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Chères frontières !

samedi 16 novembre 2013

L’agence européenne Frontex, dont le siège est à Varsovie, chargée de surveiller les frontières de l’espace Schengen (qui regroupe l’Union européenne sauf l’Irlande et la Grande-Bretagne, mais plus la Suisse, la Norvège et l’Islande) a vu son budget multiplié par cinq depuis sa création en 2004. Il a atteint en 2012 le montant de 85 millions d’euros après une pointe à 118 millions l’année précédente, lorsque l’absence de contrôle de l’autre côté de la Méditerranée, par suite de la révolution tunisienne puis de la guerre de Libye, avait facilité les exodes. Et encore s’agit-il essentiellement des frais de fonctionnement, le gros du matériel, navires, avions… étant prêté par les États membres. Même si, depuis 2011, l’agence commence à acheter son propre matériel ou à le louer en crédit-bail.

2011 a été aussi l’année record des morts en Méditerranée, avec plus de 2 000 victimes de naufrages. Mais les navires, les avions de surveillance et aujourd’hui les drones de l’agence de bouclage des frontières européennes ne sont pas là pour sauver les naufragés mais pour empêcher les bateaux de passeurs d’accoster. Pire, toute aide à un immigrant pour passer la frontière peut être considérée comme un crime. De quoi inciter les bateaux de pêche à tourner la tête à la vue d’une embarcation surchargée et en péril… pour se concentrer sur les thons.

« On rencontre aussi Frontex dans les foires et les salons où les professionnels de l’armement, de l’aéronautique et des technologies avancées exposent leur matériel, et son directeur participe régulièrement à des colloques et séminaires qui réunissent militaires et policiers, industriels, ainsi que représentants des ministères concernés et des institutions européennes » écrit Claire Rodier, juriste au Gisti (un groupe d’aide juridique aux immigrés, voir notre article « Préjugés sans frontières ») dans son livre Xénophobie business, à quoi servent les contrôles migratoires ?. [1]

Au lendemain de la catastrophe de Lampedusa, notre ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a saisi l’occasion pour déclarer à l’Assemblée nationale qu’il jugeait le budget de Frontex « insuffisant ». Pour la relance de l’industrie française de défense ?

O. B.


[1Publié en octobre 2012 aux éditions La découverte.

Mots-clés Europe , Frontières , Immigrés , Monde