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Cheminots debout : Retrait du décret-socle et de la loi Travail !

jeudi 21 avril 2016

Alors que les journées de grève des 9 et 31 mars ont été des succès à la SNCF, aucune fédération syndicale n’avance le mot d’ordre de grève reconductible, pourtant voté dans bien des assemblées générales. CGT, Unsa et CFDT appellent à une grève de 24 heures le 26 avril, dans le but avoué de ne pas se mélanger avec la journée contre la loi Travail du 28. Ensuite le « calendrier » inamovible de la fédération CGT, décidé par ses instances en janvier, avant la publication de la loi El Khomri et du décret-socle, prévoit une manifestation nationale le 10 mai (sans grève) et, peut-être, une grève reconductible fin mai… Tout est fait pour aiguiller les cheminots sur les négociations et pour séparer leur lutte de celle sur la loi Travail.

Ci-dessous, l’éditorial des bulletins d’entreprise SNCF l’Étincelle du lundi 18 avril 2016


Le 5 avril, l’UTP, la branche ferroviaire du Medef, a présenté son projet de Convention collective nationale (CCN). Les tableaux comparatifs entre la réglementation SNCF actuelle et le décret-socle ferroviaire avaient déjà beaucoup circulé : perte de 11 à 21 jours de repos, possibilité de n’avoir qu’un seul jour de repos après 6 journées de travail, changement de prise de service seulement une heure à l’avance, changement de la période de travail 24 heures à l’avance, augmentation du temps de travail quotidien, hebdomadaire et annuel, diminution du temps de repos journalier, encadrement des repos sévèrement rabotés, perte de 22 repos double, fin des week-ends garantis, etc.

Convention collective : la vérité des prix

La direction a déployé sa propagande depuis deux mois pour expliquer que ces tableaux comparatifs étaient nuls et non avenus puisque le décret-socle serait complété par une convention collective plus protectrice puis par des accords d’entreprise. Mensonges ! Le projet de Convention collective de l’UTP ressemble comme deux gouttes d’eau au décret-socle, il l’aggrave même par certains aspects.

Des repos compensateurs sont ajoutés dans la Convention, mais restent très en-dessous. Les plages de travail entre minuit et 4 heures ouvrent droit à des repos supplémentaires. Soit, par exemple, pour un aiguilleur en 3×8, entre 1,5 et 5 jours par an… très loin de compenser la perte de 21 repos pour cette catégorie.

Quant aux sédentaires non soumis à tableau de service, il est confirmé qu’ils n’auront droit qu’à 104 repos par an. Et ils font l’objet de « conventions jours ou heures » du type « forfait jour ». Cette disposition, qui ne peut s’appliquer qu’aux cadres, sous certaines conditions, dans le droit du travail commun, permet aux patrons de faire travailler sans compter les heures, sur des missions. Vu le sous-effectif qui règne dans tous les services, ce sera la légalisation de la surcharge de travail. Et ces « conventions » ne s’appliqueront pas qu’aux cadres, mais « aux salariés de tous collèges qui disposent d’une réelle autonomie dans leur emploi du temps. »

Rien à attendre des négociations

Le doute n’est plus permis. La direction et le gouvernement ont décidé de lancer une attaque sans précédent contre nos conditions de travail. Rien de bon ne peut sortir des séances de négociations prévues sur la base de ce décret-socle ferroviaire et de cette convention collective au rabais. Les cheminots l’ont bien compris : mercredi 13 avril, ils étaient plus de 200 à envahir et interrompre la séance de négociations de la Convention à Mouchotte près de la Gare Montparnasse. Ils ont raison : l’heure n’est pas à la discussion, mais au rapport de force pour obtenir le retrait du décret-socle ferroviaire. Et, pour cela, il faut dans le même temps continuer de nous inscrire dans le mouvement contre la loi El Khomri.

Loi Travail, décret-socle,même combat !

Le décret-socle ferroviaire est l’équivalent de la loi Travail pour les cheminots. La lutte se mène de front contre ces deux attaques. Non, nous ne serons pas plus forts, ni plus « audibles », en séparant nos dates de grève de celles des autres secteurs, ou en comptant plus sur l’euro de foot que sur la jonction avec les autres travailleurs en lutte. Nous serons seulement plus isolés, et c’est bien là-dessus que compte le gouvernement. Une telle stratégie, mise en avant par certaines fédérations syndicales, mettrait les cheminots dans des conditions beaucoup plus difficiles pour gagner – et affaiblirait la lutte commune de tous les travailleurs.

Dans les assemblées générales de grévistes des 9 et 31 mars, une volonté s’est exprimée : il faut rapidement une grève reconductible pour profiter du vent de contestation qui s’est emparé de la jeunesse et de toute la société en ce printemps 2016. De nombreux cheminots, syndiqués et non syndiqués, mais aussi des responsables syndicaux, et même des structures syndicales, quelle que soit leur étiquette, se préparent à reconduire dès la prochaine journée de grève nationale. Oui, il faut montrer notre détermination afin de tenter d’entraîner les collègues hésitants et, pourquoi pas, les directions des fédérations syndicales qui feraient enfin le choix de suivre le mouvement.


Ni amendable, ni négociable

Mercredi 13 avril s’est tenue la première réunion de négociation sur le régime de travail des cheminots entre les organisations syndicales, les représentants de l’État et du patronat des entreprises ferroviaires. À l’appel de Sud-Rail et de FO, plus de 200 cheminots se sont rassemblés au pied de l’immeuble et ont réussi à envahir la réunion en scandant : « Pas un repos en moins ! Et pas une heure en plus ! », exprimant leur volonté de n’accepter aucun recul par rapport à la réglementation actuelle.

La négociation a été interrompue sous le regard médusé des représentants de l’État et de certains dirigeants syndicaux embarrassés que des cheminots mettent le nez dans ces discussions qui les concernent au premier chef. La CFDT Cheminots a qualifié l’action d’« immature ». Pourtant, les négociateurs de l’Unsa ont admis le lendemain par tract que les négociations étaient de toute façon au point mort, car les patrons ne voulaient pas céder un pouce.

Les représentants de la fédération CGT eux non plus n’ont pas apprécié l’action, énervés de voir une vingtaine de syndiqués CGT y participer alors que le syndicat n’y appelait pas. Quant à la direction de la SNCF, elle a déclaré s’attendre à des débrayages en cette période difficile... Donnons-lui raison, il n’y a rien à attendre de ces prétendues « négociations », continuons à élever le rapport de force !

Mots-clés Entreprises , Loi Travail , SNCF
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