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Bosch-ELM Leblanc (Drancy, 93) : les 35 heures pour couvrir les licenciements ?

vendredi 1er octobre 1999

C’est fin mai que la direction de l’entreprise ELM Leblanc de Drancy (Seine-Saint-Denis) a annoncé son intention de licencier 367 travailleurs, soit un tiers de l’effectif de l’entreprise.

Cette usine qui fabrique des chaudières murales à gaz a été rachetée par le groupe Bosch il y a trois ans. Le groupe a surtout racheté ainsi un tiers du marché français des chaudières et chauffe-eau (partagé entre ELM, Saulniers-Duval et Chaffoteau-Maury), mais il entend réorganiser sa production entre ses diverses usines d’Europe. La production des chauffe-bains a été arrêtée à Drancy, remplacée par la production de l’usine de Bosch au Portugal, et une partie des pièces des chaudières ELM viennent maintenant d’Allemagne. Et Bosch entend aujourd’hui fermer toute une partie de son usine de Seine-Saint-Denis pour faire faire notamment la partie cuivre (les corps de chauffe) des chaudières dans sa nouvelle usine de Turquie où la main d’œuvre lui revient à 20,09 F de l’heure, contre 132,93 ici, toutes charges comprises.

Après l’annonce du projet de licenciements, les travailleurs d’ELM ont manifesté en juin et juillet à plusieurs reprises, en se rassemblant le jour de la réunion du CE, en manifestant dans les rues de Drancy ou devant la préfecture de Bobigny, et aussi en allant rendre visite au deux autres usines Bosch de Seine-Saint-Denis, l’ancienne usine de freins Bendix de Drancy et l’usine Bosch de Saint-Ouen. Cela a permis d’alerter quelque peu l’opinion publique sur le problème de ces licenciements, et a perturbé le calendrier de la direction qui aurait voulu grosso-modo boucler l’affaire avant les congés.

Du bon usage patronal des accords « défensifs »

D’autant qu’avant même de proposer, comme elle devra le faire, un projet de plan social la direction aurait voulu entamer des négociations sur les 35 heures, afin d’obtenir des syndicats un de ces accords surnommés « défensifs » dans le jargon du gouvernement. En clair il s’agissait pour la direction d’empocher les primes de la loi Aubry et d’obtenir la flexibilité pour ceux qui resteront à l’usine en faisant un peu moins de licenciements qu’annoncé initialement. Mais elle est tombée sur un bec : les quatre syndicats CGT, CFDT, FO et CFTC ont refusé de participer à de tels marchandages par une déclaration commune, affirmant que pour eux la réduction du temps de travail devait permettre de créer des emplois et non d’en supprimer. Et le chantage de la direction affichant alors dans l’entreprise une note disant que les syndicats allaient être responsables d’une partie des licenciements n’a évidemment pas marché.

Au retour des vacances la direction a tenté de diviser les syndicats : après avoir porté plainte contre le secrétaire du CE (FO) pour avoir fait reporter une réunion sur les licenciements, elle l’a retiré mais en demandant la signature d’un calendrier des réunions légalement prévues dans une procédure de licenciements collectifs, à l’ordre du jour desquels bien entendu elle entend remettre la discussion de 35 heures. La CGT a été le seul syndicat à refuser de signer.

Mais cette petite manœuvre ne change pas grand chose. Le problème pour les travailleurs d’ELM est évidemment de reprendre la lutte engagée avant l’été, de se manifester le plus possible, et de se donner le plus de force possible en trouvant des alliés auprès des travailleurs des autres entreprises de la région et des autres entreprises du groupe Bosch, et en liant leur lutte à celles des autres entreprises menacées d’un plan de licenciement.

En cette rentrée, avec de nouveaux plans de restructuration et de réduction d’effectifs qui tombent de tous les côtés, faire que la lutte contre les licenciements dépasse un cadre isolé, entreprise par entreprise, fait partie de cette offensive d’ensemble de la classe ouvrière à préparer pour donner un coup d’arrêt à la politique patronale.

11 septembre 1999, S.L.

Mots-clés 35 heures , Entreprises , Licenciements