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Trump… trop bien dans ce sale système

jeudi 8 décembre 2016

Il est de bon ton de voir dans les propos de Trump, une fois élu, une sorte d’assagissement. Évacuées de ses discours les promesses d’expulser trois millions d’immigrés : il ne parle plus que d’expulser ceux d’entre eux qui ont maille à partir avec la justice en laissant le nombre dans le vague. Il ne parle plus de faire payer aux Mexicains le mur qu’il compte construire à la frontière du Mexique, etc. Il a même laissé entendre qu’il pourrait peut-être ne pas totalement remettre en cause la réforme du système de santé, partiellement et péniblement mise en place par Obama, l’Obamacare.

Ce qui ne veut pas dire que Trump ne tiendra pas certaines des ‘promesses’ qu’il a faites pendant sa campagne. Les travailleurs immigrés, les Noirs, les Latinos, les travailleurs en général ont comme précédemment des soucis à se faire. Déjà, Obama a ouvert la voie en faisant expulser plus de travailleurs immigrés clandestins qu’aucun autre président avant lui. Si un Obama a volé au secours de la finance lors de la crise de 2008-2009, s’il a financé sur fonds publics le ‘redressement’ de General Motors, nul doute que le président milliardaire Trump creusera le sillon déjà tracé.

Trump, comme tous ses prédécesseurs, n’ira certainement pas à l’encontre de ce que souhaite la bourgeoisie, dont il fait à l’évidence partie, mais cela ne signifie pas pour autant qu’une vague réactionnaire ne va pas peser demain sur l’Amérique.

Les hommes qui composeront la future administration Trump en sont une illustration éloquente : Reince Priebus, certes sénateur et chef du parti républicain, mais connu pour s’en être pris aux organisations syndicales, aux droits des homosexuels, au droit à l’avortement ; Bannon, responsable du site ultra-conservateur Breitbart News, raciste, sexiste et ultra-nationaliste ; Flynn, un militaire extrémiste qui affirme que l’islam n’est pas une religion et que tous les musulmans sont des ennemis ; ou encore Pompeo qui prendra la tête de la CIA et préconise une surveillance accrue des téléphones et des mails des opposants – on peut se demander ce que cela pourrait bien être tant l’administration Obama a contribué au développement des ‘grandes oreilles’ de surveillance du monde entier... Scott Walker qui, comme gouverneur du Wisconsin, s’en est pris aux droits syndicaux prendrait la tête du ministère du Travail tandis qu’Ebell, qui défend que les pesticides sont inoffensifs et nie toute cause humaine au réchauffement climatique, serait placé à la tête de l’agence de l’environnement...



L’élu d’une petite bourgeoisie qui se sent fragilisée ?

L’élection de Donald Trump a déjoué tous les pronostics... Les nôtres aussi, d’ailleurs ! Reste à comprendre qui a voté pour le milliardaire américain.

Le message immédiatement délivré par les médias à coups de sondage « sortis des urnes » était clair et simpliste : Trump a été élu par les travailleurs blancs peu instruits.

Sauf que ces sondages ne concernaient, justement, que ceux qui se sont déplacés pour voter et que l’abstention a été encore plus massive que d’habitude : 47,1 % en 2016, à comparer avec les 41,8 % de 2008, lors de la première élection de Barack Obama ou même aux 45,1 % de celle de 2012.

Cela fait bien longtemps que les travailleurs et les couches les plus pauvres de la population constituent le gros de ceux qui se sont détournés d’élections dont ils n’attendent rien. Et, sans surprise, c’est dans les États les plus industriels que l’abstention est la plus importante ; dans le Wisconsin, l’abstention est passée de 22,2 % en 2008 à 32 % en 2016 ! Et, dans cet État supposé tomber dans l’escarcelle de Clinton, l’abstention a été massive dans les comtés où les Noirs sont particulièrement nombreux. La classe ouvrière américaine, dans sa majorité, n’a pas voté pour Trump, ni pour Clinton, d’ailleurs : elle s’est majoritairement abstenue.

