Les retraites, ce n’est pas fini, et les attaques continuent !
30 juin 2003 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Le profond mouvement de l’Education Nationale, qui s’était un moment étendu aux travailleurs des transports, de l’équipement et des hôpitaux, n’a pas eu raison des lois Fillon et Ferry, malgré le soutien de l’opinion populaire. Mais Raffarin a beau se vanter de sa victoire (provisoire !), il sait qu’il doit compter avec des enseignants toujours en colère, toujours déterminés à refuser les projets de décentralisation comme celui des retraites. Il le sait d’autant mieux que les profs ont continué de le contester lors de ses déplacements, encore en Corse récemment. Les braises peuvent vite se rallumer, et pas seulement chez les enseignants. D’ailleurs même la trêve estivale du gouvernement pourrait bien être assombrie par le mouvement des intermittents du spectacle, dont le statut risque d’être démantelé. C’est pourquoi, malgré ses fausses paroles d’apaisement, le gouvernement cherche à montrer ses muscles, menace d’être strict dans les retenues des journées de grève, et ne rechigne pas sur les prétextes pour sortir sa police comme lors de la ridicule arrestation de José Bové. La bande de Raffarin a eu chaud, et elle reste sur ses gardes.
La stratégie syndicale de journées d’action étalées dans le temps pour obtenir de prétendues négociations a eu pour seul résultat de montrer ouvertement le manque de détermination des directions confédérales, tout en effritant un mouvement qui pouvait se généraliser. C’est ce qui a permis à Raffarin, Ferry et Sarkozy de se tirer à si bon compte de leur première grande épreuve de force avec les salariés.
Reste que la propagande du gouvernement sur les retraites en a pris un sacré coup. La plupart des travailleurs savent désormais que le financement des retraites est une question de partage des richesses entre exploiteurs et exploités, et non pas un prétendu problème de démographie. Que c’est un problème de rapport de force entre le monde du travail et un gouvernement au service du patronat. Une épreuve de force qui a commencé à s’engager et qui n’est pas terminée.
Cette première grande vague de grève n’a pas réussi à faire capituler le gouvernement et le patronat, mais elle a créé des liens entre des dizaines de milliers de grévistes très déterminés de différentes professions, qui ont appris beaucoup de choses au cours de cette première bataille : à s’organiser et se coordonner eux-mêmes, à s’adresser aux autres travailleurs, à ridiculiser la propagande patronale, à passer outre les barrières corporatistes, à pousser les appareils syndicaux sans se fier au baratin des dirigeants confédéraux timorés ou pour certains carrément traîtres. Bref, à se préparer à la prochaine épreuve de force.
Car elle devra bien avoir lieu… puisque Raffarin n’a pas reculé. Il maintient pour l’essentiel son projet de décentralisation de l’Education Nationale pour les 90 000 agents de service, ouvriers et techniciens, c’est-à-dire l’énorme majorité des personnels concernés. Il n’a pas reculé non plus sur les retraites.
Bien plus, libéré momentanément du mouvement sur les retraites, le gouvernement ouvre d’autres fronts anti-sociaux. Il y a les déremboursements de plusieurs centaines de médicaments dont la liste s’allonge, même si le Conseil d’Etat a récusé la baisse de remboursement de… deux médicaments. Il y a, au-delà, la nouvelle attaque qui se dessine contre la Sécurité Sociale. Encore une fois, en prétendant qu’il n’y a pas d’argent en caisse, il s’agit de faire payer les pauvres et pas les riches ! Avec l’objectif de privatiser partiellement la Sécu en contraignant les assurés à s’affilier à une assurance privée pour la remplacer. Et ce n’est pas tout : Raffarin veut privatiser l’EDF-GDF et La Poste. Il veut remettre en cause le salaire minimum, le droit de grève...
C’est lui qui se charge de nous montrer que la lutte n’est pas finie, que les raisons de la colère sont toujours plus nombreuses. Comme le criaient les manifestants : « On ne se laissera pas faire ! »