Tout le monde fait davantage confiance aux virologues, urgentistes et biologistes pour nous dire quoi faire qu’à des politiciens qui n’y connaissent rien. Le pic n’est pas atteint, mais les hôpitaux sont déjà au point de rupture.
Un service de santé exsangue
Dans le Haut-Rhin, on en est à choisir les malades pouvant être accueillis en service de réanimation : médecine de guerre, comme en Italie...
Les hôpitaux manquent de tout. Le fonctionnement repose sur le dévouement de personnels épuisés qui multiplient les services d’astreinte : si un soignant est atteint, personne pour le remplacer. Et prévoir des lits pour les malades atteints est un casse-tête alors que, depuis des années, l’administration ferme des lits et supprime des postes. On voit le résultat.
Des mesures de protection... des entreprises
Le gouvernement pousse au télétravail ou, quand c’est difficile, au chômage partiel pour lequel a été annoncée une augmentation de la participation de l’État : Muriel Pénicaud s’est engagée à prendre en charge l’intégralité du chômage partiel – mais le salarié, lui, ne percevra toujours que 84 % du net. Le chômage partiel ne coûtera donc rien aux patrons, mais le salarié y perdra 16 % de son salaire...
Pour la garde d’enfants, un parent sur les deux est autorisé à être mis par l’entreprise en congé-maladie. Une mesure qui, là encore, ne coûtera pas grand-chose aux entreprises puisque c’est la Sécurité sociale qui paiera l’indemnité journalière.
Quant aux travailleurs à statut précaire – intérimaires, CDD, saisonniers, auto-entrepreneurs –, rien n’est prévu. Muriel Pénicaud a simplement différé l’application de la réforme de l’indemnisation chômage, catastrophique pour les chômeurs. Heureusement !
Les gouvernements protecteurs des patrons
Pour se porter au secours des patrons, les gouvernants ne regardent donc pas à la dépense. En Allemagne, ce sont... 550 milliards d’euros – largement plus que le budget annuel de l’État – qui ont été promis : les entreprises peuvent demander des crédits sans limitation vers le haut. La banque centrale américaine allant jusqu’à 670 milliards d’euros pour tenter d’éviter un nouveau krach boursier. En France, la Banque publique d’investissement garantit des prêts à toutes les entreprises qui le demandent. Et le gouvernement accepte que les entreprises repoussent le paiement des cotisations sociales et des impôts sans aucun justificatif. Quand on pense que tous ces gens-là, il y a quelques jours, nous bassinaient avec quelques milliards de déficit des caisses de retraite pour dans plusieurs années... Quand il s’agir de se porter au secours des entreprises, l’État regarde d’autant moins à la dépense que c’est à nous qu’il présentera la facture ! Comme après 2008.
Les ouvriers : de la « chair à profits » ?
Le gouvernement a fermé tous les magasins « non indispensables à la vie du pays ». Pour des médicaments ou des pâtes alimentaires, on comprend. Mais le gouvernement se garde de prendre des mesures contraignantes vis-à-vis de l’industrie et des patrons en général. Muriel Pénicaud a ainsi « exhorté » les entreprises à ne pas licencier, insistant que la mise au chômage partiel ne leur coûterait rien.
Et, si PSA et Michelin viennent d’annoncer la fermeture de leurs sites, c’est autant parce que l’approvisionnement en pièces est défaillant dans la situation actuelle que pour se conformer aux recommandations générales de confinement. Mais toujours pas Renault – et en quoi la production de voitures est-elle indispensable au pays ?
Quelles garanties pour les travailleurs ?
Le gouvernement doit obliger les entreprises à payer intégralement tous les travailleurs contraints de rester confinés à la maison. Cela englobe tous les travailleurs en CDD ou intérim. Pas un seul travailleur ne doit perdre son emploi : il est urgent d’interdire les licenciements.
Il est urgent de réorienter les fonds (perdus) mis dans les crédits d’impôts et autres CICE vers les services publics, à commencer par les hôpitaux : plus que jamais, il faut faire droit aux revendications des personnels soignants de 300 euros par mois d’augmentation et d’un plan d’embauches massives.
Il faut arrêter toutes les productions qui ne sont pas vitales – construction automobile, bâtiment, aéronautique, logistique non destinée à l’alimentaire et à la santé, etc.
Il faut non seulement prolonger la période de trêve hivernale, mais décréter la possibilité pour les locataires d’obtenir « sur simple demande, sans justificatif » (comme pour les reports d’impôts et cotisations des patrons) un report du paiement des loyers et des charges locatives, quitte à ce que l’État prenne en charge le manque à gagner pour les propriétaires les moins fortunés (comme les travailleurs qui ont fait en sorte d’avoir un logement à louer pour financer leur retraite).
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