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Des syndicats tels que les patrons en rêvent

jeudi 11 février 2016

« Il y a trop d’organisations syndicales dans ce pays » a déclaré le 20 janvier Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État aux relations avec le Parlement. Les raisons de sa colère ? L’annulation d’un accord sur le travail du dimanche dans les magasins Fnac, que les syndicats CGC, CFDT et CFTC avaient signé, mais rendu caduc du fait que CGT, FO et SUD, qui sont majoritaires dans l’entreprise, ont décidé de s’y opposer.

Cela dit, même à la CGT, reconnaît-il, tout n’est pas tout noir : il y a des sections locales qui « très souvent signent des accords ». Oui, malheureusement, il y en a eu ces dernières années dans maintes entreprises, à la CGT comme dans d’autres confédérations, qui flanchent devant les chantages patronaux à l’emploi et finissent par signer tous les reculs qu’on leur demande. Ce que Le Guen appelle la modernisation sociale.

Pour tout dire, aux niveaux des directions fédérales ou confédérales, même celle de la CGT, bête noire de Le Guen, la culture du compromis et du marchandage des reculs sociaux est plus générale que celle de la lutte de classe. Si Le Guen stigmatise ces directions syndicales, c’est surtout pour les inciter à reprendre en main ou exclure ceux de ses militants de bases qui, à Ford, Goodyear, à Renault ou ailleurs se montrent trop combatifs. Sous menace d’exclure lesdites directions de la table du « dialogue social ».

Dans leur contenu si caricatural, les propos du sous-ministre Le Guen peuvent sembler ridicules. Ils le sont. Mais ils expriment exactement ce que désire le patronat français et l’orientation qu’entend donner le gouvernement à toutes les réformes qu’il entreprend de la législation du travail et des droits sociaux.

À l’heure d’aujourd’hui, le patronat ne tient pas à embaucher une Marine Le Pen et ses éventuels gros bras pour endiguer le mouvement ouvrier, au risque de déclencher en retour trop d’explosions sociales. D’où l’appel lancé par le Medef, en décembre dernier, à ne pas voter pour le Front national.

Il serait, de leur point de vue, tellement plus efficace d’encadrer les travailleurs par des appareils syndicaux leur prêchant la défense de « leurs entreprises », au nom de « l’emploi ». C’est déjà en grande partie le cas du syndicalisme actuel, quoi qu’en dise Le Guen. Mais c’est déjà moins vrai au niveau des syndicalistes du rang. De toute façon quand la colère ouvrière explose, elle sait bien faire voler en éclat toutes ces barrières et s’organiser elle-même au delà des carcans syndicaux.

O.B.

Mots-clés Politique , Syndicats