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Editorial

Un mois et demi de mouvement contre la Loi El Khomri : Ils n’ont toujours pas reculé… mais nous non plus !

jeudi 21 avril 2016

Le mouvement contre le projet de loi El Khomri n’a pas produit pour le moment l’explosion sociale que cette attaque mériterait. Pourtant, l’ambiance politique est changée. Cette dernière était encore, il y a peu, dominée par les diverses lubies d’extrême droite reprises par les politiciens de gauche et de droite, ainsi que par quelques braillards qui s’en faisaient les relais dans les milieux populaires. Désormais, on parle bien plus de l’exploitation, des licenciements, de la précarité. Bref, de notre condition, et les récents attentats de Bruxelles n’y ont rien changé.

Reste à déterminer ce que l’on fait contre ce projet de loi car, pour le moment, la force engagée par les travailleurs dans ce mouvement est bien insuffisante pour faire plier le gouvernement. Ce dernier le sait et cherche, par les quelques modifications apportées au projet – quitte à faire pleurnicher, pour la forme, le président du Medef Pierre Gattaz en faisant quelques promesses aux jeunes –, à noyer le poisson et à éviter de réveiller cette force. Même si pour le moment, face au changement d’ambiance, au mouvement des jeunes étudiants et lycéens, aux Nuit debout, ils ne peuvent rien.

Des minorités pour entraîner l’ensemble

Une chose est sûre, ce n’est pas avec quatre journées d’actions en deux mois (9 et 31 mars, 9 et 28 avril), même réussies, que le gouvernement et le patronat seront contraints de reculer. Les travailleurs dans leur ensemble ne pousseraient pas à plus ? Peut-être, encore que, çà et là, les journées de manifestation étudiantes et lycéennes ont servi de point d’appui dans des entreprises pour faire grève. Toujours est-il que, chaque fois qu’ils sont appelés, une proportion significative des travailleurs répond présent. Preuve qu’il existe dans la majorité opposée au projet de loi El Khomri une minorité forte prête à lutter contre lui. Et c’est bien sur cette minorité qu’il faudrait s’appuyer pour entraîner l’ensemble de la classe ouvrière. Pour convaincre autour d’eux que, oui, c’est possible, on peut faire reculer le gouvernement, collectivement nous en avons la force.

Quelles sont les forces en présence ? D’un côté, se tient le gouvernement, réputé faible et sans soutien dans la société – même si ses flics tapent dur – mais tout entier au service du Medef, le véritable adversaire dans ce bras de fer. Et, accessoirement, du même côté du ring, certaines directions syndicales, comme celle de la CFDT, qui ont carrément abandonné le mouvement pour devenir la cinquième roue du carrosse PS-Medef.

De l’autre côté, dans le mouvement, on trouve toute une palette. D’abord les directions syndicales qui affichent toujours leur opposition à ce projet de loi, comme la CGT, mais qui donnent le sentiment qu’elles se satisferaient que, après quelques journées d’actions de plus en plus éloignées, le mouvement meure de sa belle mort. En tout cas, qui ne font surtout rien pour que l’explosion sociale redoutée par le patronat et le gouvernement se produise.

Ensuite, ceux qui voudraient surfer sur le mouvement, en en tirant un bénéfice strictement électoral, du côté de la mouvance de la dite « gauche de la gauche » : ceux-ci verraient bien à travers des Nuit debout prétendument antipolitiques, un « débouché » électoral dans la veine de Podemos en Espagne, à la tête duquel se trouveraient des candidats à un ravalement de façade du réformisme.

Reste à engager le gros des forces décisives, celles des travailleurs

Enfin, ceux qui fondent la réalité sociale et politique de cette vague de fond contestataire : le mouvement vivant, celui de la jeunesse et des salariés, déterminé à faire remballer cette loi Travail. Et, en son sein, les minorités militantes qui font tout pour élargir le mouvement, les quelques secteurs qui seraient prêts à s’engager dans un combat plus profond.

En dépit des freins divers et variés des directions syndicales, force est de constater que le nombre de manifestants est toujours important, que manifestants et grévistes sont fiers de ce qu’ils font et qu’ils ne considèrent absolument pas la partie comme terminée.

La classe ouvrière n’a encore engagé que peu de forces dans ce mouvement. Et, pourtant, les discussions sur les lieux de travail en témoignent, l’ambiance est encore au rejet du projet de loi El Khomri et pas au fatalisme. Il y a donc encore des millions de travailleurs à convaincre que le mouvement doit s’élargir et s’approfondir à travers leur participation à la grève, que la grève générale est possible et nécessaire. Et cela, personne d’autre que ceux qui en sont déjà convaincus ne le fera. Ne lâchons donc rien, pour que le changement d’ambiance, l’air de printemps, les Nuit debout, ne restent pas des changements superficiels et passagers mais se traduisent par un changement réel du rapport de forces.

18 avril 2016

Mots-clés François Hollande , Loi Travail , Manuel Valls , Myriam El Khomri , Politique
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