C’est le titre d’une tribune de médecins parue dans le Monde du 28 mars. Aujourd’hui, l’Agence régionale de santé ordonne aux hôpitaux de libérer des lits pour le Covid. On gérait déjà la pénurie avant la crise, l’équation est désormais impossible à tenir expliquent les signataires : « Pour chaque patient Covid soigné durant une quinzaine de jours dans un de ces lits “éphémères”, on estime qu’environ 150 patients ne seront pas opérés. Si certaines interventions peuvent attendre, d’autres le peuvent moins, notamment la chirurgie du cœur ou celle des cancers… »
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Brèves
Lundi 29 mars 2021 [Choix de date]
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Après la première vague, Véran l’avait juré : « C’en est fini du dogme de la réduction des lits. » Un an après, les embauches promises ne sont pas arrivées. Pire, certains renforts Covid n’ont pas été payés !
La vérité, c’est que les projets de réduction de coûts, et donc de lits et de personnel, se poursuivent à Paris, à Nantes, à Caen, Marseille ou Nancy… avec 100, 200, 300 suppressions de lits à chaque fois.
On demande aux hospitaliers de faire plus avec moins. Dans des services, la pénurie de personnel fait que les soignants déjà surchargés se retrouvent à faire les tâches des aides-soignants, secrétaires et assistantes sociales, alors que celles-ci enchaînent les CDD sans perspectives de titularisation.
Mots-clés : Hôpital
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Alors que les médecins dénoncent la saturation en cours des services de réanimation qui va se concrétiser par une politique de « tri » massive entre les malades à l’arrivée, il faut rappeler que ce tri a lieu depuis le début de la pandémie. Lors du premier confinement, on a retardé des milliers d’opérations chirurgicales, de dialyses, etc. Si l’on ignore encore le coût humain de cette politique de mise en concurrence entre les patients Covid et les autres, elle a fait que les hôpitaux ne sont jamais revenus à une activité normale, malgré l’accalmie de l’été. Sans compter le tri qui a consisté à laisser les personnes âgées dans les Ehpad mourir par dizaines de milliers.
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La commission chargée d’étudier les archives concernant le rôle de la France dans le génocide des tutsis a remis son rapport final le 26 mars. Sans surprise, il n’apporte aucun élément nouveau et laisse de nombreuses zones d’ombre.
Son « honnêteté » a été saluée, y compris par Hubert Védrine, secrétaire général de l’Élysée de l’époque. Et pour cause, conclure sur les « responsabilités, lourdes et accablantes » de l’État français, c’est surtout une façon de nier la réelle « complicité » avec les génocidaires, puisque son action n’aurait été dirigée que par son « aveuglement ».
Il n’était pourtant pas si aveugle quand il livrait ses armes, laissait passer les tueurs hutus ou facilitait la fuite des génocidaires vers le Congo.
Mots-clés : Rwanda
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C’est le message délivré depuis le 24 mars par le ministère de l’Éducation nationale. Pourtant, dans certains départements, il n’est pas rare de rencontrer des taux d’incidence Covid de l’ordre de 2 500 pour 100 000 chez les élèves, des dizaines de profs et d’encadrants absents ou des établissements qui ne sont pas nettoyés parce que les équipes sont malades ou cas contacts. C’est dans un département populaire, comme le 93 (Seine-Saint-Denis), que la situation est la pire.
Pour l’institut Pasteur, les parents de collégiens ou de lycéens ont entre 27 % et 29 % de chances supplémentaires d’attraper le virus. Mais, pour Blanquer ce risque représente « bien peu de choses ».
Où est la campagne massive de tests promise ? 300 000 déployés en trois semaines… pour plus de 12 millions d’élèves ! Autant dire que personne n’en voit la couleur.
Comme en novembre, les droits de retrait se multiplient et ce sont les enseignants qui imposent d’ores et déjà les fermetures de classe qui n’ont rien d’automatique aux yeux du gouvernement pour qui l’école est surtout la garderie du Medef !
Mots-clés : Enseignement | Santé
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Nantes : livreurs en colère
29 mars 2021 Brève Entreprises
À Nantes, les livreurs Uber Eats et Deliveroo se mobilisent contre un arrêté de la mairie PS-Verts-PCF interdisant aux scooters thermiques d’accéder aux voies piétonnes. Laisser les scooters hors du centre-ville, c’est diminuer le nombre de courses, et donc les recettes. La plupart ne gagnent pas plus de 30 à 40 euros bruts par jour. Avec les remboursements des prêts, les taxes… et les amendes qui pleuvent depuis le nouvel arrêté, il leur est impossible de gagner leur vie. Les livreurs luttent aussi contre les exploiteurs des plateformes qui imposent des tarifs au rabais, et répriment les grévistes. Plusieurs journées de grève ont permis la création d’un collectif, dirigé par les livreurs en lutte. Leur détermination pourrait servir d’exemple à d’autres ailleurs en France…
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L’accident du porte-containers géant Ever Given, qui bloque le canal de Suez, par où passe plus de 10 % du commerce maritime mondial, a paralysé des centaines de navires, affolant les marchés financiers : les prix du pétrole ont, en une journée, bondi de 6 %, et le coût du fret de 10 % à 15 %.
