Halte aux ordonnances Macron contre le Code du Travail !
28 août 2017 Éditorial des bulletins L’Étincelle Politique
« Les Français détestent les réformes, il faut leur expliquer », a déclaré Macron la semaine dernière. Cette rengaine n’a vraiment rien de nouveau. C’est bien connu, lorsque la contestation monte, c’est qu’on n’a pas compris. Nos dirigeants doivent toujours « expliquer » au bon peuple ce qui est bon pour lui.
Les mauvais coups de l’été
Besoin d’expliquer ? Merci, mais le contenu du programme de Macron, on le saisit trop bien. Très claires, les mesures de cet été : d’un côté, la baisse des APL pour les classes populaires, de l’autre, on prépare une réforme de l’ISF au bénéfice des plus riches. La politique d’Edouard Philippe, c’est aussi la réduction drastique des « contrats aidés » : autrement dit, la rue pour des milliers de salariés dont le contrat n’a pas été renouvelé, et des sérieuses difficultés pour des écoles et des mairies notamment pour assurer les services publics. En matière de chômage, l’État donne l’exemple en supprimant des emplois par milliers. Comment s’étonner que le chiffre du chômage soit à la hausse ?
Les ordonnances de Macron
La première réforme chère à Macron, c’est celle du Code du travail qu’il veut détricoter. Pour le détail des mesures, il faut attendre les annonces du gouvernement de jeudi 31 août avant une promulgation en septembre avec la procédure express des ordonnances. Mais l’essentiel est déjà connu. Le président compte poursuivre sur la lancée de la Loi travail de 2016, en l’aggravant.
Au menu, ce sera notamment :
- Faciliter les licenciements pour les patrons (notamment en plafonnant indemnités prud’homales en cas de licenciement illégal). Encore une fois, les gouvernants vont expliquer qu’il faut licencier plus et plus facilement, et que ce serait pour favoriser l’emploi.
- Elargir la possibilité aux patrons de déroger au Code du travail et aux conventions collectives, avec la mise en place d’accords d’entreprises défavorables aux salariés.
- Le « CDI de projet », vieille revendication du Medef, autrement dit le « CDI »... précaire.
- La mise en cause du « compte pénibilité » pour les retraites.
C’est une attaque en règle contre tout le monde du travail. La première d’une série d’attaques que le gouvernement voudrait mener, comme celle de l’assurance chômage, ou bien la hausse de la CSG qui touchera notamment les pensions de retraites.
La riposte s’impose
Macron mérite une bonne explication : faisons comprendre au président et à ses amis du Medef, de la finance et du CAC 40 qui l’entourent au gouvernement, que les travailleurs ne comptent pas les accepter. Un seul langage vaudra, c’est le langage de la lutte de classes, celui de la mobilisation collective, celui de la grève. Il est temps de s’y préparer.
Les dirigeants de la CFDT, qui avaient déjà avalisé la loi El Khomri en 2016, semblent disposés à accepter les réformes de Macron. Cette fois, Jean-Claude Mailly de FO pourrait bien leur emboîter le pas, tant il répète qu’on pourrait changer le contenu des ordonnances, dans les négociations dans les ministères.
La CGT a fixé une journée d’action et de grève contre les attaques gouvernementales, le 12 septembre, à laquelle appelle aussi le syndicat Solidaires.
Une journée d’action ne suffira pas à faire reculer le gouvernement. Pour cela une mobilisation d’ampleur, dans les rues et dans les entreprises serait nécessaire. Mais la journée du 12 septembre est l’occasion de montrer qu’une fraction des travailleurs est disposée à rentrer en lutte contre les attaques de Macron. Il faut la saisir.
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