Blouses blanches en colère noire contre le retour à l’anormal !
16 juin 2020 Éditorial des bulletins L’Étincelle Politique
« Patriotisme républicain », c’est le nouveau mot d’ordre de Macron, faisant appel dans son discours de dimanche soir à tout ce qu’il y a de plus rance dans le champ politique, pour rassembler derrière son projet de « retour au travail ». « Dès demain », tout doit redémarrer… sauf les rassemblements, qui resteront « contrôlés ». La réponse n’a pas tardé, elle est venue des salariés de la santé en force dans la rue le 16 juin avec leurs soutiens : non seulement le virus de la contestation n’est pas canalisé mais une étape de plus est franchie dans le bras de fer avec le pouvoir.
En guise de retour à la normale, il faudrait « travailler plus, produire plus »… Air connu.
Mais qui va travailler plus ? Les 15 000 salariés de Renault menacés de perdre leur emploi ? Les milliers de travailleurs licenciés dans l’aéronautique ? Ces suppressions de postes sont encouragées par le gouvernement qui distribue des milliards aux entreprises qui licencient. Quand Macron parle de « tout faire pour éviter au maximum les licenciements », c’est un chantage à l’emploi qu’il adresse aux salariés pour leur imposer réductions de salaire, flexibilité et augmentation du temps de travail.
Les ouvriers de Renault n’ont pas attendu le discours de Macron pour prendre leurs affaires en main. Sur tous les sites menacés, ils ont fait plusieurs journées de grève et de manifestation, n’obtenant pour le moment que de vagues promesses de non-fermeture. La lutte n’en est qu’à ses débuts. La direction cherche à mettre les travailleurs en concurrence pour leur emploi. Il faudra au contraire se mobiliser tous ensemble, travailleurs de chez Renault, mais aussi des autres entreprises qui licencient.
« Pour détruire le racisme, renversons le capitalisme »
Alors que des jeunes, par dizaines de milliers, se sont encore rassemblés samedi un peu partout en France contre le racisme et les violences policières, Macron a préféré couvrir les agissements de la police. Dans son discours, il s’est adressé en priorité à l’extrême droite en dénonçant le « communautarisme » et un prétendu « séparatisme ». Que de larmes versées sur quelques statues de héros du colonialisme ou de la traite des Noirs, qu’on aurait envie de déboulonner ! Pas un mot pour les victimes du racisme.
Unifier les colères
Tout à son autosatisfaction sur la gestion de la crise sanitaire, Macron a osé prétendre que « l’ensemble des malades qui en avaient besoin ont pu être pris en charge ». Un mensonge éhonté pour faire oublier le manque de moyens et de personnel dans les hôpitaux et les Ehpad. Mais plus question pour les hospitaliers d’accepter les bas salaires et les conditions de travail dégradées. Leur mobilisation a repris le 16 juin : ils sont descendus nombreux dans les rues de plus de 220 villes. Chaque hôpital, clinique ou Ehpad avait son cortège de salariés en colère. « Ségur = imposture » indiquaient les pancartes : cette négociation bidon lancée par Macron sert en réalité à préparer une nouvelle attaque, avec un retour aux « 39 heures » destiné à imposer de nouvelles suppressions d’emplois.
Les revendications des hospitaliers ont été chantées haut et fort dans tout le pays : arrêt des suppressions de postes, 300 euros d’augmentation par mois pour toutes et tous, des centaines de milliers d’embauches pour alléger la charge de travail. Ces revendications sont celles de tout le monde du travail, ainsi que de sa jeunesse que le cours actuel de la crise condamnerait sans cela au chômage.
« Hôpital asphyxié – I can’t breathe » pouvait-on lire sur une banderole en référence au mouvement de la jeunesse contre le racisme. C’est toute la société qui étouffe sous le poids du grand capital. Le bras de fer est engagé. Le camp d’en face est déterminé mais si les colères s’unifient, contre les licenciements, contre le racisme et pour les services publics, le monde du travail peut l’emporter.
Mots-clés : Hôpital