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À la manif, tous derrière et lui devant

Mélenchon, ou la soumission bleu-blanc-rouge !

mercredi 5 avril 2017

La « Marche pour la VIe République » de la France dite insoumise, était organisée le 18 mars dernier, comme en 2012, en hommage à la Commune de Paris de 1871 (146e anniversaire). Hommage, vraiment ? Curieusement, pas de banderoles dans le cortège ni de drapeaux rouges (symboles du mouvement ouvrier révolutionnaire depuis la Commune, évoquant le sang des ouvriers en lutte), mais une floraison de cocardes tricolores et de drapeaux bleu-blanc-rouge… l’emblème des Versaillais lors de la semaine sanglante. Tiens-donc. Mais quel est donc le camp de Mélenchon ?

De Gaulle, m’entends-tu ?

Pas de banderoles ? Qu’importe estimait un membre du service d’ordre, puisque « notre banderole c’est Mélenchon ». Ah Bon ? Mais si Mélenchon ne veut plus de « monarchie présidentielle », qu’en serait-il de sa sixième république ? Père Ubu, nous voilà… pour en finir, on vous le dit, avec « cette Ve République, mise en place par l’homme néanmoins ‘exceptionnel’ qu’était le général de Gaulle » (discours du 18 mars). Les numéros se suivent, mais, Constituante ou pas, les hommes providentiels restent.


La révolution citoyenne par les urnes

Soyons juste, les bonnets phrygiens abondaient, en référence à 1789. Donc en avant pour « la révolution citoyenne ». Et qu’apporterait cette citoyenne révolution ?

Pas de précipitation, tout de même. Il n’est question ni de manifestations ouvrières, ni de grèves et autres comités de luttes. Foin de la lutte de classe. Pas de poings levés, que des bulletins de vote. Tous en marche pour une ré-volution (au sens physique du terme, un petit tour autour du pareil au même) électorale. Donc pas d’excès. Et quelques promesses des plus raisonnables.

En 2012, Mélenchon parlait d’une augmentation du Smic à 1 700 euros. Aujourd’hui, l’insoumission est plus modeste : il promet seulement 1 356 €. La retraite à 60 ans ? Ne rêvez pas citoyens : seuls ceux qui auront cotisé 40 annuités pourront y prétendre. Quant à la lutte contre le chômage, les principales mesures avancées portent sur la fermeture des frontières pour se protéger de la concurrence des pays où les salaires sont plus bas. L’internationalisme ouvrier, connaît pas. On s’en tient à l’involution cocardière.

Protectionnisme « solidaire », et chacun chez soi

Certains manifestants, ce 18 mars dernier, éprouvaient une certaine gêne (« … tous ces drapeaux bleu-blanc-rouge, ça ne fait pas un peu manif Fillon ou Le Pen ? »). Alors, pour ceux qui l’accuseraient de reprendre les thèmes du Front national, notre chantre a trouvé la formule rassurante : le « protectionnisme solidaire ». Solidaire de quoi ? Des emplois… français. Ah mais ! La VIe république se bandera les yeux au-delà du Rhin, des Pyrénées et de la Méditerranée. Que la solidarité se cantonne au sein de nos frontières, frontières chéries…

Quant à l’Europe, si Mélenchon veut s’en éloigner, c’est surtout pour se rapprocher de Le Pen. Il y a quelque temps, il se prononçait simplement pour la renégociation des traités. Mais, depuis le Brexit, il a repris à son compte le slogan d’outre-Manche qui fleure bon le souverainisme d’extrême droite : « L’Europe, on la change ou on la quitte ». Depuis, il laisse de plus en plus entendre qu’un Frexit ne lui fait pas peur : à Rome, il a doublé son plan A (« sortie concertée des traités européens ») d’un plan B (« sortie unilatérale de la France »). Ce serait une sortie « progressiste » des traités européens. Progressiste ? Au diable les travailleurs détachés. Quant aux travailleurs étrangers, le candidat de la France insoumise vient de déclarer : « Le premier devoir est de tarir le flux et nous devons avoir comme mot dordre : chacun doit pouvoir vivre dans son pays ». Bref, chacun chez soi, et les pauvres seront bien gardés, et divisés.

Zoé LIAZO

Mots-clés Front de gauche , Jean-Luc Mélenchon , Politique
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