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Cherbourg : Alain Hébert, militant CGT, condamné pour l’exemple

samedi 5 octobre 2002

C’est pour avoir protesté contre la fermeture de l’hôpital maritime qu’Alain Hébert, secrétaire de l’Union Locale CGT, a été condamné le 25 juillet dernier à un mois de prison ferme et cinq avec sursis par le tribunal correctionnel de Cherbourg.

A Cherbourg, il y avait deux hôpitaux : un civil, l’hôpital Pasteur, et un militaire, l’hôpital maritime René Le Bas, dans lequel la population civile pouvait également venir consulter et se faire soigner. Ces deux hôpitaux étaient déjà insuffisants pour accueillir l’ensemble des malades. Cependant, dans le cadre de la restructuration des armées, Bernard Kouchner lui-même était venu à Cherbourg annoncer l’arrêt de l’hôpital maritime. Ce qui, bien sûr, a entraîné de graves problèmes de santé sur la ville : manque de lits, d’effectifs, attentes interminables aux urgences, malades devant être transférés jusqu’au CHU de Caen dans certains cas.

La population a été indignée par le projet de fermeture et a manifesté son opposition à plusieurs reprises. La veille de la fermeture, l’état-major des armées a pourtant voulu fêter le bon travail accompli par son hôpital. Il a organisé le 26 juin, dans les locaux de l’hôpital, une petite sauterie vécue par tous comme une provocation.

Une provocation

C’est précisément lors de la manifestation organisée ce jour-là qu’Alain Hébert a été accusé d’avoir frappé un des gendarmes maritimes présents. En fait les irrégularités flagrantes tout au long de la procédure prouvent qu’il s’agissait de rien d’autre que de faire un exemple.

Le 3 juillet, Alain Hébert, convoqué au commissariat comme témoin, a été immédiatement accusé de coups et blessures sur dépositaire de l’autorité publique, et mis en garde à vue. On le menaçait même de comparution devant le juge pour l’après-midi même. Devant l’indignation générale, le procès a finalement été reporté au 19 juillet, en pleine période estivale ! A l’audience, le Parquet a considéré l’accusé comme coupable dès le début, malgré 39 témoignages en sa faveur établissant clairement qu’il n’avait pas pu frapper le gendarme, allant jusqu’à les qualifier de « vrais-faux témoins ». La défense n’a pas manqué de souligner les incohérences entre les versions des différents gendarmes. L’un d’entre eux a d’ailleurs estimé qu’il était normal pour un gendarme d’être un peu chahuté dans une manifestation, et qu’il n’y avait pas matière à faire un procès !

Un collectif regroupant le milieu syndical, associatif et politique s’est donc constitué, multipliant les occasions de manifester son soutien à Alain Hébert. Ses mots d’ordre : « Non à la répression syndicale ! » et « La relaxe ». Un comité de soutien a vu le jour, comptant actuellement plus de 2000 noms, regroupant de nombreuses personnalités politiques, syndicales et associatives dont notamment Marie-George Buffet, Arlette Laguiller et Alain Krivine. Rassemblements et manifestations se sont multipliés : lors des contrôles judiciaires auxquels Alain Hébert a été contraint deux fois par semaine avant son procès, le jour même du procès où 700 personnes se sont déplacées au moment du verdict, et pour un méchoui de la solidarité organisé par la section CGT des retraités de l’Arsenal et qui a réuni plus de 300 personnes.

Après les incarcérations de José Bové ou Ahmed Meghini, la condamnation d’Alain Hébert a bien été perçue par toute une partie de la population comme une tentative d’intimider les militants qui osent protester contre la politique anti-ouvrière du gouvernement et les mauvais coups patronaux. Aujourd’hui, en ce qui concerne la santé, demain pour les retraites ou l’emploi.

En attendant l’appel qui aura lieu à Caen, occasion d’un rassemblement le plus large possible, une journée des libertés est prévue à Cherbourg le 26 octobre prochain. L’amplification de la mobilisation autour de cette affaire sera déterminante pour étouffer les tentatives de répression à l’encontre des syndicalistes qui assument leur tâche d’organiser les justes protestations de la population.

Cherbourg, le 25 septembre 2002,

S.B.

Mots-clés Politique , Répression