Et c’est bien compréhensible : en quoi les huit années de l’administration Obama auraient-elles pu les convaincre d’agir autrement ? Les Noirs tombent toujours sous les balles de flics racistes. Comme ailleurs dans le monde, le patronat licencie et baisse les salaires. Même le fameux Obamacare, supposé être un système de santé pour tous, a surtout enrichi des ‘mutuelles’, dont les tarifs élevés ont laissé de côté un grand nombre, et les trusts pharmaceutiques.

Cela ne signifie évidemment pas qu’il n’y a pas de travailleurs ayant voté Trump et, parmi ceux-ci, les fameux ouvriers blancs que les sondeurs ont trouvés à la sortie des bureaux de vote. Comme on trouve en France des travailleurs qui ont déjà voté, ou s’apprêtent à le faire, pour le Front national pour « foutre le bordel »... Mais l’électorat de Trump vient pour l’essentiel de classes moyennes dont les revenus sont déjà atteints par les transferts de richesses organisés en direction des plus riches, qui se sentent fragilisées – et le sont dans une certaine mesure : qu’on songe à tous ceux qui ont été expulsés de leur logement suite à la crise des subprimes – et croient se protéger en votant pour un démagogue d’extrême droite.

Cela n’a d’ailleurs rien de réjouissant car cela offre à toute la bande de politiciens réactionnaires mise en place par Trump une base sociale élargie et hargneuse pour soutenir leurs attaques contre les immigrés, les Noirs, les Latinos, les travailleurs en général. Ce n’est certes pas la situation qu’a connue l’Allemagne au début des années 1930 où la ruine de la petite bourgeoisie a permis à l’extrême droite de s’appuyer sur elle pour écraser la classe ouvrière, plonger le pays dans un protectionnisme qui a conduit à la seconde guerre mondiale. Nous n’en sommes pas là. Mais, encore une fois, voir les ennemis du monde du travail disposer de leviers plus nombreux dans la population pour mener leur politique anti-ouvrière a quelque chose d’alarmant.

Les jeunes et les familles populaires qui, par centaines de milliers, sont descendus dans les rues dans de nombreuses villes pour défier Trump et clamer qu’il n’est pas « leur » président ne s’y sont pas trompés. Ces manifestations ne suffiront pas pour faire face aux attaques prévisibles de Trump. Mais elles montrent la voie.

27 novembre 2016,

Jean-Jacques FRANQUIER


Vent d’ouest

À peine l’élection de Trump était-elle connue qu’on a eu droit à une trumpétisation du petit monde des politiciens français.

Si Marine Le Pen s’est, pour des raisons évidentes, réjouie, Sarkozy – qui était encore dans la course – a cru bon de s’en prendre aux mômes qui ne mangent pas de porc et se verraient servir... double portion de frites, de promettre pis que pendre aux jeunes révoltés des banlieues et la plus grande fermeté aux frontières pour les migrants...

Hollande, s’est dépêché de faire savoir qu’il avait eu le président élu américain au téléphone et avait donc, si l’on comprend bien, pactisé avec le diable... On ne sait pas trop ce qu’ils ont pu se dire, mais, aux yeux des communicants de l’Élysée, l’important était que cela a duré dix minutes...

Quant à Valls, l’élection de Trump lui a brusquement rappelé le « besoin de frontières » et la nécessité de « réguler l’immigration ». Encore un réac raciste élu quelque part, et Valls justifiera la préférence nationale !

On aurait pu croire que la trumpomanie n’atteindrait pas Mélenchon... Eh bien, il faut croire que si puisqu’il s’est dépêché de mettre à son programme « sécurité et terrorisme » et en a même appelé aux flics à qui il a réservé une de ses premières promesses chiffrées : l’embauche de 10 000 flics supplémentaires !

Mots-clés Donald Trump , Monde , USA
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