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La colère monte dans les Transports en commun lyonnais

jeudi 26 janvier 2017

Le réseau de transport public de Lyon, les TCL, exploité par Keolis Lyon depuis plus de douze ans se dégrade à grande vitesse. Le matériel vétuste – dont l’effet le plus spectaculaire est qu’au moins huit autobus ont pris feu spontanément en 2016 –, le manque d’effectifs, le blocage des salaires, les attaques successives contre les travailleurs et leurs conditions de travail n’ont de cesse d’alimenter un ras-le-bol chez l’ensemble du personnel. Un ras-le-bol qui, jusque-là, trouvait son expression dans un nombre particulièrement important d’arrêts-maladie, le « taux d’absentéisme » pouvant atteindre 20 % dans certains secteurs. Mais, depuis quelque temps, ce ras-le-bol commence à reprendre le chemin d’une expression collective.

Déjà en juin dernier

Le 2 juin dernier, il y avait plus de 50 % de grévistes chez les conducteurs du dépôt de la Soie (l’un des trois plus gros dépôts de bus du réseau) pour réclamer notamment du meilleur matériel. Ensuite, à l’appel de la seule CGT, ce sont les régulateurs du métro, ceux qui organisent le cadencement du métro, qui ont fait une heure de débrayage quotidien pendant une semaine contre la modification du Règlement sécurité exploitation (RSE), entraînant la mise en place de formations au rabais à ces postes clés en matière de sécurité. Enfin, à l’appel du syndicat UNSA, c’est un dépôt de tramway qui a fait grève le 13 juin, à l’occasion du premier match de football de l’Euro 2016. Ces mouvements se sont succédé sans jamais se rencontrer.

L’agitation reprend

Les régulateurs du métro avaient suspendu leur mouvement en juin, mais rien n’était réglé sur le fond. La direction revenait à la charge avec son projet de modification du RSE. Finalement, c’est suite à la convocation au commissariat, en novembre dernier, d’un délégué syndical CGT du métro – accusé de « dénonciation calomnieuse » pour avoir mis en cause à juste titre les atteintes à la sécurité dans le métro – que les débrayages d’une heure par jour sont repartis. Les revendications des régulateurs sont très spécifiques à leur secteur, mais le ras-le-bol est tel que, même à partir d’un mouvement localisé, le mouvement peut s’étendre à d’autres catégories. Ainsi, dès le 28 novembre, outre les régulateurs, ce sont les conducteurs de métro et les agents de ligne (agents de maîtrise du métro) qui ont participé aux débrayages. Au début du mouvement, on s’est approché d’un taux de 100 % de grévistes. Pendant la semaine du 5 décembre, le mouvement s’est même étendu aux bus, avec trois dépôts réellement mobilisés. Outre les problèmes de sécurité ferroviaire soulevés par les régulateurs, c’est plus largement le blocage des salaires et l’état déplorable du matériel, dû aux économies dans la maintenance, que des grévistes avaient en tête. Ils ont saisi l’occasion pour exprimer leurs revendications.

Dès le début, l’attitude de la direction a été très méprisante à l’égard des grévistes, disant « ne pas comprendre la grève », qu’il y avait déjà eu des négociations suite au mouvement de juin, etc. Comme la grève était visible du grand public, il y a eu aussi la tentative de monter les usagers contre les grévistes, notamment en pointant du doigt les éventuelles perturbations lors de la Fête des Lumières du 8 au 10 décembre (le grand événement festif et touristique local), mettant en avant le fait que l’édition 2015 avait été annulée à cause des attentats et qu’il était « choquant » que l’édition 2016 le soit à son tour. Dans les dépôts de bus, certains chefs étaient remontés comme des pendules – œuvre de la direction –, pour discréditer la grève et décourager les participants. Malgré tout, face à un mouvement tenace, la direction a dû céder face aux régulateurs et s’engager à ne pas modifier le RSE jusqu’en 2022, année de l’extension de l’automatisation dans le métro.

Le mouvement s’est poursuivi dans le métro jusqu’au 2 janvier 2017, mais les conducteurs et les agents de ligne n’ont rien obtenu.

Une suite nécessaire

L’ambiance n’est pourtant pas à l’abattement. Il est positif que les revendications concernant les salaires et l’état du matériel se soient exprimées collectivement par la grève. Les obstacles à la construction d’un mouvement de l’ensemble du réseau TCL restent nombreux : division entre les différents modes de transport (bus, métro, tramway), entre les différents dépôts, voire division syndicale qui est mal perçue par bon nombre de travailleurs du réseau qui y voient un obstacle à la construction d’un mouvement large. Mais ce regain de combattivité est un premier tour de chauffe pour la construction d’un tel mouvement.

14 janvier 2017, Correspondants

Mots-clés Entreprises , Grève , TCL