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Elections européennes

mardi 22 avril 2014

Dommage !

Nous publions ci-dessous une contribution de la Fraction l’Étincelle, datant du 7 avril, en faveur de listes anticapitalistes révolutionnaires aux prochaines européennes, soumise à la discussion dans le NPA.

Ce texte est aujourd’hui caduc, cette orientation n’a pas été retenue par le Conseil politique national.

Tandis que PG et PC se sont rabibochés dans leur Front de gauche après quelque inconduite du PC qui avait estimé plus payant (ce qui en fait n’a guère été le cas, mais tant pis pour lui) dans les municipales de se mettre à la colle avec Hollande plutôt qu’avec Mélenchon, aucun rapprochement ne s’est fait à l’extrême gauche – c’est-à-dire entre Lutte ouvrière et le Nouveau parti anticapitaliste.

Ces deux courants, par-delà leurs différences d’objectifs immédiats et de méthodes, préservent pourtant le capital politique précieux de ne pas prôner la « révolution par les urnes », de ne pas laisser croire aux travailleurs que leur sort pourrait changer par un bulletin de vote, et d’avancer un programme de lutte d’ensemble, sur un terrain de classe. Programme auquel ils n’auraient pas été en peine, ensemble, d’ajouter pour ces européennes leur dénonciation de tous les mensonges nationalistes de gauche comme de droite.

Il y avait une base essentielle pour s’entendre, l’opportunité dans le contexte difficile d’attaques patronales et gouvernementales redoublées d’offrir aux travailleurs des candidatures communes de colère et d’espoir révolutionnaire. Les scores de l’extrême gauche aux municipales n’ont pas été si ridicules. Parfois même inattendus dans les rares villes où la colère ouvrière n’avait que ce bulletin à sa disposition.

Mais Lutte ouvrière n’a donné aucune suite à la proposition du NPA. Et celui-ci, dans la réalité, en s’étant adressé sans distinction à des révolutionnaires comme à des notables réformistes, a privilégié ces derniers (en déclinant dans sa lettre un programme flou susceptible de séduire le le Front de gauche, même si là encore c’est raté !), fournissant à LO une mauvaise excuse pour son sectarisme.

Les élections ne sont que des épiphénomènes dans la lutte de classe… et pourtant des occasions. Ce qui suppose à chaque fois, non seulement de faire l’effort militant et financier d’être le plus largement présents, mais de réfléchir à la meilleure façon de l’être, pas pour sa boutique mais pour l’intérêt des travailleurs. Question certes perfide : LO n’a pas craint aux municipales de 2008 de présenter largement des camarades sur les listes du Parti socialiste pour gagner (sans réussir là encore) des postes de conseillers municipaux ; ne pouvait-elle pas cette fois courir la chance d’avoir avec le NPA quelques députés européens ? Et surtout de mener une campagne commune, par laquelle l’extrême gauche offrirait aux travailleurs un élément d’espoir ?

Mais non. LO vit sa vie, étriquée, dans son coin, insoucieuse de tout ce qui n’est pas elle-même. Et le NPA, au lendemain de la journée du 12 avril, est tout à son bonheur d’avoir défilé aux côtés de travailleurs et militants syndicaux hostiles au pacte de responsabilité gouvernemental, certes, mais au coude à coude avec des responsables politiques ou syndicaux du Front de gauche qui se sont davantage opposés aux luttes contre cette politique qu’ils ne les ont aidées. Et dont les chefs militent pour retrouver ce à quoi leurs partis ont goûté dans le passé : des postes de ministres.

Pour l’extrême gauche en tout cas, une fugace mais nouvelle occasion ratée !

14 avril 2014, Michèle VERDIER


Pour des listes anticapitalistes révolutionnaires aux européennes

Les prochaines élections européennes sont une opportunité pour l’extrême gauche et donc notre parti. Le NPA doit la saisir et proposer à LO et aux autres organisations révolutionnaires des listes et une campagne commune sur toutes les circonscriptions.

Les leçons des municipales

Aux municipales nous avons été quasiment absents de la scène politique et médiatique. De bonnes campagnes dans quelques villes, voire des résultats corrects en termes de voix ou de pourcentage n’y ont rien fait. Notre disparition a des raisons objectives : les municipales par principe ne sont pas un terrain propice pour des partis faiblement implantés. Mais ce ne doit pas être une excuse pour sous-estimer maintenant les possibilités que la colère envers le gouvernement et sa politique offre aux interventions et campagnes politiques de l’extrême gauche.

Les européennes sont au contraire, après les présidentielles, les élections les plus favorables pour des courants politiques minoritaires. Par le passé LO et la LCR ont su profiter d’un mode de scrutin favorable (de moins en moins d’ailleurs) pour apparaître sur la scène politique à des moments où le mécontentement poussait des travailleurs à prêter l’oreille aux tenants de la lutte de classe. Or les résultats des municipales et l’accueil favorable que nous avons reçu sur le terrain semblent indiquer que nous pourrions bien être dans un de ces moments.

Le gouvernement de gauche, auquel nous sommes radicalement opposés, et les partis et hommes et femmes politiques qui le soutiennent ont reçu une claque magistrale. De plus c’est dans les milieux populaires et ouvriers, notre camp social, qu’elle a été le plus fortement administrée par une forte abstention, abstention qui, dans ces milieux, visait également la droite. Le succès apparent de celle-ci, dont elle se gargarise, ne doit pas impressionner. Il est dû au retour au bercail d’une partie de ses électeurs traditionnels, mais surtout à la dégringolade de la gauche abandonnée par les siens qui ont boudé les urnes ou porté, pour certains, leurs voix sur les candidats du Front national.

