.