Une riposte d’ensemble s’impose !
2 décembre 2002 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Au moins 100 000 personnes ont défilé le mardi 26 novembre à Paris et dans d’autres villes à l’appel de certaines organisations syndicales. Le lendemain, les ministres de Raffarin ont prétendu n’y voir aucune hostilité à leur politique. Ils ont vanté la fameuse « méthode Raffarin ».
Dialogue ou pas dialogue, les intentions du gouvernement sont claires. Il repart d’ailleurs aussitôt en guerre comme si de rien n’était. Des mesures ouvertement anti-ouvrières sont en préparation.
En ce qui concerne la Sécurité Sociale, Mattei, ministre de la Santé, s’en est pris au « tout gratuit » : les remboursements sont en ligne de mire.
Quant aux retraites, l’allongement de la durée de cotisation est annoncé. Il faudrait accepter de travailler plus longtemps encore, et même au-delà de 60 ans. Alors que des millions de jeunes sont au chômage ou ne vivent que d’emplois précaires. Alors que les entreprises se débarrassent de leurs travailleurs avant 60 ans et les trouvent trop vieux pour les embaucher après 40 ! Tandis que le réel problème de la Sécu et des retraites pourrait être réglé si les patrons ne bénéficiaient pas déjà de nombreuses exonérations sur les charges, lesquelles grèvent d’autant les budgets des caisses sociales.
En 1993, Balladur avait fait passer de 37,5 à 40 le nombre d’annuités de cotisation. Juppé avait voulu en 1995 aligner le public sur ces 40 ans. Face à la mobilisation de décembre 1995, il avait reculé.
Aujourd’hui, c’est à nouveau sous prétexte d’égalité que le régime de retraite du public est mis en cause. Mais l’égalité, cela pourrait être tout simplement le retour aux 37,5 annuités pour tous, public comme privé ! Les mensonges sur les soi-disant privilèges des fonctionnaires ne servent qu’à justifier une attaque contre une partie des travailleurs dans un premier temps, pour s’attaquer ensuite en fait à tous : Le baron Seillière, le patron des patrons, s’est insurgé contre les « privilèges » du public… en même temps qu’il affirmait que la durée de cotisation devrait subir un « allongement inévitable », pour tous.
Entre les retraites menacées, les licenciements en rafale, la précarité, les salaires trop bas, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour tous les travailleurs de riposter ensemble.
Ceux qui ont manifesté ou fait grève le mardi 26 novembre, avaient bien raison. Ils ont montré qu’ils n’étaient pas prêts à se laisser berner et qu’ils étaient disposés à résister aux attaques gouvernementales et patronales. Les routiers qui ont fait grève avaient eux aussi bien raison de se battre pour leur salaire. Mais si le gouvernement a pu prétendre ensuite ne pas être inquiété, c’est qu’il sait bien que les dirigeants syndicaux, eux, ne préparent pas vraiment le combat.
Ils continuent à émietter la riposte par des journées d’action catégorie par catégorie. Si le 26 novembre a été un succès, c’est aussi parce qu’il a été un rendez-vous pour des travailleurs de différentes entreprises ayant des problèmes et des revendications similaires. Mais les dirigeants des confédérations n’ont pas l’intention de faire de cette journée une étape pour une mobilisation de l’ensemble du monde du travail. Au lendemain du 26, aucune suite n’a été annoncée.
Ces mêmes dirigeants syndicaux semblent par contre tout prêts à jouer le jeu du dialogue proposé par le gouvernement. Dans le conflit des routiers, FO, avec d’autres syndicats, s’est empressée de signer un accord qui est une trahison de leur grève. Blondel se présente aujourd’hui comme le défenseur des retraites, mais qui sait ce qu’il signera demain ? Ce qui est vrai de FO l’est aussi de la CGT : Tout en appelant à manifester, avec d’autres fédérations, elle avait refusé d’appeler les cheminots à la grève le 26. Quant à la CFDT, elle se prononce carrément pour la remise en cause des retraites !
Si l’on en restait à la politique des sommets syndicaux, le gouvernement n’aurait, c’est certain, pas trop de souci à se faire. Mais ce serait sans compter sur les travailleurs et sur la base syndicale : une mobilisation d’ensemble peut bousculer bien des plans de nos ennemis… et de nos faux amis. A nous de faire que le 26 novembre ne soit pas sans lendemain.