Reste que l’influence du FN dans les milieux populaires et ouvriers, faute d’alternative ou parce que certains sont sensibles à ses discours réactionnaires, ne peut qu’en sortir grandie. La politique de Marine Le Pen depuis un bon moment comme celles des maires FN à la suite de leur récente élection sont sans ambiguïté : le FN n’a aujourd’hui qu’un but, s’institutionnaliser, s’intégrer dans les jeux politiciens du régime. Pour l’heure, il ne s’agit pas d’un danger fasciste. Ces travailleurs, chômeurs ou retraités qui ont abandonné la gauche pour l’extrême droite n’auront sans doute servi qu’à mettre en place un nouveau parti bourgeois, certes encore plus réactionnaire, mais pas fondamentalement d’une autre nature que l’UMP ou le PS. Notons d’ailleurs que la droite comme la gauche gouvernementale, Valls en tête, n’hésitent pas à reprendre les thèmes anti-immigrés et sécuritaires du FN, et à appliquer au moins une partie de sa politique revendiquée.

Lutte de classe, internationalisme, indépendance de la gauche

Ce geste anti-électoral et protestataire des couches populaires visait à sanctionner la politique antipopulaire et anti-ouvrière du gouvernement de gauche.

Comment pouvons-nous donc offrir à ceux qui l’ont fait, comme à l’ensemble du monde du travail, d’autres perspectives que de s’abstenir ou de soutenir la carrière des notables du FN ? Bien entendu, seules des luttes ou des batailles politiques d’une autre ampleur que ces prochaines élections européennes en sont capables. Pourtant celles-ci nous offrent une occasion d’esquisser ces perspectives et cette alternative. Et une occasion d’affirmer l’existence politique du mouvement révolutionnaire. L’occasion est limitée certes, mais pas négligeable. Ne la laissons pas passer.

Pour cela le NPA doit prendre l’initiative de proposer à LO de présenter des listes et mener une campagne en commun.

Pas seulement à LO mais à LO en premier lieu, parce qu’il est évident que la mise en commun des ressources militantes et financières des deux organisations permettrait de multiplier l’impact de la campagne et l’apparition de l’extrême gauche auprès du monde du travail. C’est de l’intérêt de LO comme du NPA, comme des autres groupes d’extrême gauche qui participeraient. Sans parler des retombées de résultats alors possibles (rappelons que 3 % des suffrages peuvent ouvrir droit à un remboursement de frais de campagne et 5 % au partage des sièges).

À LO enfin parce que, malgré les divergences, dans le contexte social et politique actuel, ce parti est susceptible de trouver avec le NPA les bases essentielles d’une éventuelle campagne commune du mouvement révolutionnaire et anticapitaliste.

1) Refus de toute alliance avec la gauche gouvernementale et ses alliés, passés, présents ou potentiels. Changements dans le gouvernement ou pas, celui-ci va poursuivre la même politique, sans doute encore plus à droite et plus favorable à la bourgeoisie, aux riches et aux capitalistes, comme l’annoncent les premières déclarations de Hollande, Valls et consorts. L’extrême gauche doit être encore plus clairement sans attache avec ceux qui ont partagé la responsabilité de cette politique comme EELV ou se sont portés candidats à la partager, Front de gauche, PCF, Parti de gauche. Avec certains de ceux-là – qui aujourd’hui prennent quelques distances avec le PS, mais pour combien de temps – nous pouvons nous retrouver dans les luttes, dans la rue ou dans les grèves, quand ils y sont, pas dans ces élections tant nos buts politiques sont opposés.

2) Programme sur des objectifs par lesquels le monde du travail dans son ensemble pourrait reprendre l’offensive et, en les imposant, commencer à faire payer les conséquences de leur crise aux capitalistes eux-mêmes : lutte contre le chômage par l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous sans diminution de salaire, défense du niveau de vie par une augmentation immédiate des salaires, pensions et indemnités et l’instauration d’une échelle mobile de tous ceux-là ; contrôle ouvrier pour assurer la réalisation et la pérennité des acquis sociaux et politiques éventuels. Un programme qui peut être celui d’un mouvement d’ensemble aussi bien national qu’européen.

3) Défense de l’internationalisme et refus du moindre relent d’anti-européanisme à un moment où des chantres du protectionnisme, de l’extrême droite à la gauche de la gauche, nous vantent les mérites d’un repli derrière des frontières nationales surannées. Les mots d’ordre des États-Unis socialistes d’Europe, d’une Europe des travailleurs, doivent indiquer sans ambiguïté que le progrès pour l’Humanité comme pour les Européens, c’est l’abolition des frontières non leur fermeture.

Nous connaissons bien sûr les difficultés à rassembler l’extrême gauche anticapitaliste révolutionnaire, même autour de positions partagées et d’une tâche minimum qui seraient de l’intérêt de tous. Le passé nous l’a trop souvent montré. Pourtant, aujourd’hui, il nous semble essentiel d’adresser une nouvelle fois cette proposition à LO comme à l’ensemble des organisations révolutionnaires. De toute manière, si nous échouons à mettre sur pied cette alliance, le NPA n’aura pas d’autre choix que de tenter cette campagne seul, c’est-à-dire avec plus d’efforts et moins de chance d’avoir quelque succès. N’envisageons-nous pas déjà de nous présenter seulement dans 4 ou 5 des 7 circonscriptions, ce qui est d’avance accepter de réduire l’impact de notre campagne ?

Lundi 7 avril 2014

Aurélien (Paris), Christian (78), Clément (92), Florès (93), Hervé (91), Isabelle (Strasbourg), Marie (Strasbourg), Zara (Paris), membres du CPN (titulaires et suppléants), de la Fraction l’Étincelle.

Mots-clés Elections , NPA , Politique