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Bangui chéri !

mardi 14 janvier 2014

Les intérêts directs actuels des capitalistes français en Centrafrique sont relativement limités et ne sont pas la raison principale de l’intervention militaire. L’enjeu est bien plus celui du contrôle de l’ensemble de la région, pour la défense d’intérêts plus importants dans les pays voisins, Tchad, Cameroun et, bien sûr, Niger avec ses mines d’uranium. Mais la France a toujours gardé le contrôle de la Centrafrique depuis son accession à l’indépendance en 1960, y faisant et défaisant les dictateurs successifs. Son contrôle du pays lui a permis d’en faire une sorte de « porte-avions » terrestre pour ses troupes, lui permettant d’intervenir rapidement dans d’anciennes colonies où elle n’entretient pas de bases militaires.

Cela ne veut pas dire que le pays soit dépourvu de richesses, que les trusts français n’y fassent pas leur beurre et ne lorgnent pas sur des possibilités minières pour demain.

Les échanges commerciaux entre la France et la Centrafrique restent modestes : 50 millions d’euros environ par an, ce qui est peu comparé par exemple aux 800 millions d’euros pour le seul Gabon. Néanmoins la France contrôle aujourd’hui l’essentiel de l’économie centrafricaine. Bolloré détient la logistique du port de Bangui et le transport fluvial. Castel règne sur le marché des boissons et du sucre. CFAO (anciennement Compagnie française de l’Afrique occidentale) contrôle le marché des véhicules. France Telecom, depuis 2007, du marché des télécommunications. Total partage avec la société camerounaise Tradex le stockage et la commercialisation du pétrole. Sans oublier Areva, qui en est à une phase de prospection d’uranium dans le sous-sol du pays.

Ce n’est donc pas un hasard si, depuis l’arrivée au pouvoir de Djotodia en mars 2013, on a assisté à un ballet de visites d’hommes d’affaires et de lobbyistes français venus sonder les successeurs de Bozizé : Claude Guéant, Jean-Christophe Mitterrand, l’homme d’affaires Richard Atias, Laurent Fouchier (collaborateur du groupe pétrolier français Maurel et Prom). « Derrière Guéant, il y a des intérêts pétroliers et diamantifères, analyse un ancien ministre centrafricain. Il peut négocier de nouveaux permis en échange d’une assistance sécuritaire à Djotodia, qui cherche à acquérir du matériel d’écoute et de surveillance », commentait Jeune Afrique le 5 juillet dernier. Toujours la Françafrique !

Georges RIVIERE

Mots-clés Afrique , Centrafrique , Impérialisme , Monde
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