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Après le 32e congrès : les militants PCF entre deux vides

samedi 17 mai 2003

Depuis la déroute de Robert Hue aux élections présidentielles de 2002, le PCF cherche désespérément les nouvelles voies qui lui permettront de ne pas disparaître complètement du paysage politique. Pourtant après des mois de discussions dans le parti, le 32e congrès, réuni du 3 au 6 avril dernier, s’est finalement soldé par la victoire des partisans de Marie-George Buffet et Robert Hue qui n’offrent comme perspective que la remise en selle des alliances électorales avec le PS.

L’œil rivé sur l’horizon électoral

Lors de la discussion préparatoire au congrès le texte des « orthodoxes », emmenés par Jean-Claude Danglot, le dirigeant de la fédération du Pas-de-Calais, auxquels s’est finalement ralliée la Gauche communiste de Jean-Jacques Karman, et celui des « conservateurs », des anciens proches de Georges Marchais, avaient recueilli respectivement 23,6 % et 21,4 % des voix. Et le score du texte présenté par la direction sortante, 55 %, aurait pu être moindre encore si le courant « refondateur », emmené notamment par le maire de Saint-Denis, Patrick Braouzec, avait présenté aussi le sien. Ce qui est remarquable pourtant c’est que tous ces courants n’ont jamais réellement placé la bataille que sur le terrain électoral. Quand les premiers refusent les alliances avec le PS ou parlent de redonner un cours « révolutionnaire » au PC c’est pour défendre l’autonomie du parti… aux élections (et accessoirement pour contrer la menace grandissante de l’extrême gauche). Quand les refondateurs proposent l’ouverture du parti à d’autres formations, notamment les courants altermondialistes, voire même à la LCR, c’est pour préparer… les élections. Or, sur ce seul terrain, il faut bien l’avouer, c’est encore du côté de l’alliance avec le PS que le PCF garde ses meilleures chances. D’où le succès final de la direction sortante, symbolisé par la présentation d’une liste unique au moment de la désignation du Conseil national du parti, même si après moult tractations de couloirs, certains conservateurs comme Maxime Gremetz ont été écartés.

Il faut beaucoup de courage pour aller jusqu’au bout de la lecture du texte finalement adopté par le congrès et intitulé « Communisme, écrire ensemble une page nouvelle »… Un délégué a ironisé sur « des phrases tellement alambiquées que tout le monde croit s’y retrouver ». Plus de 2000 amendements ont été discutés et la direction a accepté de nombreuses modifications à son texte pour tenter d’amadouer les opposants. Le résultat reste pourtant que, en matière d’orientation, derrière les formules creuses du style « dépassement du capitalisme », couronnées par l’hommage rendu à Chirac pour ses positions « anti-guerre », c’est le néant total ! En tous cas toutes ces manœuvres n’ont pas suffit à faire taire toutes les oppositions, puisque le texte n’a été voté que par 81 % des délégués. Certains d’entre eux n’ont donc été ni dupes ni satisfaits.

Des militants à la dérive

Ces 769 délégués au Congrès n’étaient d’ailleurs les élus que de 30 % des adhérents (sur les 133 767 adhérents enregistrés au 31 décembre 2002, seuls 42 782 ont pris part au vote sur les trois textes concurrents). Certes ces chiffres peuvent s’interpréter de plusieurs façons. D’abord le nombre réel d’adhérents est peut-être bien en-dessous de celui fourni par la direction. Mais, si ce n’est pas la seule explication, cela signifie alors soit que l’on peut être aujourd’hui formellement adhérent au PCF sans plus du tout se préoccuper de sa vie interne et de sa politique, soit, pour ceux qui lui restent attachés, les militants justement, qu’aucune des orientations proposées ne correspondait à leurs attentes. Des chiffres de toutes façons révélateurs de la décomposition de ce parti.

Cette décomposition, certes, a enlevé des forces militantes à la classe ouvrière. Mais elle aurait pu en libérer si l’extrême gauche avait su, ces dernières années, élaborer une politique et la proposer au PCF et à ses militants. Et une politique qui soit une politique d’intervention sur les terrains sociaux, sur les problèmes des travailleurs et des classes populaires. Car pour attirer des militants découragés ou déboussolés, ou leur redonner quelques perspectives politiques, il ne peut suffire de courtiser tel ou tel bout du PCF (pour la LCR les rénovateurs, pour le PT les conservateurs), ni d’exhorter celui-ci, s’il veut retrouver des forces, à reprendre une politique un peu plus radicale, comme souvent se contente de le faire LO.

La Fraction a proposé, il y a déjà quelques mois, que LO et la LCR entreprennent une campagne politique en direction du mouvement ouvrier, y compris et d’abord du PCF, sur les attaques patronales et gouvernementales que tous voyaient venir. La proposer n’aurait certes sans doute pas suffi pour entraîner le PCF, ni d’autres, mais la mener, même avec les seules forces de l’extrême gauche, aurait sans doute permis de placer celle-ci en une meilleure position, alors que ces attaques tombent en rafale sur le monde du travail, et d’obtenir un peu plus d’attention de la part des militants PCF qui ressentent la nécessité d’une riposte, peut-être même d’en entraîner certains aujourd’hui. Les révolutionnaires ne gagneront les militants communistes du PCF ni en les plaignant ni en ricanant sur le triste sort de leur parti, mais en leur proposant l’action commune.

Marie DARWEN

Mots-clés PCF , Politique