Ce que révèle cet accident, c’est l’aberration d’une production à flux tendu, d’une mondialisation sauvage où l’émiettement de la production fait faire quatre fois le tour du monde à un smartphone, entre la conception, la collecte des matières premières, l’assemblage et la distribution. La recherche du profit maximum… s’enlise parfois dans les sables.
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Ce samedi 29 mars, un rassemblement d’une centaine de personnes et une grève d’une vingtaine de salariés avait lieu à Chronodrive, dans la région toulousaine, pour protester contre le licenciement de Rozenn. Étudiante, travaillant à Chronodrive en plus de ses études, elle a dénoncé auprès de ses collègues le harcèlement sexuel dans son entreprise.
La direction la licencie pour faute grave sous prétexte qu’elle a posté un tweet sur le gaspillage alimentaire de l’entreprise. En réalité, c’est parce qu’il s’agit d’une militante qui la dérange que la direction la licencie.
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Depuis la semaine dernière, au Royaume-Uni, c’est aux cris de « Kill the Bill », à bas le projet de loi, que les manifestants sont descendus dans la rue dans les grandes villes contre la loi que le gouvernement britannique veut faire passer et qui restreint considérablement le droit de manifester tout en accroissant les pouvoirs de la police.
Ce week-end, les manifestants ont été violemment réprimés, comme à Bristol dimanche.
En pleine crise économique et sanitaire, alors que la colère grandit, le gouvernement voudrait étouffer la protestation contre sa politique. Pas dit qu’il réussisse !
Mots-clés : Royaume-Uni
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Le prisonnier politique américain Mumia Abu-Jamal est malade du Covid. Il aurait perdu dix kilos en dix jours. Victime de négligences des soins médicaux en prison, il est aujourd’hui dans une situation critique.
Mumia Abu-Jamal est accusé à tort d’avoir tué un policier lors d’un banal contrôle en 1981. Il avait rejoint le Black Panther Party à quinze ans, avant d’animer une radio contestataire. Il est aujourd’hui un symbole du racisme et de l’écrasement des militants politiques noirs par l’État américain.
Malgré les très nombreuses incohérences de son dossier d’accusation, « la justice » l’a condamné à mort en 1982 : une greffière avait témoigné avoir entendu le juge déclarer qu’il allait « aider [la police] à faire griller ce nègre ».
Depuis 40 ans, les mobilisations politiques internationales lui ont permis à plusieurs reprises d’échapper à l’exécution. Il risque aujourd’hui la mort par manque de soins. Des campagnes de soutien pour Mumia Abu-Jamal sont en cours aux États-Unis et dans le monde entier, plus d’informations sur celles-ci peuvent être retrouvées sur mumiabujamal.com.
Mots-clés : USA
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8 000 respirateurs fabriqués pour rien
29 mars 2021 Brève Entreprises
C’est ce que reconnaît un article du journal Challenges cette semaine. Il y a un an, gouvernement, Medef et télé nous chantaient qu’un consortium de « champions nationaux », avec Air Liquide, PSA, Schneider Electric ou Valeo, allait produire 10 000 respirateurs « à prix coûtant » (3 000 euros pièce quand même), pour la santé publique et la souveraineté nationale.
Seulement voilà, comme tout le monde le savait déjà à l’époque : seuls 1 500 étaient utilisables contre le Covid-19. Les autres étaient au mieux utilisables dans une ambulance, mais « si vous vous en servez pour un syndrome respiratoire aigu, vous avez un risque de tuer le patient au bout de trois jours », disait un anesthésiste.
Ces respirateurs « dorment aujourd’hui dans les placards des hôpitaux » dit l’article. Les industriels se sont fait de la pub grâce au gouvernement, en empochant 30 millions au passage. De l’argent public qui aurait pu servir à fabriquer des respirateurs… utiles aux hôpitaux.
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Le 27 mars est le « jour des forces armées » en Birmanie. La junte au pouvoir a fait défiler à cette occasion tout un arsenal militaire pour intimider la population.
Cela n’a pas empêché de nouvelles manifestations. La répression a été féroce faisant 90 morts. Il s’agit de la journée la plus sanglante depuis le coup d’État du 1er février où l’armée a pris le pouvoir en écartant le parti de la Présidente, Aung San Suu Kyi, qui avait obtenu 80 % des suffrages.
À la révolte de la jeunesse contre les militaires, les travailleurs ont fait écho, participant massivement par leurs grèves et les manifestations à la lutte contre le régime militaire.
Mots-clés : Birmanie
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Les universités craquent faute de moyens et de postes ? Détresse et pauvreté battent des records chez les étudiants ? La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, connaît ses priorités : la dénonciation d’un soi-disant « islamo-gauchisme » qui « gangrène » l’université. Certains enseignants-chercheurs suspectés d’« islamo-gauchisme » voient même leur nom – et parfois leur photo et leur adresse ! – publiés sur des sites d’extrême droite.
Dans les années 1930, les antisémites fascisants français qualifiaient de « judéo-bolchéviques » les intellectuels communistes. Aujourd’hui, une ministre macronienne désigne comme « islamo-gauchistes » des enseignants et des chercheurs étudiant le racisme (antimusulman notamment) et, plus généralement, les multiples dominations produites par le capitalisme. Les mots changent, mais la sale petite guerre idéologique des chiens de garde du système demeure. Des milliers d’universitaires réclament la démission de la ministre. Elle ne l’a pas volé.