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Mobilisations dans l’Ouest

jeudi 10 novembre 2016

L’extrême-droite s’est mobilisée ces dernières semaines pour s’opposer à l’arrivée des migrants dans les Centres d’accueil et d’orientation. Zoom sur cette actualité dans l’ouest du pays. Un bon paquet de manifs xénophobes... mais des contre-manifs plus nombreuses !

À Fougères, mercredi 19 octobre, deux cortèges se font face devant la sous-préfecture. À droite, très à droite, 120 personnes clament leur hostilité aux migrants. À gauche, ils sont 500 à leur faire face. Certains partisans des migrants sont venus de Rennes et même de Saint-Brieuc. Mais une bonne partie sont des Fougerais de tous âges. L’Union locale CGT lance le signal du départ en manifestation, sur le trajet de laquelle des jeunes reconnaissent des figures de l’internet militant : un petit noyau de « youtubers » critique des violences policières et de la loi travail... Le succès est d’autant plus remarquable que l’appel a circulé seulement quelques jours plus tôt. Des nazillons se contentent de brailler à distance.

Au Mans, la déconfiture de l’extrême-droite est plus patente encore. Le FN n’a pu réunir que 60 personnes face à 400 contre-manifestants. Il a dû battre le rappel dans les régions voisines faute d’avoir convaincu ses militants ou élus locaux de tous se montrer.

À Bretteville-sur-Laize (région de Caen), il n’y a pas eu de manifestation pour l’instant. Sitôt l’ouverture du CAO annoncée, le bourg de 1 700 habitants s’est couvert d’affiches xénophobes signées FN… bientôt recouvertes de peinture rose. Des commerçants ont scotché sur leur vitrine un appel à pétition accusant les migrants de vol, viol et autres crimes. Après intervention du maire, la préfecture a envoyé les gendarmes enlever les affiches. Deux associations humanitaires n’en restent pas là : elles ont déposé plainte pour incitation à la haine raciale. Le maire, qui a exprimé dans la presse locale son soutien au CAO, reçoit des lettres d’insultes et de menaces, mais recueille en plus grand nombre des messages de soutien. Âgée de 13 ans lorsque l’aviation alliée a rasé le village, en 1944, une Brettevillaise demande en substance comment ne pas se sentir solidaires de gens fuyant la guerre quand on a vécu soi-même dans les ruines... Plusieurs personnes sont déjà passées à la mairie offrir leur aide, qui pour un cours d’alphabétisation, qui pour collecter des vêtements ou de la nourriture.

À 20 kilomètres de là, à Caen, la police s’apprête à expulser les migrants occupant un bâtiment abandonné (aidés par un Collectif de lutte contre toutes les expulsions). Depuis plus de trois ans, les militants de ce collectif ouvrent des entrepôts, des immeubles ou maisons particulières, qui ont en commun d’être vacants depuis plusieurs années. Rien qu’à Caen, on compterait plusieurs milliers de logements vides. Alors qu’une loi autorise l’État à les réquisitionner, celui-ci envoie périodiquement ses flics expulser les habitants, et murer les bâtiments évacués, en dépensant parfois des dizaines de milliers d’euros. Mais depuis trois ans, chaque expulsion a été suivie d’une ou plusieurs ouvertures de nouveaux lieux.

Vendredi 14 octobre, un concert de soutien a rassemblé près de 500 personnes à la Fermeture éclair. Ce squat n’accueille pas de migrants, mais des plasticiens, musiciens ou acteurs de théâtre... Un père à la clarinette et son fils aux percussions ouvrent la soirée par quelques morceaux traditionnels albanais. Junior Himself, seul avec une guitare et une grosse caisse, mais galvanisé par les vivats des migrants, ne joue plus que ses morceaux les plus rapides. Dehors, le Café sauvage tient une cantine à prix libre à partir de fruits et légumes glanés sur les marchés. Bière à la main, des têtes habituées des cortèges contre la loi travail discutent sous les étoiles. Les flics peuvent bien expulser, le Collectif a regarni ses poches, et prépare la suite...

30 octobre 2016, Correspondants locaux

Mots-clés Extrême droite , Immigrés , Migrants , Politique
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