Alors que les élections législatives approchent au Canada, une question s’est invitée dans la campagne : doit-on brûler les livres racistes, ou jugés comme tels, notamment à l’encontre des Autochtones, c’est-à-dire des Indiens et des Inuits ? C’est un reportage de Radio Canada qui a soulevé le lièvre mardi 7 septembre en signalant qu’en 2019 le Conseil scolaire catholique de Providence, dans le sud-ouest de l’Ontario, avait fait un autodafé (c’est-à-dire envoyé au bûcher) d’une trentaine de titres jugés « inappropriés » lors d’une « cérémonie de purification par la flamme ». Outre le fait que les autodafés (littéralement les « actes de foi ») rappellent de très mauvais souvenirs, depuis l’Inquisition jusqu’aux nazis, on ne voit pas en quoi brûler des livres aiderait à faire disparaitre le racisme, à l’égard des Autochtones ou de tout autre groupe humain. L’ethnologue huronne Isabelle Picard, conseillère aux affaires autochtones pour Radio-Canada, et autrice du reportage, a précisé : « Tous mes amis autochtones qui relaient cet article semblent contre cette pratique… On oublie toujours qu’on veut une démarche de vérité et réconciliation. La vérité, ça passe par la re-situation du passé dans ce qu’il a de plus dur. Si on efface le passé, il n’y a pas de réconciliation possible. » Et, pour conclure, l’opinion de Jean-Philippe Uzel, spécialiste universitaire de l’art autochtone : « Brûler des livres, c’est réécrire l’histoire. Et le faire devant des enfants dans un but éducatif, c’est une aberration totale. »
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