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Migrants

Contre les démagogues de tous bords, opposer la solidarité des travailleurs

mercredi 5 octobre 2016

À qui peut s’en prendre un ancien président de la République pour reconquérir son poste en 2017 ? Aux chômeurs ? Ils votent certes peu, mais ils sont sacrément nombreux. Aux immigrés et à leurs descendants ? Ce serait exprimer trop ouvertement son racisme ; et puis même l’extrême-droite fait des voix parmi eux… à condition de ne pas les attaquer à tout propos et hors de propos. Les migrants sont de bien meilleurs boucs-émissaires : ils ne votent pas, ne se font pas entendre de l’opinion publique, et défendent rarement leurs droits !

Le PS au pouvoir n’est pas en reste. En 2013, Valls, alors ministre de l’Intérieur, ciblait les Roms dans des déclarations incendiaires… et démantelait deux fois plus de campements que la droite au pouvoir avant lui [1]. Depuis, Syriens, Afghans et Irakiens ont remplacé les Roms, et à Valls a succédé Cazeneuve qui accepte d’ouvrir des centres d’accueil, mais disséminés aux quatre coins du pays. C’est une ‘tradition’ de la République française : les Espagnols fuyant le franquisme au printemps 1939 ont été, de la même façon, dispersés sur tout le territoire pour éviter qu’ils s’organisent et lient leurs luttes à celles des ouvriers français.

Les centres de rétention administrative, ces véritables prisons pour migrants, en ont vu passer 48 000 l’an dernier, un chiffre dénoncé même par le contrôleur des prisons ! Parmi eux, on trouve des dizaines d’enfants – en violation d’une promesse du candidat Hollande – ce qui a valu à l’État plusieurs condamnations de la Cour européenne des droits de l’homme [2]. Ce n’est sans doute pas la dernière : les obstacles mis au regroupement familial, également condamnés par la CEDH en 2014, n’ont pas disparu pour autant. Les « mineurs isolés » (jeunes de moins de 18 ans sans parents vivant en France) relèvent en principe de l’Aide Sociale à l’Enfance ; nombre d’entre eux vivent pourtant à la rue. Et c’est sans parler de Mayotte, où les droits les plus élémentaires des migrants sont quotidiennement bafoués !

Plutôt que d’accueillir décemment des dizaines de milliers d’êtres humains qui n’ont commis d’autre crime que de fuir des guerres ou une misère provoquées par la domination impérialiste, le gouvernement les harcèle. La droite joue la surenchère. Quant au FN, il n’a même plus besoin de s’exprimer sur le sujet, puisque tout ce beau monde alimente son moulin en stigmatisant les migrants comme la dernière plaie d’Égypte.

Pourtant, lorsque ces derniers entrent en contact avec des Français, les préjugés tombent presque à chaque fois [3]. À Allex (Drôme), ou à Saint-Brévin (Loire-Atlantique), il s’est certes trouvé en ce mois de septembre plusieurs dizaines de manifestants pour clamer leur hostilité au centre d’accueil. Mais, dans les deux cas, les soutiens des migrants étaient deux fois plus nombreux à leur faire face. C’est un encouragement à défier les calculs électoralistes de tous bords !


[1« Les évacuations de Roms ont presque doublé en 2013 », Élise Vincent, www.lemonde.fr, 14 janvier 2014.

[2« La France sévèrement condamnée pour la rétention d’enfants étrangers », Jean-Baptiste Jacquin, www.lemonde.fr, 13 juillet 2016.

[3« Faire cohabiter des réfugiés avec des particuliers facilite leur intégration », Camille Sellier, www.lemonde.fr, 6 septembre 2016.

Mots-clés Immigrés , Migrants , Politique , Réfugiés