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ELM-Leblanc (groupe Bosch) : Six mois de lutte contre les licenciements

mardi 1er février 2000

La lutte contre les licenciements à ELM-Leblanc, usine de chaudières à gaz située à Drancy et Bobigny, appartenant au groupe Bosch, commencée au mois de mai, arrive aujourd’hui à sa fin. La direction avait annoncé 367 licenciements, sur un effectif de 1067. Elle en prévoyait de fait 45 à 50 de moins au titre des emplois « sauvegardés » en cas d’accord sur les 35 heures.

Il devrait y avoir finalement 297 licenciés, la direction ayant porté à 70 le nombre de ces emplois pour arracher la signature de trois des syndicats de l’entreprise, FO, CFDT et CFTC. La CGT, elle, a maintenu son refus de signer un accord qui comporte la flexibilité et une clause de blocage des salaires sur deux ans.

103 travailleurs partiront en FNE. Une vingtaine d’autres ont demandé une mesure de reconversion et à peu près autant devraient être reclassés dans le service après-vente. Il y aura donc environ 150 licenciements secs.

La liaison manquée avec les autres usines

Au printemps, dès l’annonce des licenciements nous avons tenté de nous adresser aux travailleurs d’autres entreprises du secteur, en rendant visite aux autres sites Bosch de Drancy et Saint-Ouen, Alsthom de la Courneuve, l’Hôpital Avicenne ou les employés communaux de Bobigny, ou à toute la population par des diffusions de tracts sur les marchés. La direction était si pressée d’en finir avant les vacances, qu’elle avait tenté d’y aller au bluff en convoquant un Comité d’Entreprise sans même respecter les règles. Mal lui en a pris, et tout a été reporté en septembre.

A la rentrée chaque fois que nous sommes allés manifester ou diffuser des tracts l’accueil était particulièrement chaleureux. Les mairies de Drancy et de Bobigny, à majorité PCF, qui au printemps s’étaient contentées de déclarations de soutien, ont même appelé à une manifestation locale. C’était dans la foulée de la manifestation du 16 octobre. Elles se sont arrêtées là.

Voisines de la nôtre, deux autres grosses entreprises, Hœchst-Marion-Roussel à Romainville et Alsthom à La Courneuve, connaissent elles aussi des menaces sur l’emploi. Se retrouver ensemble contre les licenciements aurait donné plus de force à tous et dans les trois entreprises les militants de Lutte Ouvrière ont avancé cette idée.

Mais aux difficultés objectives, liées au fait que la mobilisation n’en était pas à la même étape qu’à ELM, s’en est ajoutée une autre : la plupart des autres militants syndicaux des deux autres usines, inclus ceux qui sont au PCF, préféraient le chacun dans son entreprise, chacun dans sa commune.

L’intervention de l’ensemble des travailleurs

A ELM-Leblanc même, le plus gros coup de colère a éclaté dés l’annonce du contenu du plan social qui prévoyait notamment une prime complémentaire de licenciement d’un montant dérisoire, 2000 F par année d’ancienneté, et rien pour ceux qui partiraient en FNE. Le patron s’est retrouvé bloqué toute la journée au milieu de quelques 300 ouvriers qui avaient envahi la salle de réunion du Comité d’entreprise. Nous l’avons vu alors en quelques heures monter la prime à 4 000 F, puis 5 000 F, puis 10 000 F. Et même à 15 000 F quand nous avons récidivé quelques jours plus tard.

Il n’y a dès lors plus eu de réunion de CE où les travailleurs eux-mêmes n’aient à nouveau fait irruption dans la salle au grand dam de la direction.

Mais pour annuler les licenciements il ne pouvait suffire de faire peur au directeur local. Il aurait fallu que le gouvernement, d’autres patrons, les dirigeants du trust Bosch eux-mêmes craignent des débordements de colère et l’extension de la lutte. Cela ne nous a pas été possible.

A la fin de la procédure légale de consultation, le 2 décembre, la direction a diffusé un modèle de lettre de demande volontaire de départ en licenciement économique.

« Volontaire » ? C’est beaucoup dire, après six mois de lutte contre les licenciements. Mais tout le monde avait fait ses comptes en fonction de sa situation, son âge ou son ancienneté. Une partie d’entre nous pensait que mieux valait encore s’en aller avec les indemnités que rester dans une usine dont l’avenir est rien moins que garanti. Si bien que la direction a eu plus de 150 « volontaires ».

Un problème reste pourtant : dans les secteurs de production seuls des « volontaires » ont donc été mis sur les listes ; mais ce n’est pas le cas parmi les « indirects » (magasin, entretien, outillage) où la direction n’avait pas son compte de volontaires.

Le 30 décembre 1999, L.S.

Mots-clés Entreprises , Licenciements